Bonjour,
Wonderphil a écrit:(...)
HEUREUSEMENT que nous somme plus du côté de "Plus belle la vie" que de "Santa Barbara", mais je n'en attendais pas moins de M. Cadène. Néanmoins le ton qui-veut-dire-des-choses-en-ne-disant-rien-tout-en-en-disant-quand-même-un-petit-peu, phrases courtes, beaucoup de répétitions, fausse sobriété se voulant véhicule d'émotions parfois caricaturales, peut rebuter par son côté chébran modernisant et un certain snobisme agaçant. Il n'en reste pas moins que les dialogues ne sont jamais ridicules et souvent même très bien écrits. Le thème, le quotidien extraordinaire de gens ordinaires, est agréablement renouvelé, et évite la tant redoutée dégoulinade de bons sentiments.
Ouf ! Merci. Promis ces tics d'écritures que vous décelez ne sont pas une volonté de faire "branché" c'est comme ça que j'écris, je suis peut-être (probablement) beaucoup trop sous influence.
Wonderphil a écrit: On peut relever cette volonté exagérée et malheureusement devenue "à la mode" alors que les sentiments initiaux n'en étaient que les meilleurs, de faire figurer un maximum de "minorités visibles" et de "diversités". On en arrive ainsi à un frangin homosexuel en couple avec un maghrébin et votant UMP...
Alors en ce qui concerne Kader, le maghrébin gay et UMP, mon propos n'était pas d'en faire le quota mais au contraire l'impossibilité du quota, le type qui a le sentiment d'être un mur à étiquettes alors qu'il ne se retrouve dans aucune :
Maghrébin mais adopté et catholique (donc finalement très petit-bourgeois classique d'où un militantisme de droite banal, familial là où chez Romain c'est un militantisme en rupture) il vit en couple avec un homme mais refuserait l'étiquette gay... (cf la suite de l'histoire)... À chaque fois, selon le moment on le reduit à une minorité à laquelle il ne se sent pas particulièrement appartenir.
Wonderphil a écrit: Reste la présence obligatoire de la jolie fille héroïne de l'histoire, du timide au physique quelconque amoureux de la précédente, du beau-gosse-avec-rien-dans-la-tête qui s'est tapé ladite précédente, du père intolérant à la Mr Keating, la mère qui essaye de faire tampon, la meilleure amie totalement dépassée...
De la même manière qu'avec Kader je joue du cliché, ici je pars desdits clichés pour avancer plus vite. Je crois, j'espère, qu'au fur et à mesure de l'histoire tous ces archétypes ont été totalement balayés mais partir d'eux est un moyen de donner au lecteur immédiatement un sentiment familier. J'assume donc.
Wonderphil a écrit: Le défaut inhérent aux feuilletons quotidiens n'échappe pas aux "Autres Gens" : certains épisodes ne font rien avancer, et la multiplicité des personnages provoque des changements de lieu et d'action trop rapides au sein d'un même épisode, et ce sans avertissement ni accompagnement narratif.
AÏE ! Bim ! Les épisodes qui ne font rien avancer, je les assume... presque tous... après, il faut se remettre dans le contexte d'une aventure quotidienne : Chaque jour un épisode pendant 2 ans et demi... J'implore la clémence des lecteurs sur quelques moments de fatigue.
Après il y a le cas des épisodes volontairement neutres au niveau de l'histoire. Ils me servaient (là encore, il faut se remettre dans le cadre d'une lecture quotidienne) à poser l'action, à m'attarder sur tel ou tel personnage.
Wonderphil a écrit: Les changements de dessinateurs devraient apporter LA note de fraicheur supplémentaire, qui du reste était un des arguments de vente au départ. L'idée m'emballe, mais si, comme la 4eme de couv' le signale, il s'agit de la "fine fleur de la nouvelle BD", à moi la peur. Tout cynisme mal placé mis à part, certains épisodes sont remarquablement dessinés. D'autres en revanche me sont totalement hermétiques. Si la nouvelle BD veut s'affranchir des préceptes les plus élémentaires comme "savoir dessiner une main bien proportionnée, bien formée et utilisable", elle ne m'aura pas comme client, car certains personnages sont régulièrement victimes de mains contre-nature, désarticulées, disproportionnées. La "ligne crade" à la Reiser ou Wolinsky fait tout de même preuve d'une certaine rigueur anatomique que j'ai du mal à retrouver dans certains dessinateurs (les mains n'étant qu'un exemple). L'impression que laissent parfois certains épisodes est celle d'un travail rapide, se voulant plus suggestif qu'autre chose, au point qu'il en devient peu lisible.
Là, je ne me prononcerai pas, étant par principe solidaire de tous mes dessinateurs. Je les ai choisi, j'assume. Mais je pense que tout le monde sera d'accord pour reconnaitre que globalement la qualité du dessin est là.
Voilà !
Merci pour ce regard critique sans concession mais très encourageant. Merci d'avoir pris le temps.