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La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Et toute cette sorte de choses . Fais pas semblant de pas comprendre

Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede choregraphe » 16/07/2023 22:04

Message précédent :
chutt !! ils n'y a un tirage que de 3000 Albums [:bdgest]
Et si vous faissiez un petit tour par la

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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede ALCANTE » 19/07/2023 12:06

ar sparfel a écrit:Bref, un sacré coup de cœur malgré la gravité d'un tel sujet.


Merci :love:
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede ALCANTE » 19/07/2023 12:11

ALCANTE a écrit:Je reviendrai certainement ici vous faire part de mes commentaires.


Chose promise, chose due, voici donc mon (très long, désolé) compte-rendu / avis sur Oppenheimer (le film) que j’ai eu la chance de voir deux fois hier en avant-première belge, invité par le chargé de la promotion du film par Universal Pictures que je remercie vivement ici !

La première vision s’est faite au Kinepolis en version Imax, la seconde au Palace en 35 mm et ce sont réellement deux expériences différentes. La version Imax rend plus impressionnantes les séquences plus « grand spectacle » et notamment la préparation du Test Triny et l’explosion, lors de laquelle j’étais littéralement scotché à mon siège ! Par contre, j’ai davantage apprécié le dernier tiers du film (qu’on pourrait comparer globalement à un huis clos) dans sa version 35mm.
Je vais commencer par ôter tout suspens : le film de Nolan est vraiment très bon, une expérience de cinéma marquante, et je le recommande chaudement à tout le monde, même si j’ai des bémols que je développerai ci-dessous. Mais la mise en scène est impressionnante, les acteurs excellents, la musique envoûtante, et la fin marquante.
Je précise que je ne suis pas spécialement fan de Nolan. J’ai beaucoup apprécié certains de ses films, mais d’autres m’ont laissé froid. J’admire certes sa virtuosité de réalisateur pour toutes les séquences à grand spectacle, mais j’éprouve rarement de l’empathie pour ses personnages et ses constructions narratives ne me convainquent pas toujours, voire me perdent complètement.

Oppenheimer est le film que j’ai préféré de lui, certainement après la 2ème vision.

Evidemment, en tant que scénariste de « La Bombe », j’y suis allé avec un regard un peu spécial, passionné par le sujet et plutôt connaisseur en la matière, et il m’était impossible de ne pas faire de comparaisons. Or les deux histoires ne sont pas réellement comparables en fait. Ça parait assez évident, mais « Oppenheimer » raconte l’histoire… d’Oppenheimer, tandis que « La Bombe » raconte l’histoire de la bombe atomique (qui l’eut cru ?) Très clairement, si vous vous intéressez à Oppenheimer, vous en saurez plus sur lui après le film qu’en lisant « La Bombe ». Mais si vous vous intéressez plus à l’histoire de la bombe atomique, vous en apprendrez bien davantage dans notre roman graphique.

En effet, « Oppenheimer » ne s’aventure à l’étranger que pour y suivre Oppie lorsqu’il étudiait en Europe (Cambridge, Göttingen, Leyde). Le film ne montre donc strictement aucune image des recherches allemandes, de l’uranium au Congo, du sabotage de l’usine norvégienne, de Staline, ...Et surtout, le film ne montre absolument rien (!) de Hiroshima ou de Nagasaki. Même pour le projet Manhattan, les lieux montrés sont peu nombreux : quelques secondes à Chicago (où fut réalisée la 1ère réaction en chaîne, tout juste évoquée ici), et strictement rien sur Hanford et Oakridge ou étaient produits l’uranium enrichi et le plutonium. On montre juste Los Alamos et le site du test Trinity.

J’ai trouvé que le rythme du film est très élevé, et beaucoup de personnages défilent. Il me semble qu’il sera difficile à suivre si vous n’avez aucune connaissance préalable de ce sujet. Selon moi, il y a aussi de nombreux dialogues ou allusions qui échapperont à ceux qui n’en connaissent pas du tout le contexte.

