David Amram a écrit:Concernant l'histoire de Dupuis, cela fait 4 ans que je travaille sans relâche sur ce projet, accompagné de Christelle Pissavy-Yvernault qui a été d'un soutien sans faille. C'est un ouvrage collectif dans lequel d'autres historiens et journalistes sont intervenus, et ils ont fait un très bon boulot. Parmi eux il y a d'ailleurs Jérôme Dupuis, qui intervient aussi sur ce forum.
En épluchant le maximum de publications (Christelle aime rappeler en se moquant que je suis celui qui a lu "les 4000 numéros de Bonne(s) Soirée(s)"), en reprenant un grand nombre de publications numérisées (une bonne part de la presse quotidienne belge, dont le journal de Charleroi, en particulier, est dispo sur le site de la KBR), on a pu découvrir de très nombreuses nouvelles informations et reprendre bien des imprécisions des publications précédentes, répétées depuis la nuit des temps. C'est aussi ça, la recherche et l'histoire, il y a toujours à faire, à découvrir, à corriger, à reprendre.
Surtout, concernant les informations nouvelles, j'ai pu accéder aux archives Dupuis France qui sont conservées à l'IMEC et qui révèlent toute l'histoire administrative de la société Dupuis en France. Ces archives n'avaient pas été consultées pour la réalisation de LVHDS, et j'ai d'ailleurs communiqué toutes les notes que j'ai pu y prendre à Bertrand et Christelle.
J'ai aussi eu un accès aux archives Dupuis-Marcinelle dont je suis en train de faire un inventaire, qui a mis au jour plein de documents inédits, ce qui permet au livre d'avoir une iconographie que je trouve impressionnante - à vous de voir si elle vous plaira aussi.
Dans mon inventaire des archives, j'ai eu accès à des cartons qui n'étaient jamais ouverts, et à l'intégralité des archives professionnelles de Thierry Martens, qui notait absolument tout, ce qui permet de faire ressurgir un nombre ahurissant d 'informations et de documents inédits.
Par ailleurs, comme l'a souvent rappelé Bertrand, La Véritable histoire de Spirou porte sur le personnage de Spirou. La Véritable histoire de Dupuis porte sur l'histoire de Dupuis. Pour la première fois, c'est donc l'histoire de toute la maison d'édition qui est faite, et c'est un axe bien différent. Ni la VHDS, ni Les Mémoires de Spirou, ni Le Journal de Spirou 50 ans d'histoire, n'ont adopté cet axe. Il faudrait remonter au livre de 1975, Histoire de Spirou et des publications Dupuis, qui est un livre d'une autre époque. A mon sens, le génie de la VHDS est dans la façon dont les entretiens sont articulés les uns aux autres ; c'est un talent propre à Bertrand et Christelle et j'ai hâte de découvrir le tome 3. LVHDED relève d'une démarche bien distincte. Tout ce que je peux dire c'est qu'on a vraiment fait de notre mieux pour que l'ouvrage soit singulier et intéressant, sans économiser les heures de travail et les remises en questions.
L'ouvrage est composé d'un grand tour d'horizon de l'histoire de la société, qui est complété par une grande chronologie qui termine l'ouvrage, et de 4 parties :
1) Une partie sur les titres de presse (pour la première fois, une analyse complète des Bonnes Soirées - je vous ai dit que j 'en ai parcouru 4000 numéros ? -, du Moustique, de Risque-Tout, de TV Family, de Robbedoes (et surtout de la période, dans les 80's, où la revue a proposé un contenu différent de celui du JdS), de Mimo et de Humo).
2) Une deuxième partie sur les titres en librairie, à commencer par les romans édités par Dupuis, dont le catalogue n'avait jamais vraiment été étudié (et qui permet de comprendre comment le passage de la presse à la librairie s 'est fait, mais aussi de l'imprimerie à l'édition), ainsi que ses livres didactiques (des livres de propagande aux conseils de savoir-vivre pour maintenir les ouvrières dans le droit chemin..), ses livres illustrés pour enfants (encore un gros aspect méconnu de la maison, qui a pourtant impliqué de très grand auteurs et produit de vrais succès - près de 2 millions d'ex. pour la collection Petite abeille de Tamara Damblon), et enfin la bande dessinée fait l'objet de deux sous-parties : une partie sur la conception de l'album, reprenant l'histoire des caractéristiques graphiques et matérielles les plus célèbres de l'album, documents internes inédits à l'appui sur ces questions, et une partie sur le développement des collections de bande dessinée Dupuis au fil des ans. En cherchant dans les archives Dupuis, j'ai trouvé des centaines de maquettes d'albums et de documents qui relèvent de la cuisine éditoriale, qui viennent illustrer cette partie. A ce titre c'est aussi un livre pour les amoureux de la conception des ouvrages, du graphisme, du papier, de l'imprimerie, de l'encre.
