alambix a écrit:Sur le sujet du film, je ne vois pas pourquoi ce film se déroulant avant JC, devrait être une critique du pouvoir en place.
C'est gênant de répondre à la place du principal intéressé, mais je ne crois pas que Brian sous-entendait qu'Astérix était une critique en règle d'un pouvoir en place spécifique, qu'il soit chinois, franchouillard ou autre.
Mais à travers leur image d'irréductibles Gaulois, les membres du village apparaissent bien comme des proto-dissidents de n'importe quel régime un peu autoritaire. Les Gaulois de Goscinny et d'Uderzo, s'ils ne vivaient pas dans un territoire romanisé, seraient en butte à toute autre autorité que celles représentées par leur chef et leur druide. C'est dans leur ADN.
Ce ne sont pas des anarchistes, loin de là. Mais leur comportement n'est pas vraiment celui que des dirigeants d'un pays aussi vaste que la Chine peut encourager
(même si la Chine était une démocratie sous forme d'état fédéral à l'Américaine, ce type de comportement ne serait pas à valoriser). Parce qu'à la différence des Etats-Unis, les divisions sont régionales, territoriales, en Chine. Dans telle ou telle province, ce seront telles ethnies, telles langues, telles religions qui prédomineront. Comment envisager sereinement que chacun puisse prendre ses aises avec l'Etat central (ou fédéral) ?
Quand on lit Astérix, si on comprend vite que nos chers "irréductibles" n'ont pas pour ambition de renverser l'ordre établi et les institutions romaines, on voit qu'ils sont perçus à Rome comme une verrue, une menace diffuse du seul fait qu'ils ne rentrent pas totalement dans le moule.
Dans
Astérix aux Jeux olympiques, les Gaulois se revendiquent Romains, condition sine qua non pour participer aux jeux. Mais ils ridiculiseront les athlètes romains (biens supérieurs à Astérix et mieux entraînés que lui) dans la dernière épreuve. Même si Astérix fait très discrètement montre de générosité envers l'athlète et le centurion du camp d'Aquarium, qui seront récompensés par Jules César.
D'une manière générale, Astérix et ses compagnons se chargent régulièrement de rappeler ou de montrer à Rome (à travers ses représentants) quelles sont les limites à ne pas franchir, même si l'ordre et la paix romaine, facteurs de prospérité et de développement, ne semblent pas vraiment les déranger. Et régulièrement, ils apportent la preuve que l'imposante force militaire des légions romaines ne les impressionne pas et n'est pas en mesure de les asservir.
Pour un pays comme la Chine, où l'armée , à défaut de contrôler et de diriger le pays, est le principal soutien et garant de l'appareil d'Etat, des individus aussi rétifs à l'autorité étatique que nos irréductibles Gaulois représentent une menace.
C'est en cela que je comprends la remarque amusée et pleine d'ironie de Brian.