nexus4 a écrit:Poivet a inspiré Arzach, s’il vous plaît.
C'est de notoriété publique, en effet.
Blackfrag a écrit:Je pense que de Gillon, le plus connu doit être "La survivante" non ? en tout cas j'ai découvert par cette série à l'époque. Poïvet je ne connaissais pas.
Je ne pense pas, dans la durée, que "La Survivante" soit l'œuvre qui ait le plus marqué le lectorat considérable réuni par Gillon au cours de sa longue carrière. Même si, à l'époque de sa parution, "La Survivante" fut un best seller, incontestablement. Mais d'autres œuvres ont tout autant, si ce n'est davantage, fait leur place dans l'imaginaire et la mémoire des lecteurs.
Gillon s'est d'abord imposé, dans les années 50, auprès du vaste lectorat du journal Vaillant, avec "Fils de Chine", BD fleuve, par sa pagination
(un véritable Yang Tse Kiang) à la gloire d'une certaine épopée du Grand Timonier.
Ensuite, par un strip quotidien dans France-Soir, "13 rue de l'Espoir". Là, on parle d'un journal à très fort tirage. Même si tous les lecteurs de ce canard ne lisaient pas les bandes dessinées, je peux assurer que certains strips ont marqué du monde. Notamment par le fait que le strip est paru durant une douzaine d'années. Et dans une feuille qui, sous la houlette de Pierre Lazareff, atteindra son apogée en flirtant avec le million d'exemplaires
(dopé par la guerre d'Indo, à partir de 1953) Excusez du peu !
Enfin, Gillon connut aussi un grand succès avec la série de SF initiée par Jean-Claude Forest, le créateur de Barbarella, au scénario, puis reprise par Gillon seul, "Les Naufragés du temps". Les premiers albums furent édités en cartonnés chez Hachette au début des années 70, puis tout fut repris avec des inédits, aux Humanos Associés dans la seconde moitié des 70's, avec des tirages conséquents.
Et encore réédité, avec de nouvelles couleurs dont je préfère ne pas parler, n'ayant pas cédé à la tentation de racheter les albums malgré leur format plus valorisant pour le travail de GIllon. Mais ces couleurs, bof, quoi !
Raymond Poïvet
(Hello, Genug ! A une époque pas si vieille, on pouvait acheter en neuf le dvd sur Poïvet pour trois fois rien), Paul Gillon ou Robert Gigi
(des dessinateurs proches et amis) ont tous trois eu leur heure de gloire, que ce soit dans les années 50, 60 ou 70 et 80. Mais la mode n'est plus à mettre en avant ces humbles artisans qui ont pratiquement tous fini dans la dèche.
Fordis fait aujourd'hui un peu de taf patrimonial pour Poïvet
(Lebleu, Pionniers de l'Espérance), Gillon bénéficie périodiquement de relances de l'une ou l'autre de ses séries... Quant à Gigi, il sombre dans l'oubli le plus total. Ne parlons pas des Lucien Nortier, Christian Gaty, Pierre Le Guen, etc... Tous ces auteurs talentueux se retrouvaient à l'Atelier 63 de Raymond Poïvet
(où défileront tous les futurs grands de Pilote, Uderzo, Giraud, Druillet, Forest, etc... avides d'apprendre des trucs du métier, de parler technique...). Il faut signaler que tous ces proches de Poïvet
(Gigi, Gaty, Nortier, Le Guen, Forest, etc...) ont aussi bien travaillé pour Vaillant-Pif que pour Pilote, seul Gillon n'ayant pas mis un pied à Pilote. Pratiquement aucun n'a publié dans Spirou, ou tout au moins de façon récurrente.
A propos de la vidéo avec Gillon, il en existe une autre (mais je n'ai pas les éléments pour la retrouver) datant de la même époque où Gillon avoue qu'il considère que 90% de la BD contemporaine de l'époque ne présente à ses yeux aucun intérêt.
Ça me conduit à faire un lien avec la musique ou la littérature, où un tri très sélectif doit être opéré. Et ça ne date pas d'aujourd'hui. Ce qui m'amène à faire cette réflexion sur les romans graphiques nombrilistes dont parlait Clovis. En littérature générale, le roman nombriliste est aussi très rarement intéressant. Quelques auteurs ont su tirer leur épingle du jeu, mais ils sont très rares. Au point que même une parfaite maîtrise de la langue et du style ne parviennent pas à compenser la vacuité du propos.
Grand admirateur d'Eisner, je rejoins Olivier_D sur ce qu'il écrit à propos des romans graphiques de cet auteur, et notamment de celui qui est communément admis comme le premier roman graphique. Mais Eisner avait tellement expérimenté et inventé de codes narratifs auparavant, qu'il disposait de tous les atouts dans son jeu pour se lancer dans cette aventure consistant à inventer une nouvelle forme de BD, qui par certains points, se rapprocherait davantage du roman que ne le pouvait l'industrie du comics d'action.