Oui, ce bouquin avec sa riche iconographie puisée dans le matériel de l'exposition, tient en effet lieu de catalogue d'exposition même s'il bénéficie d'un intitulé d'artbook plus générique.marsunelle a écrit:Selon moi, l'Art de Morris c'est bien le catalogue de l'exposition car tous les visuels qu'il contient ont été montrés en deux parties à Angoulême en 2016
Ce livre indispensable pour tout amateur, paru en décembre 2015, donne l'occasion à plusieurs personnes du sérail de s'exprimer (Blutch, Jean-Claude Menu, Philippe Capart, etc...) et le tout est fait sous la supervision et la direction des commissaires de l'exposition au CIBD Stéphane Beaujean et Jean-Pierre Mercier.
A signaler que cette sortie se déroula dans le cadre du 70e anniversaire de Lucky Luke et que c'est dans ce contexte de commémoration que virent le jour les deux premiers albums de "LL vu par" ainsi que le grand format en fac similé de planches originales "LL et Phil Defer" dans lequel figure sans ambiguité l'intention initiale de Morris de faire trépasser Phil Defer.
Je possède cet album luxe mais je ne l'ai pas sous la main présentement (il est hors de mon périmètre de confinement, ce qui m'empêche de recopier des passages ou de décrire du contenu). N'ayant toujours pas de scan à disposition, je n'aurais toutefois pas été en mesure de faire profiter la communauté de BDGest de la page intéressante.
Si quelqu'un veut s'en charger, je suppose que son intervention sera accueillie très favorablement.
En revanche, je peux recopier (pas scanner, ce qui m'aurait pourtant bien arrangé) quelques lignes tirées du tome 3 de la nouvelle intégrale en espérant que sergent Bébert ne m'en tiendra pas rigueur (il en est l'auteur) :
Page 26, à propos de la censure. C'est donc le texte de BPCY qui est reproduit en italiques ci-après.
"Et pourtant, précise aujourd'hui Francine De Bevere, lorsque nous habitions New York, Charles Dupuis n'a jamais donné de directives particulières, ni pour le dessin, ni pour le scénario, ni pour aucune situation à respecter dans les albums. Mais Morris savait de lui-même qu'il devait produire des bandes "morales, bienfaisantes et non provocatrices".
Conçu par son auteur en pleine période américaine, Phil Defer était loin de ces considérations bassement européennes et risquait de provoquer le le rejet de Dame Anastasie, alors particulièrement pointilleuse.
Les mois précédents avaient en effet été émaillés de demandes de modification des bandes publiées par Dupuis, jugées "violentes et angoissantes" par les institutions françaises et qui risquaient de se voir interdites d'importation dans l'Hexagone.
C'est la raison pour laquelle l'éditeur, par mesure de précaution, choisit de ne pas publier Lucky Luke et Phil Defer dans le Journal de Spirou, comme c'était l'habitude, mais de le faire dans Le Moustique, qui était non seulement une revue pour adultes non soumise aux lois de protection de la jeunesse, mais aussi et surtout exclusivement distribuée sur le marché belge. Il fit ainsi "coup double" car cette prépublication permit de promouvoir la série auprès d'un nouveau public paternel - les pères étant susceptibles d'offrir les futurs albums à leurs fistons - et s'inscrivit dans une nouvelle formule du Moustique qui entendait moderniser son image en mettant la photo, la télévision et la bande dessinée en avant.
Charles Dupuis demanderait toutefois à Morris de modifier sensiblement la conclusion de l'histoire : Phil Defer serait finalement gravement blessé plutôt que descendu froidement. On procèderait également au changement d'un dialogue de la planche n° 319. [*]."
[*] Pour ce changement de dialogue, c'est celui auquel alambix faisait allusion ce même jour dans le topic sur le LL vu par de Matthieu Bonhomme, en postant ce visuel.
Dans l'intégrale tome 3, les auteurs (BPCY) ont pu intégrer le strip initial tiré de l'original.
"Ça y est ! Tué raide !" dit le personnage le plus à gauche de la première vignette.
"Ouais ! Sa cervelle est percée à jour, je vois à travers !" rétorque le personnage tout à droite de la case .
Dans la vignette suivante, on se tord de rire.
On y voit l'endormi (surnommé Courte-Botte par Phil Defer) qui roupillait et avait ainsi indisposé Phil Defer en n'obtempérant pas à son injonction de déguerpir, se ruer enfin hors du saloon, chapeau troué sur la tronche, comme les Dalton. A la case suivante, lorsqu'il ôte son couvre-chef, c'est l'éclat de rire en découvrant son crâne plat.
Ce gag burlesque est irrésistible, décidément. En plus, il y en a d'autres, à l'intérieur de la séquence. Voyez les curieux qui se prennent les portes du saloon en pleine poire, en vignette 2 !