En faisant un parallèle avec un sujet voisin portant sur le rangement des bibliothèques, je me rends compte que j'ai tendance à ranger mes albums dans un joyeux merdier, mais tout de même un rien organisé, disons par atmosphère (ressentie pas le lecteur, c'est à dire moi

). Et, en y pensant, il y a notamment une case d'une de mes
Expedit qui, sans qu'il y ait eu d'intention au départ, se distingue des autres par une forte concentration d'auteurs féminins. Ne me demandez pas de mettre un nom pour qualifier mon ressenti sur l'atmosphère du coin, je n'en serais pas capable, disons que c'est intuitif : ces livres vont bien ensemble. En tout état de cause, je sais que pour moi il s'agit de quelques perles de la bande dessinée en général.
On y trouve notamment, en partant de la gauche, Lucas Méthé (oui, ce n'est pas exclusivement féminin), puis
Isabelle Pralong, déjà citée ci-dessus. D'elle, je sortirais du lot :
Que j'avais chroniqué à l'époque :
http://www.bdgest.com/chronique-4875-BD ... -vous.htmlPuis vient Xavier Mussat, suivi par
Dominique Goblet, découverte avec :
J'avais gratté ça, en substance, à l'époque de ma lecture :
C'est un beau livre, dans le sens livre/objet. Mais c'est aussi plus que ça, cette bande dessinée offre une interprétation autobiographique de Dominique Goblet par une sélection de scènes relativement brèves. Un texte intéressant de G.M. Hinant dans les dernières pages amène un angle pertinent de relecture sur ce thème. Y est notamment traité le rapport plus que difficile à un père qui n'en est plus à l'amorce d'une longue dérive, mais déjà noyé depuis des années dans des litres d'alcool, la folie ayant pris le pas sur l'alcoolisme. Le présent alterne avec un passé dont il demeure des visions propres à chacun. Il y est question de longs silences qui en disent tout aussi long. A la lecture, on ressent profondément que chaque terme a été choisi après mûre réflexion, pas de hasard.
Le graphisme retranscrit bien tout cette folie, les variations de ton vont de pair avec celles du trait et l'utilisation des couleurs porte cette atmosphère glauque à son paroxysme. Le décor en est réduit à une relativement simple expression, presque d'un autre temps, comme délavé. Les intervenants secondaires sont réduits à la notion de spectre, certains n'ont plus rien d'humains, comme rongés par l'existence.
Je n'en dirai pas plus, c'est construit avec finesse, ce qui contraste avec la violence sourde du sujet...
Viennent ensuite
Debbie Dreschler, déjà évoquée plus haut, puis
Nadja. Nadja, illustratrice de livres pour enfants et de livres nettement plus conseillés aux adultes. Une dessinatrice chez qui, contrairement aux précédentes, la couleur est prépondérante, tout du moins s'impose au lecteur massivement. Si je devais sortir une de ses bandes dessinées du lot, ce serait le dérangeant :
J'avais gratté cette chronique à l'époque :
http://www.bdgest.com/chronique-4247-BD ... reves.htmlViennent ensuite
Capucine, avec le fin
Corps de rêves, puis
Théa Rojzman, dont j'extirperais
La réconciliation, album porteur d'une certaine douleur, bien que porteur d'espoir, et aussi le plus sombre de la dessinatrice visuellement parlant. L'utilisation de couleurs plus vives sera bien plus prégnante dans ses albums ultérieurs parus à ce jour.
Une de mes premières chroniques :
http://www.bdgest.com/chronique-2414-BD ... ation.html (dans laquelle je constate que j'évoquais l'universalité vers lequel tend cet album par rapport au huis clos de
Faire semblant c'est mentir de Dominique Goblet).
Son prochain album sort au mois de mai chez La boîte à bulles, il est d'ailleurs peut-être déjà sorti :
http://la-boite-a-bulles.com/fiche_albu ... _album=215Arrivent ensuite 3 albums masculins, les deux premiers sont, à la réflexion, peut-être incongrus dans cet ensemble, il s'agit des
Pilules bleues de Frederik Peeters et du story board de
Monsieur Khol de Moynot et Dieter paru chez Folle image. Enfin, le récent
Vacuum de l'allemand Lukas Jüliger, sans doute plus dans le ton.
Après cette parenthèse masculine, toujours plus à droite, arrive
Joanna Hellgren, avec, notamment, son triptyque
Frances, récemment proposé en intégrale par Cambourakis, mais je préfère toutefois à cette édition en format réduit la première édition, plus grand format, donc, qui permet de mieux voir évoluer le dessin de la dessinatrice au crayon de bois et de goûter le charme désuet de son trait.
J'avais chroniqué le tome 3 à l'époque de sa parution :
http://www.bdgest.com/chronique-4950-BD ... ode-3.htmlSon autre album,
Mon frère nocturne, plus brut par son dessin et ce qu'il narre, est aussi, dans une autre veine, de très bonne facture.
Vient enfin,
Jane, le renard & moi de
Fanny Brit au scénario et d'
Isabelle Arsenault. Je me souviens moins de son contenu, mais je me rappelle que ça m'avait plu.
Je reviendrai après des recherches dans d'autres cases de mes Expedit et Billy.