Altice doit trouver des alliés dans le sportSFR abandonne le sport et passe le relais à une filiale qui devra revendre les chaînes sport à Canal + ou Orange.En catimini, SFR a tourné la page de la fameuse convergence Télécom-Média cette semaine. Après avoir montré ses muscles en raflant les droits du foot anglais puis ceux de la Champion's League et de l'Europa League, l'opérateur télécom n'a pas réussi à démontrer que l'addition des droits audiovisuels attractifs pouvait à la fois augmenter le revenu et diminuer le taux de désabonnement des abonnés à des forfaits de téléphonie siglés SFR. Le constat d'échec est patent. Pragmatique, Altice (la maison mère de SFR) a donc décidé de délester l'opérateur télécom de tous les droits sportifs et audiovisuels accumulés pour les loger dans une nouvelle structure baptisée Altice Pay TV. Cette dernière est dirigée par Alain Weill, qui conserve, par ailleurs, son titre de président de SFR
L'annonce n'est pas neutre. D'un côté, SFR fera une économie de 600 millions d'euros, ce qui lui permettra de montrer un profil financier plus favorable auprès des investisseurs. D'autant qu'il conserve en son sein la partie télévision gratuite (ex-NextRadioTV avec BFMTV, RMC et RMC Découverte) qui dégagera une centaine de millions d'euros de profit en 2018.
Mais de l'autre, la nouvelle filiale Altice Pay TV commence l'année avec une charge de 600 millions d'euros, qui grimpera à 1 milliard au second semestre avec le début de la diffusion de la Champions League. En face, il n'y a pour le moment pratiquement aucune recette.
D'où l'urgence à trouver un nouveau modèle économique si la filiale ne veut pas afficher une perte très élevée en 2018. Ce modèle est celui d'un éditeur et revendeur de bouquets de chaînes. En premier lieu ses chaînes sportives SFR Sport 1, 2, 3, 4 et 5 qui diffusent le championnat de foot anglais et diffuseront la Champion's League et l'Europa League. «Nous avons toujours dit que nous ne voulions pas d'exclusivité. Que nous sommes ouverts à la revente de nos chaînes à d'autres distributeurs», affirme Alain Weill. C'est vrai. Mais tant que SFR misait sur le foot pour séduire de nouveaux abonnés, la stratégie consistait à proposer la revente des chaînes SFR Sport à des prix tellement élevés que Canal + et Orange avaient poussé des grands cris.
Aujourd'hui, la donne a changé. Altice Pay TV doit absolument vendre ses chaînes soit en abonnement direct (OTT), soit à des tarifs de gros pour espérer amortir les droits audiovisuels acquis. Mais les acheteurs potentiels sont en position de force. À l'exception de SFR qui sera certainement le premier client d'Altice Pay TV. Alain Weill étant le patron des deux entités, il devrait trouver un terrain d'entente.
Avec les autres distributeurs, les premiers contacts ont été pris. Chez Orange on reconnaît des discussions préliminaires mais sans plus. Stéphane Richard a toujours été clair. Son métier est de mettre à disposition de ses clients les meilleurs contenus. Ce sera donc une question de prix. Les bonnes relations personnelles entre Alain Weill et Xavier Niel (chacun a été administrateur de la société de l'autre) pourraient aussi permettre d'avancer avec Free. Mais pour l'instant les propositions ne sont pas encore sur la table. En revanche, le souvenir des passes d'armes entre Alain Weill et Martin Bouygues à propos de l'arrivée de LCI sur la TNT gratuite pèse encore sur les relations avec Bouygues Telecom.
L'enjeu principal est de convaincre Canal +. Et là, ce ne sera pas facile. «Il n'y a aucune discussion précise entre SFR et Canal +, nous n'avons reçu aucune proposition formelle, ce n'est pas d'actualité», indique la chaîne cryptée. Pour avancer, il faudra certainement offrir des prix très attractifs. Pourtant cette opération aurait un intérêt pour Canal +. La chaîne cryptée qui a perdu beaucoup de droits sportifs a déjà récupéré la distribution de ceux de beIN Sports. En distribuant ceux de SFR Sports, Canal + pourrait dire à ses abonnés qu'il offre l'intégralité du foot en France et en Europe. Altice Pay TV a aussi la possibilité de commercialiser ses chaînes directement sur Internet. Ce sera le cas avec Amazon qui devrait offrir la possibilité à ses clients de s'abonner à des chaînes sur son appli.
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