J'ai pris beaucoup plus de plaisir à lire ce deuxième Tome que le précédent. La narration est moins laborieuse, le ton moins enfantin. On retrouve le jeune Marcel et son adorable famille, et on fait la rencontre du pittoresque Lili, dans les magnifiques paysages de Provence sous leurs couleurs automnales et hivernales. Le style élastique de Tanco se marie toujours aussi bien avec les couleurs de Cordurié.
J'ai beaucoup aimé les passages du refuge dans la grotte du « Grosibou » sous l'orage, ou la rencontre nocturne du fantôme « du Grand Félix » dans les bois. On sent que l'artiste s'est fait plaisir à illustrer ces séquences un peu effrayantes, teintées de romanesque.
Si l'on rit aux Pagnolades, les enjeux avec la traversée illégale du canal et l'épisode du garde sont beaucoup plus graves. La fin de cette histoire est toujours aussi dramatique et mélancolique, une véritable prise de conscience de la fragilité de la vie...
Petit bémol, Il manque la partie où Pagnol révèle comment le hasard l'a rendu propriétaire du château de la Buzine, celui qu’il associait à l’humiliation de son père et à la peur de sa pauvre mère...Je ne comprends pas pourquoi les scénaristes Scotto et Scoffel ont décidé de rayer ce passage de leur adaptation. L'achat de ce château, enraciné dans l'histoire de cette famille, de ce mythe de l'univers Pagnolien, donne pourtant au titre tout son sens.
Je sais qu'il y a une certaine polémique concernant la réalité de la traversée de cette propriété parmi les fans de Pagnol, l'auteur ayant habilement brouillé les pistes entre vérité et imaginaire. On s'est creusé pendant des années à retracer le parcours de la petite famille le long du canal depuis le tramway à la Barasse, à essayer de retrouver les fameuses portes que Joseph ouvrait avec la clef de Bouzigue, mais le mystère demeure entier...Peut-être que les scénaristes n'ont pas voulu relancer le débat ?
Quoi qu'il en soit, les « Souvenirs d'enfance » retrouvent une seconde jeunesse avec ces BD. Toute la poésie et la beauté de l’œuvre de Pagnol sont parfaitement retranscrites.
4/5.
“Mille millions de mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest ! C'est de l'eau !”