Le film est donc vraiment centré sur Oppenheimer (attention, si vous ne voulez rien savoir du film avant d’aller le voir, arrêtez-vous ici SPOILER ALERT) et peut globalement être divisé en trois parties d’environ une heure chacune :
- Oppenheimer étudiant et académicien (1923 – 1941)
- Oppenheimer sur le projet Manhattan (1942-1945)
- Oppenheimer durant son audition de sécurité (1954 – 1959)

Ces trois parties s’entremêlent sans cesse l’une à l’autre, et la troisième partie est également vue sous l’angle de Lewis Strauss, le président de la Commission de l’Energie Atomique (américaine). Les séquences relatives à Strauss sont en outre filmées en noir et blanc. L’histoire ne se déroule donc pas vraiment par ordre chronologique (comme c’est très souvent le cas chez Nolan), ce qui la complexifie quelque peu, mais cela reste globalement très clair et ne cause pas de problème de compréhension.

La première partie, où l’on suit Oppenheimer étudiant puis dans ses débuts académiques, est très bien faite. On y retrouve bien le caractère exalté et quelque peu bizarre d’Oppenheimer, On y découvre aussi ses sympathies envers plusieurs personnes communistes, dont ses rencontres amoureuses (sa femme Katherine « Kitty » Puening et sa maîtresse Jean Tatlock) et son ami Haakon Chevalier. On y sent aussi très bien l’excitation qui régnait alors parmi les physiciens de l’époque qui étaient en train de découvrir un tout autre monde, celui de la physique quantique (les atomes, les électrons,…). On découvre tous les grands noms, tels Einstein, Heisenberg, Böhr etc.

Je n’ai rien à redire à cette première partie, si ce n’est ce qui semble être une confusion assez étonnante où Oppenheimer commence à parler allemand à l’université de Leyde (aux Payx-Bas) et est ensuite félicité pour sa très bonne connaissance du néerlandais, tout en étant visiblement parfaitement compris par (l’allemand) Heisenberg !? Il semble que l’on ait confondu totalement l’allemand avec le néerlandais, c’était un peu bizarre. Ceci dit, C’est la seule erreur que j’ai notée dans le film, et elle est assez anecdotique.

La seconde partie est évidemment celle la plus attendue dans tous les sens du terme, il s’agit de son travail en tant que directeur scientifique Manhattan. C’est évidemment passionnant. La reconstitution de Los Alamos (et de sa construction) est bluffante de réalisme. On voit aussi bien la tension entre les militaires (qui voulaient compartimenter le tout au maximum) et les scientifiques (qui avaient besoin de collaborer entre eux pour davantage d’efficacité). On voit également les tensions naissantes entre Teller (qui deviendra le père de la bombe H) et Oppenheimer.

La reconstitution du test Trinity est vraiment « majestueuse ». Je mets des guillemets car le terme n’est pas tout à fait approprié vu que ça concerne une arme de destruction massive, mais au niveau cinématographique pur, c’est un grand moment. Effroyable.

Pas grand-chose à redire non plus sur ce qu’on voit dans cette partie-là, mes bémols étant plutôt liés à ce qu’on ne voit pas : on se concentre exclusivement sur Los Alamos et on ne voit rien des autres sites. Du coup, on ne voit pas la première expérience en chaîne contrôlée de l’Histoire à Chicago, et on ne se rend pas compte de l’immensité des travaux que le projet a nécessité. Pour rappel, Hanford pour la production de plutonium, c’est un site de 1500 km2 qui a nécessité 5000 ouvriers. Oakridge, pour la production d’uranium enrichi, c’est 20.000 ouvriers, une usine de 800 mètres de long qui est le plus grand bâtiment jamais construit etc etc.

Je trouve aussi que l’atmosphère de paranoïa qu’induisait le secret absolu aurait pu être mieux rendue. La série TV Man(h)attan était peut être plus efficace à ce niveau.

Rien non plus sur tout ce qui se passait ailleurs dans le monde, comment se déroulait le projet allemand de recherches atomiques etc etc.

