Originaux Manara

[jfmal]

Message précédent :
Le déclic lu avec un regard contemporain, c’est tellement dérangeant…
Dieu sait que je ne donne pas toujours raison aux ultra féministes, mais là et contrairement à ce que tu écris dans ton commentaire, je pense qu’on est vraiment en plein dans la culture du viol
Mis à part ça, le dessin est parfait.

[Tarkey]

Il y a pile poil 40 ans, en Mars 1983, Manara prépubliait cette planche dans le magazine Italien Playmen. Il faudra attendre Octobre pour la découvrir dans l'Echo des Savanes en version "noir et jaune". Certainement quelques émotions pour ceux de ma génération
https://2dg.me/48s7

Bof

No problemo La valeur de cette planche (à me yeux) est à la fois historique, politique et graphique. C'est une clef de voute dans ma modeste accumulation de Manara, une planche qui résume ou condense le phénomène Déclic à son origine

[Tarkey]

@Jfmal, où vois-tu la " culture du viol" dans ce premier opus ? Quelle planche ? Quelle phrase ?

[tzynn]

@Jfmal, où vois-tu la " culture du viol" dans ce premier opus ? Quelle planche ? Quelle phrase ?

Bein tout le bouquin. Je te mets le résumé

Claudia Cristiani est une bourgeoise coincée mais très belle. Mariée à Aléardo Cristiani, un riche avocat adipeux, la jeune femme se montre frigide et réservée, jusqu'au jour où l'étrange docteur Fez la fait enlever pour lui implanter, dans le cerveau, une puce reliée à un émetteur capable de libérer toute son intensité sexuelle (d'où le titre). Au fil de ses mésaventures, Claudia se retrouve dans des situations plus que gênantes sous l'influence de la diabolique machine.

Il n'y a rien qui tilte? Et évite le "Non, mais attends, à la dernière page l'auteur fait un triple salto arrière pour dire que la machine ne fonctionnait en fait pas vraiment vraiment et donc hops pas de souci. "

Je suis tout à fait d'accord avec Jfmal sur le coup

[jfmal]

Toute cette scène au cinéma jusqu'à son dénouement dans les toilettes des hommes est d'une violence totale.
Pour ne pas voir dans la production érotique de Manara (idem pour Serpiéri) qu'on est en plein dans la culture du viol, il faut vraiment avoir des oeillères.

[jdo]

et dans mes souvenirs le 3e opus est pire encore

[Sysy77]

Récemment, j'ai commencé la relecture de l'intégrale du Déclic, après l'avoir laissée de côté depuis plusieurs années...
... Et je n'ai pas pu finir le premier tome !

Finalement, le concept même du bouquin bafoue totalement le consentement de l'héroïne, cela m'a sauté aux yeux cette fois-ci.
La succession de scènettes en devient choquante.
A vrai dire, j'envisage de m'en séparer voire de le bazarder par principe, tellement j'ai été outré.
Je pense hélàs que le parfum de l'invisible serait du même tonneau.

[Tarkey]

Il y a des sujets, comme le sexe ou la politique, qui déchainent les passions
@Jfmal, y-a-t-il des représentations de brutalité acceptables et d'autres non ?
La brutalité est-elle plus acceptable dans un Western (tuer, torturer, gifler, bruler un visage...) que dans une scène de sexe ?

[carbonnieux]

@Jfmal, où vois-tu la " culture du viol" dans ce premier opus ? Quelle planche ? Quelle phrase ?

Bein tout le bouquin. Je te mets le résumé

Claudia Cristiani est une bourgeoise coincée mais très belle. Mariée à Aléardo Cristiani, un riche avocat adipeux, la jeune femme se montre frigide et réservée, jusqu'au jour où l'étrange docteur Fez la fait enlever pour lui implanter, dans le cerveau, une puce reliée à un émetteur capable de libérer toute son intensité sexuelle (d'où le titre). Au fil de ses mésaventures, Claudia se retrouve dans des situations plus que gênantes sous l'influence de la diabolique machine.

Il n'y a rien qui tilte? Et évite le "Non, mais attends, à la dernière page l'auteur fait un triple salto arrière pour dire que la machine ne fonctionnait en fait pas vraiment vraiment et donc hops pas de souci. "

Je suis tout à fait d'accord avec Jfmal sur le coup

Moi également.

Une expo aujourd'hui consacrée à cet album du Déclic , ce serait certainement une cible toute désignée pour une série de mouvements actuels.
Qui oserait même en faire une avec ce genre de matos aujourd'hui et demain ?

[carbonnieux]

Il y a des sujets, comme le sexe ou la politique, qui déchainent les passions
@Jfmal, y-a-t-il des représentations de brutalité acceptables et d'autres non ?
La brutalité est-elle plus acceptable dans un Western (tuer, torturer, gifler, bruler un visage...) que dans une scène de sexe ?

Tu suis l'actualité ou pas ? J'ai l'impression que tu vis dans un monde différent du mien pour ne pas comprendre ce qui se dit sur ce déclic ...

Ce n'est pas QUE du sexe, c'est juste devenu inacceptable aujourd'hui. Ce album légitimise un comportement masculin qui n'a plus sa place aujourd'hui. Tout simplement.

[tzynn]

Et on ne parle même pas de la séquence pédoporn qui a été retirée après les premières publications.

