unrefractaire a écrit:corbulon a écrit:Une fois, j’avais animé un débat en banlieue, aux Lilas. Il y avait là un certain Mohamed Douhane, porte-parole du syndicat Synergie officiers, et je m’étonnais – c’est mon côté romantique – qu’un fils d’immigré algérien serve un État qui a opprimé ses parents. Réponse indignée : « Je ne suis pas le beur de service, je suis un policier républicain. » Je lui ai dit que dans mon enfance, dans ma famille de Juifs polonais qui avait connu les pogroms, il était impensable qu’un des nôtres puisse devenir flic.
Il n'y a pas que du bon chez Rajfus et autres "radicaux": ne pas faire de différence entre une république moderne comme la France et la Pologne du début du XXème siècle, entre les faits de violence de militaires et policiers français sous ordre et un pogrom. C'est une telle confusion systématique (que savent déjouer les vrais historiens et qu'entretiennent les historiens de la mémoire) qui génère une incompréhension de la situation actuelle.
Pour l'avoir rencontré, brièvement, j'ai perçu dans ses paroles une colère intacte née des circonstances de sa vie (symbolisées par le port de l'étoile jaune) et une farouche détermination à ne rien concéder sur le registre des crimes de l'Etat français (la livraison des juifs étrangers et apatrides par Vichy), et les répressions sanglantes de la République. Un pur, un dur, marqué à jamais.
Cette vigilance à l'encontre des mesures arbitraires j'en ai eu un exemple dans un tout autre registre quand , dans mon intervention, j'ai évoqué les méfaits de la loi de 1948 sur les publications destinées à la jeunesse. autour de la table il a été le seul à m'appuyer vigoureusement.
Je pense que dans son esprit les pogroms polonais subis par sa famille étaient les prémices des déportations et exterminations de la seconde guerre mondiale. Je comprends sa colère.
Je ne pense pas qu'il assimilait la Pologne des pogroms à la république française, mais, obéissance aux ordres ou pas, il dénonçait les exactions. Et il archivait tous les documents relatifs à ces évènements.
Si Papon a été confondu lors de son procès c'est grâce à Michel Slitinsky un rescapé des rafles qui a par la suite retrouvé les ordres signés Papon pour les dites rafles. Rajsfus avec sa recherche permanente d'archives s'inscrit dans la même mouvance.
j'imagine le choc en effet...
J'ai donc du lire ce papier en son temps, et sans doute aussi en ouïr parler sur France Q.