Enfin, la troisième partie montre en détail l’audition de sécurité d’Oppenheimer en 1954. L’audition faisait suite à une accusation lancée à son encontre d’une trop grande complaisance à l’égard du communisme, voire d’être un espion russe. Des soupçons existent à son encontre car les russes ont entretemps développé leur propre bombe, et les américains savent que cela n’était possible que suite à de l’espionnage à Los Alamos. Oppenheimer se verra lavé de tout soupçon de déloyauté, mais son accréditation de sécurité sera cependant levée, ce qui détruit alors sa carrière pendant plusieurs années (jusqu’à sa réhabilitation en 1963).

Cette audition est mise en parallèle avec la préparation de Lewiss Strauss (Président de la Commission de l’Energie Atomique) à sa propre audition devant le Sénat en vue de devenir Secrétaire d’Etat du Gouvernement Eisenhower, audition "tendue" car plusieurs scientifiques lui reprochent en effet le rôle trouble qu'il aurait joué dans l’audition d’Oppenheimer.
Cette troisième partie est aussi l’occasion de montrer les remords croissants d’Oppenheimer quant au développement de la bombe atomique, et ses objections par rapport au développement de la bombe H (sujet sur lequel il était en conflit avec Lewiss). La mise en scène de cette dernière partie est brillante et la musique (un peu trop présente sans doute à ce moment-là) instille certes une forte tension.

Cependant, cette troisième partie souffre pour moi d’un quadruple problème. Premièrement, elle vient après l’essai Trinity qui s’apparentait à un véritable climax. Après une séquence d’une telle intensité, la tension retombe inévitablement et le temps qui s’écoule paraît alors plus long. Deuxièmement, le suspens autour d’une éventuelle culpabilité d’Oppenheimer ou de l’identité de l’espion ne marche pas vraiment. Le film est un peu brouillon à ce moment-là. Troisièmement, le film passe trop rapidement sur les états d’âme d’Oppenheimer par rapport à Hiroshima et Nagasaki, s’attardant trop sur ces auditions et se transformant en un huis clos judiciaire : qui a bien pu dénoncer Oppeheimer et pourquoi ? C’est certes une question intéressante, mais la (vraie) réponse est en fin de compte un peu « décevante ». Enfin, et surtout, l’enjeu dramatique de cette troisième partie se résume finalement à la question de savoir si oui ou non Lewis Strauss va être nommé Secrétaire d’Etat, ce qui n’a pas grand intérêt, certainement pas pour le grand public. Je crains qu’un certain nombre de spectateurs ne soient déçus par cette troisième partie, même si je le répète, le brio de la mise en scène permet de garder l’intérêt.

Le film se termine cependant par une séquence (très) marquante, par une espèce de mini twist scénaristique qui fait son effet.

Quelques bémols quand même, tous liés au fait que le film reste très fort marqué par la vision américaine de l’histoire de la bombe atomique.

Tout d’abord, le rôle des scientifiques européens est largement passé sous silence. Les deux scientifiques européens que l’on voit le plus, finalement, ce sont Einstein et Niels Bohr qui, paradoxalement, n’ont pas vraiment joué de rôle important dans le développement de la bombe. Par contre, Szilard et Fermi (qui ont joué un rôle majeur) sont quasiment totalement passés sous silence. Oppenheimer est vraiment présenté comme le seul père de la bombe atomique.

Ensuite, force est de constater que le film ne remet pas en cause ni ne questionne vraiment la nécessité absolue de bombarder Hiroshima et Nagaski.

Certes il y a quelques allusions aux démarches des scientifiques qui s’y opposent pour des raisons morales, et certes Oppenheimer dit dans le film qu’ils ont bombardé un pays « essentiellement vaincu », mais globalement on reste vraiment dans le narratif américain qui dit que la bombe était un mal nécessaire pour mettre fin à la guerre, éviter un débarquement au Japon et ainsi « sauver » un grand nombre de vies. Ainsi, après la capitulation de l’Allemagne, lorsque quelqu’un dit « la guerre est finie », Oppenheimer répond « sauf pour les GI qui doivent débarquer au Japon ».

