superboy a écrit:Je suis allé voir un peu ce que propose ces deux éditeurs et le seul titre qu'on ait pas ici et qui me fasse envie, c'est Believers de Naoki Yamamoto. J-Pop, c'est vraiment une ligne éditoriale qui aurait toute sa place dans le paysage éditorial français. Quasi tous leurs titres sont publiés chez nous. Dynit, ça à l'air d'être plus petit et plus alternatif, genre le lézard, mais pas une démarche inconnue de l'observateur du marché français non plus.
Ça fait longtemps que tu nous vends l'Italie comme nouvel Eldorado du manga en Europe. J'aimerais connaître les raisons objectives qui te permettent d'avancer cela, au-delà de tes propres goûts donc, selon toi mieux représentés là-bas.
Cette question n'a rien de polémique, juste l'envie de comprendre ce qui se passe de si excitant chez nos voisins transalpins.
Oh c’est pas le seul Eldorado d’Europe. Je pense que l’Espagne est pas mal non plus. C’est juste que depuis 2-3 ans, il y a une vraie volonté de sortir autre chose que des titres convenus, ce qui est le cas ici, le Lézard Noir étant un peu l’arbre qui cache la forêt. D’une part on assiste à un gros rattrapage sur des auteurs qui avaient été longtemps ignorés là-bas (comme Taiyou Matsumoto), voir même un dépassement (maintenant des auteurs et autrices comme Kamimura ou Iwaaki ont des titres qui sortent d’abord en Italie, ils sont en avance sur Beastars, ou le Pavillon des ho,mes). Et puis surtout il y a une vraie politique de promotion du shojo vintage impossible ici. J’aime bien Rumiko Takahashi, mais comparée à Moto Hagio, c’est quand même un niveau en-dessous. Moto Hagio a été très peu publiée ici à part une anthologie très chouette et le coeur de Thomas chez Kaze. Et puis elle devrait te plaire vu qu’une de ses séries ne voit pratiquement aucune femme comme protagoniste (en fait on en voit aucune sur plus de 300 pages, c’est un peu
dans un rayon de soleil à l’envers
). Boutade à part, il y a sa quasi-contemporaine, Keiko Takemya, qui ferait passer Shuzo Oshimi pour un enfant de choeur niveau souffrances adolescentes(et puis elle, elle ne semble pas avoir de problème avec les femmes). Maintenant si on préfère des autrices de Garo, il y a Kuniko Tsurita chez Coconino (l’éditeur de Gipi entre autres) qui elle, sera publiée l’année prochaine chez Atrabile. Et toujours chez Coconino mais aussi chez Dynit, il y a la formidable Asumiko Nakamura qui ne fait pas que du boy’s love, mais qui est aussi très à l’aise dans le genre thriller (Utsubora toujours inédit ici) ou fantasy, et qui est aussi sollicitée que Maruo pour faire des couvertures des romans d’Edogawa Ranpo. Et même si on prends les mangaka hommes que Tadao Tsuge ne soient pas traduit en français reste une énigme. Je rappelle que Chris Ware a mis son manga SlumDogs dans son top 3 de ses lectures 2019 (ou 2018 là j’ai un doute). Je pourrais aussi parler de Shintaro Kago qui est bien mieux publié là-bas qu’ici. Quant à Dynit, c’est pas vraiment de l’alternatif ne serait-ce que parce que sa division animée possède un grand nombre de grosses licences (actuellement l’attaque des titans, mais aussi my hero academia). Mais pour conclure le fil principal, le marché italia est devenu effectivement plus réactif que son homologue français, et surtout éprouve beaucoup moins de frilosité pour sortir des titres s’adressant à un public féminin. Après évidemment ça passe par mon prisme, mais est-il moins pertinent que celui de ceux qui ne jurent que par un regard mâle souvent nombriliste (bon quand c’est Gipi ça passe parce qu’il est malin, quand c’est Remender, bonjour le disque rayé) ou alors faisant plaisir fan de service (comme cette série ayant comme thème le voyage dans le temps avec une des protagonistes qui passent son temps en maillot de bain) ? Je n’en suis pas vraiment sûr mais s’il coche toutes les cases de votre cahier des charges, et bien tant mieux pour vous.