3) Une partie esthétique, qui est principalement une étude du dessin des grands auteurs de la maison. S'y trouvent des analyses successivement de l'école de Marcinelle (l'apparition de l'appellation, sa raison d'être, ses maitres, ses suiveurs), de la branche réaliste des éditions Dupuis (longtemps dominée par la World Presse), et de ses inclassables (des dessinateurs tirant vers le dessin de presse comme Rosy en passant par plusieurs textes sur la multiplication des styles publiés après les années 1980). Toute cette partie est très riche en reproductions d'originaux.
4) Une partie sur les valeurs et l'image de marque de la maison, qui analyse son rapport à l'Eglise, à la censure, mais aussi le développement de ses produits dérivés et de son secteur audiovisuel. Là encore, je crois que c'est pas des choses souvent étudiées. J'ai longuement discuté avec Léon Pérahia pour raconter l'histoire de Dupuis Audiovisuel depuis 1992, mais on a aussi trouvé de nombreux documents inédits relatifs à la SEPP et, encore avant, à TVA-Dupuis.
Au final, le livre comprend plus de 500 illustrations rares, dont environ la moitié est complètement inédite, principalement en provenance des archives Dupuis.
Et donc, pour plutôt partir du bon pied et pour commencer à célébrer ce livre qui a été vraiment extrêmement compliqué à produire, je vous envoie ici le dessin original des pages de gardes des albums du Journal de Spirou (qui ont été aussi utilisées pour certains albums, je sais..). Trouvé dans un carton un peu oublié au fond d'une étagère. J'espère pouvoir vous poster de très nombreux documents inédits et faire le récit des nombreuses découvertes, toujours surprenantes, d'informations nouvelles, qui ont eu lieu lors de la réalisation de cet ouvrage.
Voilà, j'espère que ça vous intéressera.
David Amram a écrit:J'ai eu accès aux documents de travail de "L'affaire Dupuis" (et du tome 2 qui n'a jamais été achevé), qui a été co-rédigé en réalité par Martens, et ils m'ont servi - avec d'autres sources - à faire dans la chronologie une mise à plat très claire et il me semble sans aucune langue de bois sur la question. Je vous renvoie à cette chronologie très détaillée, qui reprend toute l'histoire de la société, et qui est faite pour solliciter l'esprit critique des lecteurs. Ensuite, entre exposer comme je l'ai fait que cet ouvrage abordera l'histoire de la maison en grande partie à travers l'histoire de ses publications, et avancer comme vous le faites qu'il s'agira d'un inventaire, il y a une vraie différence. Je me suis peut-être mal exprimé pour que vous en veniez à penser ça. Le livre n'a rien d'une énumération plate, il est fort de mises en perspectives qui mêlent explications de choix économiques, idéologiques, esthétiques, histoire humaine et éditoriale. Faire des listes et raconter l'histoire d'un catalogue sont deux choses différentes.
Dans un inventaire, on ne raconterait pas pourquoi les premiers romans édités par Jean Dupuis, qui sont en fait des recueils des numéros des Bonnes Soirées dans lesquels ils ont été publiés sous la forme de feuilletons, étaient des contrefaçons. On ne publierait pas la lettre qui annonce le remplacement de Martens par De Kuyssche. On ne montrerait pas la lettre interne de Martens contre les hauts de page de Yann et Conrad. On ne dirait pas que Pierre Matthews, le petit-fils de Jean Dupuis, a cherché à droitiser Humo et à parasiter la revue en créant un concurrent interne, TV-S, par exemple. On ne montrerait pas comment la SEPP a renoncé à toute ambition artistique pour ne plus s'intéresser qu'à la rentabilité. On ne raconterait pas que les éditions Dupuis ont refusé le Chat du rabbin et Isaac le pirate. Etc, etc.
Et je pense qu'on se rejoint, puisque personne dans l'équipe éditoriale de cet ouvrage ne voulait d'une hagiographie.
Genug a écrit:Il était annoncé à 55,00...bone a écrit:il est annoncé pour le 31/10/2024 sur le site Dupuis (prix 65 euros)
Fiche Dupuis avec pré publication
+ 1zourbi le grec a écrit:Je réponds dans le bon sujet.Genug a écrit:Il était annoncé à 55,00...bone a écrit:il est annoncé pour le 31/10/2024 sur le site Dupuis (prix 65 euros)
Fiche Dupuis avec pré publication
C'est super cher. J'hésitais vu le sujet qui m'intéresse moins que l'histoire de Spirou, mais je vais surement passer mon tour
zourbi le grec a écrit:Je réponds dans le bon sujet.Genug a écrit:Il était annoncé à 55,00...bone a écrit:il est annoncé pour le 31/10/2024 sur le site Dupuis (prix 65 euros)
Fiche Dupuis avec pré publication
C'est super cher. J'hésitais vu le sujet qui m'intéresse moins que l'histoire de Spirou, mais je vais surement passer mon tour
Tu ne vois pas le pictogramme "feuilleter" en haut à gauche de la couv ?Cooltrane a écrit:Pas vu de preview dans le lien.
jdo a écrit:Au moins celui sur le Spirou sera plus illustré
zourbi le grec a écrit:Je réponds dans le bon sujet.Genug a écrit:Il était annoncé à 55,00...bone a écrit:il est annoncé pour le 31/10/2024 sur le site Dupuis (prix 65 euros)
Fiche Dupuis avec pré publication
C'est super cher. J'hésitais vu le sujet qui m'intéresse moins que l'histoire de Spirou, mais je vais surement passer mon tour
zourbi le grec a écrit:Je me demande quel est le public visé par ce bouquin ?