De même, on voit aussi, plus tard, le secrétaire à la Guerre, Henry Stimson, déclarer lors d’une grande réunion que « selon des sources secrètes, il est absolument certain que les Japonais ne se rendront jamais sous aucune condition ». C’est là le point qui m’a le plus gêné. Les américains savaient en effet que le Japon était terriblement affaibli et cherchait une porte de sortie honorable pour capituler. Il y a avait encore de la place pour la négociation ! Le Japon n’avait plus de marine, plus d’aviation, plus d’alliés, il n’était vraisemblablement même pas nécessaire de débarquer : un simple blocus aurait affamé le Japon et l’aurait poussé à capituler.

Le film ne va donc pas (ou pas suffisamment en tous cas selon moi) à l’encontre de l’idée que la Bombe a finalement permis de sauver des vies humaines et qu’elle était donc un mal nécessaire, ce qui est pourtant très largement contestable.

Autre aspect très américain : aucune critique n’est faite quant aux victimes collatérales du projet Manhattan. Pas un mot par exemple sur les « human products », ces personnes auxquelles on a injecté du plutonium à leur insu. Pas un mot non plus sur les retombées radioactives autour du site Trinity.

Dans le même ordre d’esprit, on garde malgré tout une image un peu trop lisse d’Oppenheimer. Dans le film, on le voit plusieurs fois expliquer que le fait qu’il développe la Bombe ne lui donne aucun pouvoir par rapport à la décision de l’utiliser ou non, et comment, et qu’il s’agit là de décisions purement politiques et militaires auxquelles il n’a rien à dire. Dans les faits, il a quand même participé à la fois au Target Committee (qui a choisi Hiroshima comme meilleure cible) et à l’Interim Committee (qui a exclu l’idée de faire une démonstration pacifique de la bombe aux japonais afin de leur laisser la possibilité de capituler en connaissance de cause).

Dans le film, Lewis Strauss déclare qu'Oppenheimer devrait le remercier d'avoir contribué à faire en sorte que les gens l'associent davantage au test Trinity qu'à Hiroshima et Nagasaki. Mais le film de Nolan fait de même à mon sens.
Car en effet, et c’est ma critique principale, le film ne montre absolument AUCUNE (!) image ni d’Hiroshima ni de Nagasaki. On parle certes du nombre de victimes, mais cela reste des chiffres assez froids. La destruction totale, l’anéantissement d’Hiroshima et Nagasaki et les souffrances des victimes sont tout au plus évoquées assez rapidement. Les remords exprimés par Oppenheimer ne sont d’ailleurs pas tellement liés aux victimes d’Hiroshima et Nagasaki, mais bien davantage au fait d’avoir ouvert une boîte de Pandore, ce qui pourrait peut-être mener à la destruction du monde. C’est sans doute une image assez fidèle de ce qu’Oppenheimer pensait lui-même, mais le souci c’est que cela renforce à nouveau (selon moi) l’idée que la légitimité de l’usage de ces bombes par les USA sur les deux villes japonaises ne peut pas être discutée. Or, selon moi, continuer de légitimer une attaque passée contribue à laisser ouverte la possibilité d’une attaque future. La fin du film évoque d’ailleurs cette possibilité de manière terrifiante, et en ce sens le film de Nolan, plutôt que de nous faire regretter un passé, nous met en garde contre le futur – ce qui en fait un film d’actualité, finalement.

Voilà.

Au total, malgré quelques bémols « Oppenheimer » reste pour moi un film puissant, envoûtant et marquant, que je vous incite à aller voir. Et je pense que « La Bombe » est vraiment un excellent complément pour parfaire votre vision du sujet.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Fanbd21 » 19/07/2023 12:45

Merci beaucoup pour cette analyse... et encore bravo pour votre album!
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Divelord » 19/07/2023 12:51

Merci pour votre retour :respect:

Il me donne envie de voir ce film alors que ce n'était pas prévu à court terme ;)
Des bulles... et des bulles !

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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Olaf Le Bou » 19/07/2023 17:13

c'est rigolo, ça confirme mes a priori exprimés sur le topic cinéma du forum : évacuation de Szilard, vision américaine ne doutant pas de la nécessité de lancer la bombe sur le Japon.


