ubr84 a écrit:Pour moi, cela a déjà été dit plus haut, Peeters nous décrit son processus créatif plus que sa vision du monde.
Oleg n'est pas une BD sur l'état du monde, Oleg est une BD sur comment les idées viennent à un auteur.
Si on le comprends comme ça on ne peut pas le lire comme réactionnaire, c'est faire un contre sens, un hors sujet.
Je ne la réduirai pas qu'à ça non plus même si c'est sans doute le thème central.
Pour moi Oleg est comme un prisme qui diffracte la lumière du personnage pour offrir différentes facettes et angles d'attaque.
Il y a bien sûr Oleg et le processus créatif (recherche, inspiration, partage/confrontation avec le regard externe d'Alix), c'est une part importante qui est surtout plus développée en début d'album, mais qui reste toujours en filigrane du récit jusqu'à la fin. Et le créateur en interaction avec son public (pédagogie en classe, séance de dédicaces...) OLEG comme LEGO, jeu de construction narratif, et L'EGO, le regard concentré sur soi.
Il y a Oleg dans son rôle de père et dans son rapport à sa fille qui pose des questions l'éducation, la pédagogie, la transmission de savoir et de sensibilité (peu importe que ce soit une culture nostalgique)
Il y a Oleg dans son rôle de mari ou conjoint, dans son rapport au couple, sur l'amour, la fidélité.
Il y a Oleg face à la maladie, bien que cette partie soit bien moins prépondérante que dans Pilules bleues. Sur la perte possible d'un être cher, pilier de sa vie.
Ces deux thèmes font la passerelle avec Pilules bleues.
Il y a Oleg face au parcours de vie, en question sur le sens de sa vie aussi, notamment via Alix.
Il y a Oleg dans son rapport au monde et aux autres, sur l'évolution de la société, avec ses convictions et prises de position (le monde de la connexion aux réseaux (et de la déconnexion du réel ? L'allusion à Wall-e est particulièrement savoureuse lorsqu'il croise ces deux jeunes en trottinette regards rivés sur leur portable) et la vision du chemin d'un monde en déperdition qui rejoindra peut-être un jour la vision de Pierre Boule une fois l'humanité auto-détruite), son regard nous est partagé tel quel, sans démonstration moralisatrice derrière, c'est ce qu'il ressent intimement en tant que témoin vivant de ce monde. Chacun s'y trouve confronté et mettra en opposition ou parallèle ses propres convictions et y trouvera résonance ou pas.