C'est peut-être plus les belges que les français car franchement, les histoires du Moustique, de Bonne soirée ou des versions en flamand, cela ne me passionne guère
tu as raisonzourbi le grec a écrit:jdo a écrit:Au moins celui sur le Spirou sera plus illustré
Justement, il ne parlera pas de Spirou en particulier mais de Dupuis en tant qu'éditeur.
Par contre, il risque avoir une belle iconographie car c'est souvent le cas avec le travail de Christelle Pissavy-Yvernault
Est-ce cette refonte qui explique que le titre, pourtant annoncé (et même pourvu d'un ISBN dans ma mémoire), ait été autant retardé, ou bien est-ce ce report (pour une autre raison) qui vous a donné l'occasion d'étoffer l'ouvrage...?David Amram a écrit:C'est 65 euros pour 432 pages. Le prix précédent indiqué avait été établi pour une version avec cent pages de moins. La véritable histoire de Spirou 1 est à 55 euros pour 120 pages de moins.
David Amram a écrit:C'est bien entendu un point de vue compréhensible. D'une certaine façon, tant les études des Bonnes Soirées, du Moustique, ou des romans permettent justement de mieux approcher ce qui nous passionne, à savoir la bande dessinée. Ce sont des passages rarement explorés qui permettent de battre en brèche les idées reçues sur la place de la bande dessinée chez Dupuis et comprendre certains partis-pris éditoriaux. Pour la première fois, s'en dégage une vision d'ensemble qui permet de voir comment la bande dessinée, de très anecdotique, est devenue le coeur de la maison d'édition. Et inversement, comment elle a porté ombrage à d'autres secteurs que voulait développer l'éditeur (comme le livre pour enfants). Ainsi, tous les sujets mentionnés recoupent, expliquent et enrichissent l'histoire de nombreux grands auteurs de bandes dessinées : Le Moustique, c'est la revue où a débuté Le petit Nicolas de Sempé & Goscinny et par laquelle - entre autres - Jijé et Morris entrent chez Dupuis, les Bonnes Soirées est le point de départ de la collaboration entre Goscinny et Uderzo (mais aussi les débuts de Plantu), les versions flamandes témoignent des divergences politiques au sein de la maison et sont le lieu du développement de toute une génération d'auteurs néerlandophones (Ever Meulen, Swarte, Kamagurka !), etc...
Enfin, cela dit, comparativement, la place accordée à l'histoire du journal de Spirou et aux partis-pris graphiques des grands auteurs Dupuis occupe la grande majorité de l'ouvrage (plus de 250 pages).
Cooltrane a écrit:Et puis Seccotine était supposée travailler pour Moustique
David Amram a écrit:C'est bien entendu un point de vue compréhensible. D'une certaine façon, tant les études des Bonnes Soirées, du Moustique, ou des romans permettent justement de mieux approcher ce qui nous passionne, à savoir la bande dessinée. Ce sont des passages rarement explorés qui permettent de battre en brèche les idées reçues sur la place de la bande dessinée chez Dupuis et comprendre certains partis-pris éditoriaux. Pour la première fois, s'en dégage une vision d'ensemble qui permet de voir comment la bande dessinée, de très anecdotique, est devenue le coeur de la maison d'édition. Et inversement, comment elle a porté ombrage à d'autres secteurs que voulait développer l'éditeur (comme le livre pour enfants). Ainsi, tous les sujets mentionnés recoupent, expliquent et enrichissent l'histoire de nombreux grands auteurs de bandes dessinées : Le Moustique, c'est la revue où a débuté Le petit Nicolas de Sempé & Goscinny et par laquelle - entre autres - Jijé et Morris entrent chez Dupuis, les Bonnes Soirées est le point de départ de la collaboration entre Goscinny et Uderzo (mais aussi les débuts de Plantu), les versions flamandes témoignent des divergences politiques au sein de la maison et sont le lieu du développement de toute une génération d'auteurs néerlandophones (Ever Meulen, Swarte, Kamagurka !), etc...
Enfin, cela dit, comparativement, la place accordée à l'histoire du journal de Spirou et aux partis-pris graphiques des grands auteurs Dupuis occupe la grande majorité de l'ouvrage (plus de 250 pages).
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