Dans Dumas, il n'y a jamais 4 pages de description: il est très doué pour alterner les scènes d'actions et les scènes d'atmosphère...
Bon, j'ai peut-être un peu exagéré en disant 4 pages, j'ai donné un chiffre comme ça. Comme ça fait un bail que j'ai lu les 3 Mousquetaires, je ne pourrais pas dire précisément. J'ai juste retenu ce sentiment de longueur et je me souviens qu'à l'époque, je suis allé jusqu'au bout du roman, mais péniblement, de la même manière que j'ai eu du mal à ne pas abandonner le dernier des Mohicans en cours de route.
Hugo ça peut être plus long... c'est vrai.
Pour ce qui est de Hugo, les choses se présentent un peu différemment de Dumas : dans son cas, les "décrochements" ne sont pas au coeur de l'action, ce sont des chapitres à part. L'avantage, c'est qu'on peut "zapper" assez facilement et ça ne plombe pas la lecture. C'est ce que j'avais fait notamment pour Notre Dame de Paris, où j'avais lu en diagonale le chapitre que j'ai trouvé pénible. Je l'ai parcouru pour être sûr de ne rien rater d'important, mais ça a vraiment été une lecture rapide... Et donc, pour le coup, j'ai quand même apprécié le roman dans son ensemble, contrairement aux 3 mousquetaires.
Je crois que c'est lourd à lire pour tous ceux qui ont perdu l'habitude de lire, ou qui n'ont jamais eu une lecture facile. Mais c'est grâce au talent évocateur de l'écrivain, tant au niveau visuel qu'au niveau atmosphère qu'un "bédéiste" ou un cinaste a envie d'adapter un roman... grâce aux images nées de la rencontre entre les mots et l'imaginaire du lecteur-auteur.
Je ne sais pas... Je ne suis pas persuadé...
Disons qu'en tout cas, ce n'est pas mon cas.
AU passage, je précise que je ne fait partie de ceux qui ont "perdu l'habitude de lire" ou même "qui n'ont jamais eu une lecture facile". J'ai grandi dans une bibliothèque pour ainsi dire, et j'ai dévoré des romans depuis que j'ai appris à lire (mes premiers livres, ça a dû être Oui-oui, la série originale de Enid Blyton en bibliothèque rose) et j'ai jamais arrêté depuis. J'ai eu des périodes plus ou moins fastes, par exemple, lorsque j'étais étudiant, je dévorais 6 à 10 livres par mois, essentiellement des romans, et pas des trucs de Barbara Cartland qui font 120 pages. Et dans le tas, il y a aussi les livres en anglais, qui ralentissent nécessairement la cadence. Aujourd'hui, avec le boulot et les autres contraintes, je ne lis plus que 2 livres par mois en moyenne mais bon...
Je ne dis pas ça pour me vanter, juste pour expliquer que je pense être un lecteur habitué aux romans, documentaires et autres livres historiques...
Et Les 3 mousquetaires, je l'ai lu à l'époque où justement, je dévorais réellement les bouquins...
Simplement, dans mon cas, je pense que ça ne correspond pas à un style littéraire qui me convient et m'inspire. Pour précision également, car ça peut aider à comprendre ma réaction, je déteste cordialement tout ce qui s'apparente à de la poésie ; je ne "comprends" rien à Baudelaire, Appolinaire et cie, que ce soit littéralement (leurs textes me sont complètement hermétiques, je ne comprends pas de quoi ils parlent, je ne vois pas où ils veulent en venir) ou du point de vue du ressenti (contrairement à plusieurs de mes amis, je ne ressens rien à la lecture d'un poème de Baudelaire par exemple, sinon de l'ennui et de l'incompréhension face à ce style littéraire). Ceci peut expliquer celà.
Et donc, pour ce qui me concerne, une autre motivation pour adapter une oeuvre (je dis autre car je suis malgré tout d'accord avec ton explication ; lorsqu'on a été emballé par une oeuvre, on peut avoir envie de l'adapter), c'est d'avoir ressenti un potentiel dans l'histoire mais d'être frustré par son exploitation. Et dans ce cas, l'adaptation va souvent être assez libre, contrairement au fan de l'oeuvre qui va, lui, avoir du mal à se détacher de l'oeuvre originale.
En tout cas, je ressens les choses comme ça !
Si des auteurs peuvent adapter avec talent une oeuvre littéraire de qualité, l'adaptation n'aura jamais la puissance de l'oeuvre originale qui te transforme toi, lecteur en auteur...
Je ne sais pas... Je n'affirmerais pas ça, ne serait ce que pour le cas que je relève, à savoir celui du lecteur qui est hermétique au style de l'auteur, et pour lequel le bouquin n'a donc pas de puissance, et qui va, avec la même histoire, se sentir transporté par un film ou par une BD.
Dans mon cas par exemple, j'ai rêvé grâce à des films de cape et d'épée dont les 3 mousquetaires alors que le bouquin ne m'a pas fait décoller, je ne suis pas arrivé à me projeter, je n'ai pas été emporté par le livre.
A côté de ça, le Seigneur des Anneaux est le livre que j'ai le plus lu (je crois que, entre la VF et la VO, je l'ai lu 5 fois), à chaque fois, je suis transporté (et pourtant, je reconnais que le style de Tolkien peut en rebuter plus d'un... mais moi, il me convient à merveille !). Et lorsque j'ai entendu parler de la préparation du film de Jackson, j'ai eu peur...
Pourtant, lorsque j'ai vu les films, même si de prime abord, j'avais un a priori négatif, j'ai été emballé par les films, et leur puissance visuelle surpasse parfois celle des romans. Et en ce qui concerne les personnages, je trouve qu'ils sont également très réussi et sont à la hauteur des romans.
L'histoire de d'Artagnan, elle n'est pas si complexe par rapport à d'autres romans contemporains: machination politique, espionnage, amour, amitié... si tu en retires tout le sel émotionnel, passionnel, qu'en restera-t-il?
BEin... une belle histoire d'aventure, de cape et d'épées !!!
Ceci dis, je ne suis pas pour en retirer l'émotion tout ça... bien au contraire. Je dis juste que personnellement, je trouve justement que l'écriture de Dumas est tellement de le délayage (...euh... c'est français ça ?), la dilution des propos, que au contraire, ça tue l'émotion. Disons que comme pour les poèmes, je suis assez hermétique au style de Dumas et je ne ressens pas les émotions des personnages...
Voili voilou... bon, ce n'est qu'un avis parmi tant d'autres, je pense que c'est aussi ça la richesse de la littérature, c'est que chacun a un ressenti différent.