Bossacdenoyau a écrit:Bon, Fred savait que ce format ne séduirait pas les amateurs de BD et que sa cible était plutôt grand média.
Essai transformé.
Mr Hubert a écrit: je ne vois donc pas pourquoi ce témoignage ne pourrait pas exister sous une forme ?
Là ou on peut avoir un bémol c'est sur le choix de la période de sortie (le coté "1 an déjà")
Mr Hubert a écrit:Là ou on peut avoir un bémol c'est sur le choix de la période de sortie (le coté "1 an déjà"), mais c'est surtout l'éditeur le responsable j'imagine.
Irregular a écrit:Bonjour
Je ne comptais pas intervenir sur ce fil de discussion, mais à la lecture de certains commentaires, il m'a semblé qu'il pourrait être intéressant de faire entendre une autre voix. Je n'ai pas lu ce livre, mais je compte l'acheter très prochainement, car j'ai été frappé par la force qui se dégageait des quelques planches mises en ligne; incidemment, j'ai aussi entrevu un reportage télé, dans lequel (sauf erreur de ma part) l'auteur témoignait sans que l'on montre son visage - ce qui me semble d'emblée assez éloigné d'un "plan com" ou de la démarche "commerciale" que certains semblent prompts à dénoncer ici. J'aimerais donc répondre en plusieurs points, au risque d'être, peut-être, un peu bavard.
Premièrement, c'est le droit absolu de Fred Dewilde de raconter son histoire, sous ce format ou sous un autre. Si l'existence de ce livre vous gêne, alors ne l'achetez pas.
Deuxièmement, j'avoue ne pas comprendre comment on peut comparer des oeuvres qui exploitent un "filon" (comme, par exemple, des thrillers liés aux attentats du 11 Septembre) et le récit d'un traumatisme vécu : on est là dans deux modalités d'écriture qui n'ont rien à voir dans leurs objectifs et leur signification profonde. Que ce récit sot plus "thérapeutique" que "testimonial" importe finalement assez peu: quand bien même sa réalisation aurait été entièrement motivée par une nécessite individuelle de catharsis, où est le problème ? Il s'agit précisément d'une des fonctions essentielles de l'écriture, à notre époque comme aux autres. Parfois, on écrit parce qu'on souffre, dans l'espoir de ne plus souffrir ou de souffrir un peu moins...
Et dans ce cas précis, compte tenu de l'horreur de ce qui a été vécu, je trouve réellement malvenu et navrant de comparer cela à de simples "problèmes personnels" - du genre "relations avec ma belle-mère". Pour mémoire, d'ailleurs, à notre époque, les rayons des librairies croulent sous les bouquins de gens qui racontent justement cela (leurs relations avec leurs parents, leur moitié, les autres etc.), sans que cela ne soulève une quelconque forme d'indignation, y compris lorsque ces auteurs n'ont pas grand chose d'intéressant à raconter. A l'ère du narcissisme littéraire triomphant, je trouve assez paradoxal de faire une sorte de procès moral ou intellectuel à quelqu'un qui a vécu cette abomination et qui éprouve le besoin, comme l'a fort justement écrit quelqu'un ici, "que ça sorte" - "sortir" dans tous les sens du terme, psychologiquement, ontologiquement, créativement et éditorialement.
(EDIT: passage supprimé parce que l'on m'aurait reproché, peut-être à raison, d'atteindre le point Godwin)
Je crois que personne (à moins d'avoir été aussi au Bataclan, ce soir-là) ne peut se permettre de faire la leçon ou de "juger" (préjuger?) les motivations de cet auteur. Nous pouvons, par contre, respecter sa souffrance - une souffrance qui, selon toute vraisemblance, a la proportion d'un abîme.
