J'ai beaucoup aimé la lecture de cet album.
Attiré depuis longtemps par la couverture, j'ai été tout aussi séduit par son contenu : un western mélancolique et intelligent qui comporte bien des qualités.
Par petites touches, Ozanam explique la trajectoire des Dalton et esquisse avec finesse le caractère de ces Marshall devenus " Outlaw ". Si les scènes de fusillade sont réussies (la dernière notamment), ça ne défouraille pas à tout va, et j'ai aimé quand un des Dalton - alors qu'il est pourtant dans une position de tir avantageuse - fait le choix de laisser son arme dans son étui lorsqu'il comprend ce qui lui en coûterait de tirer sur ses poursuivants.
Un autre point très intéressant de cet album est de nous pousser à nous interroger sur la fiabilité du narrateur. Emmett semble parfois avoir du mal à justifier les actes de sa fratrie, ce que ne manque pas d'ailleurs de relever le producteur de cinéma qui recueille son témoignage. Je pense - du moins j'espère que cela se confirmera dans le tome 2 - que c'est une façon de pousser le lecteur à s'interroger sur la version donnée par Emmett, de nous forcer à voir comment le narrateur construit son propre roman familial en légitimant ses actions.
Comme cela a déjà été mentionné, j'ai aimé également les cadrages très cinématographiques, ici, la contre-plongée d'un cowboy magnifié par l'éclairage, là, les armes délicatement dessinées dans la vitrine d'une armurerie tandis que les protagonistes passent dans une rue poussièreuse à l'arrière-plan.
Concernant la construction du récit, certains disent que les flash-back nuisent à la fluidité de la narration, j'ai trouvé au contraire les transitions magistrales et très belles (tout s'enchaîne bien grâce aux jeux sur les lumières et les couleurs). Le dernier flash-back est peut-être moins lisible, mais quoi de plus normal que présent et passé finissent par se confondre dans l'esprit d'Emmett à ce moment-là de l'histoire
puisque la résurgence de ce souvenir traumatisant ira jusqu'à provoquer son évanouissement ?
Enfin, j'ai trouvé le dessin très bon, il crée une ambiance crépusculaire et mélancolique parfaitement dans le ton (les liens avec le très bon film
L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford me semblent en effet très justes). Les pleines pages qui structurent le récit sous la forme de couvertures de gazette de l'époque ou les références au peintre américain Hopper contribuent également au charme de cet album.
Vous l'aurez compris, j'attends avec impatience ce tome 2, avec optimisme parce qu'Ozanam avait déjà su installer une ambiance très intéressante dans le tome 1 de son
Temudjin (mais aussi avec un peu d'appréhension parce que de mon point de vue, le tome 2 n'avait hélas pas tenu toutes les belles promesses du tome initial).
En conclusion, ce tome a bien des atouts et quand je vois le battage qu'on a fait pour
Jusqu'au dernier, certes très beau, mais dont l'inconséquence m'avait bien refroidi - ou l'omniprésence de la très divertissante popcorn bd
Undertaker, je me dis qu'on peut aussi prendre le temps de saluer le travail accompli pour cet album.