L'Ombre Jaune a écrit:
Je viens de te montrer que d'une part, plusieurs noms féminisés seraient ridicules (pompière, maîtresse, maçonne, chevalière, etc..)
Pourquoi pompière ou plombière par exemple sont-il considérés comme ridicules ?
A mon avis, avant tout parce qu'il y a peu de femmes qui exercent le métier de plombier ou de pompier et que dès lors l'usage de plombière ou de pompière est peu fréquent et paraîtrait étrange (voire désagréable pour certains).
Dans le même sens, tout le monde trouve normal d'appeler infirmière une femme qui exerce le métier d'infirmier. Pourquoi? Tout simplement parce que la profession est très féminisée et que l'usage du mot infirmière est très fréquent.
Donc oui, l'usage dicte la norme. La langue suit le réel.
Pour autrice, qui nous occupait au départ, c'est pareil. Là où les femmes écrivain ont longtemps été peu nombreuses et assez largement invisibilisées, on constate à présent qu'elles sont très nombreuses et mises en avant pour leur travail. Il n'est donc pas étonnant que la féminisation de l'activité s'accompagne d'une féminisation du mot qui la désigne. La langue suit le réel.
(en ce qui me concerne, je remarque que je suis en train de lire mon 26ème roman depuis le début de l'année et que 13 parmi eux ont été écrits par des femmes).
La volonté de féminiser des métiers (encore) peu exercés par les femmes, là où la norme n'est pas dictée par un usage fréquent relève d'autre chose. Il y a là une intention de précéder le réel, avec une volonté sous-jacente de le faire advenir. On est là dans une logique de combat féministe. Et c'est surtout là que ça grince auprès de ceux qui préfèrent en rester au statu quo (dont aussi certaines femmes comme tu le mentionnes plus haut).
Bon, sinon Maîtresse c'est peu être moins utilisé aujourd'hui, mais dans l'enseignement il était largement utilisé pour appeler les institutrices. De nouveau parce que c'était un métier assez féminisé. Il y avait le maître et la maîtresse.
On dit aussi maîtresse de maison par exemple.
Bon, on l'utilise aussi dans le milieu SM.
On peut très bien envisager que l'usage de titres comme maîtresse de conférences par exemple, déjà utilisé, se généralise. Cela n'aurait rien de ridicule. Et ce n'est qu'un exemple.
On ne dit pas Maîtresse pour désigner une avocate mais qui sait, peut-être un jour cela nous paraîtra-t-il normal. La profession s'est largement féminisée. Les étudiantes en droit sont de plus en plus nombreuses. Donc ça ne serait pas étonnant.
Et donc ton médecin, on s'adressait à elle en lui donnant du "bonjour, doctoresse" ?
On s'adressait à elle en l'appelant par son prénom. Moi comme j'étais gosse, je disais Madame. Mais on l'appelait la doctoresse.
Donc, je choisis de ne pas féminiser certains noms, et c'est mon droit.
Et alors ? Que vas-tu faire ?
Pleurer ?

Je me fiche bien de ce que tu fais. Tu fais comme tu veux.
Ici, on est juste en train de discuter, pour le plaisir de discuter.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"