Enfin, je trouve fort triste (et, pour tout dire, assez révoltant) le double-procès qui semble être fait ici, par certains, à cet auteur. Double-procès, puisqu'on l'accuse (en gros) de vouloir 'exploiter' commercialement une tragédie (dont il est, faut-il le rappeler, un survivant) mais aussi, quelque part, de "se répandre" quasiment avec indécence. J'ai déjà abordé ce dernier point un peu plus haut (l'ère du narcissisme littéraire et médiatique etc.) mais j'aimerais finir sur le premier - l'argument sur l'exploitation commerciale.
Oui, les livres se vendent et s'achètent. Y compris les BD cathartiques écrites par les rescapés d'une abomination. En quoi cela est-il gênant ? Cette question résonne, du reste, de façon assez étrange sur un forum où l'on s'enthousiasme régulièrement (et je ne critique aucunement cela) pour des rééditions, des intégrales, des collectors et autres goodies... bref, pour un ensemble de productions commerciales - et je le répète, je n'ai aucun problème avec ça, car chacun est libre d'acheter ou de lire ce qu'il souhaite.
Ou de l''écrire.
Merci d'avoir pris le temps de me lire; désolé pour la longueur de cette diatribe.
Bonne journée à tous. Je ne sais pas si l'auteur de cette BD lit ce fil, mais je tiens à lui dire qu'il a tout mon soutien et, même si cela ne change pas grand chose, toute ma compassion.
O. Legrand
Baba2016 a écrit:Mr Hubert a écrit: je ne vois donc pas pourquoi ce témoignage ne pourrait pas exister sous une forme ?
En même temps il y a quoi à raconter qu'on ne sache déjà? T'as besoin de savoir dans les détails comment des pauvres gens se sont fait massacrer? Pour moi, ceux qui lisent ce genre de trucs, c'est du même niveau que ceux qui se délectent à lire les faits divers avec leur lots de détails sordides. C'est du pur voyeurisme et de la curiosité morbide.
Si l'existence de ce livre vous gêne, alors ne l'achetez pas.
j'avoue ne pas comprendre comment on peut comparer des oeuvres qui exploitent un "filon" (comme, par exemple, des thrillers liés aux attentats du 11 Septembre) et le récit d'un traumatisme vécu : on est là dans deux modalités d'écriture qui n'ont rien à voir dans leurs objectifs et leur signification profonde.
quand bien même sa réalisation aurait été entièrement motivée par une nécessite individuelle de catharsis, où est le problème ? Il s'agit précisément d'une des fonctions essentielles de l'écriture, à notre époque comme aux autres. Parfois, on écrit parce qu'on souffre, dans l'espoir de ne plus souffrir ou de souffrir un peu moins..
Et dans ce cas précis, compte tenu de l'horreur de ce qui a été vécu, je trouve réellement malvenu et navrant de comparer cela à de simples "problèmes personnels" - du genre "relations avec ma belle-mère".
A l'ère du narcissisme littéraire triomphant, je trouve assez paradoxal de faire une sorte de procès moral ou intellectuel à quelqu'un qui a vécu cette abomination et qui éprouve le besoin, comme l'a fort justement écrit quelqu'un ici, "que ça sorte" - "sortir" dans tous les sens du terme, psychologiquement, ontologiquement, créativement et éditorialement.
Je crois que personne (à moins d'avoir été aussi au Bataclan, ce soir-là) ne peut se permettre de faire la leçon ou de "juger" (préjuger?) les motivations de cet auteur.
Double-procès, puisqu'on l'accuse (en gros) de vouloir 'exploiter' commercialement une tragédie (dont il est, faut-il le rappeler, un survivant) mais aussi, quelque part, de "se répandre" quasiment avec indécence. J'ai déjà abordé ce dernier point un peu plus haut (l'ère du narcissisme littéraire et médiatique etc.) mais j'aimerais finir sur le premier - l'argument sur l'exploitation commerciale
Fred Dewilde a écrit: à défaut d'acheter (ce qui m'importe peu, ma cible étant les victimes) de jeter un oeil avant de se lancer dans une croisade, honorable, je le répète, mais il me semble en ce cas déplacée.
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