Super retour et chronique détaillée en tous cas, merci !
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede LFB » 19/07/2023 17:50

Merci Didier pour cette longue analyse - je vais voir le film demain et je ferai également mon petit rapport !
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede LFB » 20/07/2023 17:44

Et voici mon "rapport qualité" promis...

Ces quelques lignes, si vous le voulez bien, pour donner suite à un double visionnage aujourd'hui : le film événement "Oppenheimer" de Christopher Nolan et le documentaire "Oppenheimer to end all war" (disponible sur myCanal) de Christopher Cassel. Vous vous doutez qu'avec mes chers coauteurs Didier Swysen et Denis Rodier, nous attendions avec impatience ce moment qui remet forcément notre Bombe dans l'actualité, qui plus est la semaine de sa sortie conjointe aux Etats-Unis et au Japon ! "Amusant" aussi, alors que nous avons commencé notre projet, en 2015, de constater que huit ans plus tard les planètes s'alignent pour faire de cet été 2023 un "atomic time" - et que, modestement, nous en faisons partie tout de même…
Voici donc ma contribution au débat et désolé s'il y a quelques spoilers…
Oppenheimer, le film donc. Nolan est un réalisateur majeur, dont j'ai adoré Interstellar, Memento, et beaucoup apprécié Batman begins et The Dark Knight. Moins convaincu en revanche par Tenet, et pas du tout par Inception et Batman rises… Mais bon, comme toujours chez lui, on ne pourra qu'avoir été ébloui par un montage brillantissime (en tout cas non linéaire et bien complexe), un travail sur le son prodigieux et une "intelligence" globale tout au long du film qui en fait un produit haut de gamme pour les spectateurs. La première partie du film, montrant le parcours d'Oppie jusqu'à Los Alamos est passionnante et comme tout le monde sait que c'est le personnage que j'ai préféré mettre en scène dans La Bombe, je me suis régalé à voir comment étaient montrés les grands faits de sa vie. Je me doutais que l'épisode de la pomme au cyanure serait présent, je l'ai malgré tout trouvé trop rapide et trop isolée. Il aurait fallu montrer d'autres épisodes (il y en a !) où la personnalité pour le moins tourmentée de Julius Robert était visible à cette époque… Ensuite, on rentre dans le vif du sujet avec la période Los Alamos et la construction de la bombe, qui culmine donc avec l'essai Trinity. C'est intense, dense, et la reconstitution est superbe, bien sûr. J'ai bien aimé les confrontations Oppie/Groves, portées par deux acteurs fantastiques, et je crois que nous en étions arrivés un peu à la même chose dans La Bombe… A vous de nous dire !
Arrive alors le meilleur moment, l'essai Trinity, superbe de montée en puissance et qui nous procure une incroyable surprise au niveau du son… franchement je ne m'attendais pas à ce choix artistique qui est osé et qui fonctionne "merveilleusement"…
Ensuite… eh bien c'est là que le bât blesse, et je pense que c'était le "piège" qui attendait forcément Nolan. Déjà, qu'on le veuille ou non, à partir du moment où l'essai Trinity représente l'acmé, eh bien on ne peut que "redescendre" de ce climax (surtout qu'il reste une heure de film…). Ce ne sont pas des auditions devant un petit comité dans une petite salle qui servait de rangement qui font remonter le rythme. Cette dernière partie est évidemment trop longue, avec la sacro-sainte règle hollywoodienne qu'il faut un "ennemi" au héros, en l'occurrence Lewis Strauss. Le genre de film "à procès" comme je les appelle, qui est souvent un genre en soi, mais qui menace toujours de sombrer dans une relative langueur répétitive… Et encore, je dirais pourtant que ce n'est pas totalement le cas ici car ce personnage de Strauss permet au moins d'exposer la dualité, la complexité d'Oppenheimer qui, en effet, a peut-être trompé beaucoup de monde sur sa vraie nature…