[Tarkey]

Juste une petite clarification avant de répondre ça et là :
Pour ce qui me concerne l'essence du Déclic de Manara se compose des 20 premières pages du premier opus. Cela correspond à la première séquence "citadine" avec sa successions de scénettes "bonheur bourgeois"/"klik"/"scandale". Voilà.. Après Manara navigue à vue et il a d'autres priorités (@tzynn, notamment les scènes avec l'enfant et le chien ont été rajoutées à postériori, voir lien ci-dessous pour des explications)
Je ne m'intéresse donc aucunement aux opus 2, 3 ... réalisés des années plus tard et une fois que l'effet novateur initial sera complètement éventé
https://mes-trucs-en-vrac.blogspot.com/2019/02/manara-la-genese-du-declic-par-limage.html

[fluoxet]

On peut y voir une critique du machisme qui voudrait que l'homme (grâce à un boitier) puisse n'avoir accès qu'à une femme uniquement objet sexuel.
Cette tendance à tout vouloir voir et juger sous un unique prisme simpliste m'afflige.

[Tarkey]

...Une expo aujourd'hui consacrée à cet album du Déclic , ce serait certainement une cible toute désignée pour une série de mouvements actuels...

je suis d'accord avec ça.
Et donc ?
Doit-on tous devenir wokes ?
Le sexe est-il le seul concerné ?
Doit-on se séparer de planches, et BD, qui parlent des peuples premiers sans que leur auteur n'en soit issu ?
Dois-tu bruler tes Blueberry ?
Ou bien peut-on entendre les arguments des auteurs de fatwas et se permettre d'y répondre sans haine et sans crainte ? (mon option préférée à ce stade)

[onehmouninehl]

En ce qui concerne le Déclic... On ne découvre pas à la fin

[Révéler] Spoiler:

qu'il n'y a rien dans la boite ?

Au temps pour la culture du viol.

Ceci dit, je n'aime pas cette série. Pour moi, les maîtres de érotisme sont Crépax et Raviola, et Manara est bien meilleur sur les Giuseppe Bergman et avec Pratt.

[Tarkey]

Je me permets une petite digression sur le thème : la morale d'un jour, Manara, la représentation de la sexualité féminine et la violence faite aux femmes (il me semble que l'on est dans le thème des derniers échanges)

En 78 Manara a publié, dans le magazine (A SUIVRE) des strips dans lesquels l'héroïne se donnait du plaisir tout en discutant au téléphone. A la relecture, l'éditeur (Casterman) a demandé à Manara de censurer cette scène et de la remplacer par une autre pour l'édition de l'album. Manara s'exécute et fait intervenir un père la pudeur qui se déchaine contre l'héroïne, en proie à de vilaines idées, et fini par la trucider, lui coupant la main et lui enfonçant le combiné du téléphone dans la gorge.
Cette seconde version a été jugée recevable et est donc, encore aujourd'hui, la version publiée.

Moralité de l'époque: illustrer le plaisir féminin, non, illustrer le châtiment d'une femme immorale, oui
Ma conclusion personnelle: aujourd'hui, hier et demain, prenons du recul sur les idées à la mode ou les idées dominantes

[jdo]

y a un gars sur 2D qui n'a pas apprécié les commentaires sur le Déclic et sur Manara
Pour se venger il a mis sa collec na !!

[jfmal]

Et c'est du top bon goût!
https://2dg.me/48ul

[Solomon]

Je me permets une petite digression sur le thème : la morale d'un jour, Manara, la représentation de la sexualité féminine et la violence faite aux femmes (il me semble que l'on est dans le thème des derniers échanges)

En 78 Manara a publié, dans le magazine (A SUIVRE) des strips dans lesquels l'héroïne se donnait du plaisir tout en discutant au téléphone. A la relecture, l'éditeur (Casterman) a demandé à Manara de censurer cette scène et de la remplacer par une autre pour l'édition de l'album. Manara s'exécute et fait intervenir un père la pudeur qui se déchaine contre l'héroïne, en proie à de vilaines idées, et fini par la trucider, lui coupant la main et lui enfonçant le combiné du téléphone dans la gorge.
Cette seconde version a été jugée recevable et est donc, encore aujourd'hui, la version publiée.

Moralité de l'époque: illustrer le plaisir féminin, non, illustrer le châtiment d'une femme immorale, oui
Ma conclusion personnelle: aujourd'hui, hier et demain, prenons du recul sur les idées à la mode ou les idées dominantes

En Italie, la strip n'a jamais été censurée. Et l’Italie n’est pas un pays moins puritain que la France, bien au contraire.

Image tirée d'une récente (2015) réédition en couleurs.

[Tarkey]

Il me semble que la censure était moins virulente en Italie. La version du Declic y a toujours été publiée dans son intégralité par exemple, alors qu'elle ne l'est pas en France. Pour Bergman les choses évoluent.. La VF Drugstore a réintégré la séquence initialement supprimée en 83 et a conservé la séquence moraliste. Il y a donc maintenant les deux. Autres temps, autres mœurs

[Solomon]

Non, Le Déclic n'est plus disponible en édition intégrale en Italie, bien qu'il existe des anciennes éditions complètes. D'ailleurs, Manara a toujours dit d'être favorable à la suppression de la séquence "pédopornographique", donc on peut parler d'autocensure.