Le film, globalement, est très américano-centré, et les justifications des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki rejoignent tout de même tous les discours officiels qu'on peut entendre depuis plus de 75 ans. Nolan n'est pas loin d'être parfois un peu plus subtil et de vraiment permettre de hurler à l'injustifiable, mais se ravise aussitôt en se rappelant sans doute qu'il ne faut pas, sans doute, heurter trop son public et ses producteurs…
Je persiste à avoir été étonné de n'avoir pas vu une seule séquence "véritable" consacrée à Hiroshima. Je ne peux pas croire qu'il n'ait pas voulu aussi "recréer" ce moment clé de l'Histoire. Est-ce dû à un manque de budget, sans doute déjà très important, ou alors une vraie (fausse ?) justification sur le fait de rester au plus près de son personnage principal et de s'interdire justement toute "dérive spectaculaire" ? Je le lui demanderai les yeux dans les yeux le jour où j'aurai peut-être la chance de le rencontrer…:)
Pour finir, je dois aussi avouer que je n'ai pas été convaincu par les "apparitions" du personnage d'Einstein. La fameuse scène "au chapeau qui vole" et "au dialogue secret" entre les deux m'est apparue un peu vaine et pas si forte que ça (et pourtant mise en exergue à fort renfort de montage annonciateur)… Je peux comprendre la tentation scénaristique d'introduire à ce point un personnage aussi fort qu'Einstein mais j'ai eu l'impression que c'était hélas un peu artificiel. Il faudra que je demande à mon ami Etienne Klein ce qu'il en pense, ça m'intéresse (je me permets de révéler qu'on est en train d'écrire un roman graphique sur le grand bonhomme, sortie en 2024, infos à venir très bientôt...)). Cela débouche en tout cas sur une mini séquence finale, dont je me permets de dire qu'on la voyait venir grosse comme une maison, forte certes – mais trop courte !
Le documentaire "To end all war" est donc un bon complément au film, même s'il gagne, dommage pour lui, la palme de la plus mauvaise affiche de l'année. Entendre et revoir le vrai Oppie, découvrir plein de photos plutôt méconnues, se rendre dans des lieux aussi iconiques que son bureau à Los Alamos, et surtout entendre quelques intervenants prestigieux, comme le petit-fils du savant ou Richard Rhodes, dont le travail d'enquête sur cette période a été si important… Il y a un curieux choix graphique de séquence en animation qui a été fait et qui ne fonctionne pas toujours à mon avis. Là encore, on ne s'appesantit pas trop sur les décisions concernant le largage des bombes sur le Japon, pour rester sur l'homme. Parfois, avec ce contexte de guerre contre l'Allemagne nazie et ces "avancées technologiques" qui ont justifié le travail de ces scientifiques, c'est assez pratique de mettre la poussière sous le tapis sur un rôle sujet à débat aux Etats-Unis…
En définitive, et cela me rassure forcément, je dirais que notre Bombe est la synthèse idéale mais surtout "supérieure" au film et au documentaire. Le fait que notre personnage Leo Szilard n'apparaisse qu'une minute maximum dans le Nolan est déjà la preuve que nous avons apporté d'autres séquences, d'autres points de vue, d'autres "coulisses" à l'intérieur du projet Manhattan, d'autres personnages tout aussi forts que Lawrence, Teller ou Groves… Nous avions voulu aussi faire un livre "universel" avec tous les continents ou presque impliqués et surtout le Japon, avec un vrai focus sur Hiroshima, la vie de cette ville avant le 6 août 1945, et comment même le bombardement en lui-même s'était déroulé… A ce titre, c'est peut-être aussi M. Nolan qui seraient intéressés de nous rencontrer, non ?
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede nexus4 » 20/07/2023 18:19

Merci pour vos retours détaillés, c'est passionnant alors que je n'ai pas vu le film. :P

Pour l'absence de Leo Szilard, et d'autres, il faut rappeler une évidence : le film s'appelle Oppenheimer et non La Bombe. :lol: On a donc un focus hyper centré sur le personnage alors que vous vous êtes attachés à la prouesse technologique, à ce que cela à mobilisé comme matière grise, logistique, etc. et à ses conséquences. Je ne sais pas on peut faire ce reproche à Nolan d'avoir, par là même, donné la part belle aux américains.

Au passage, je ne sais plus si on en a parlé ici. Vous avez vu la mini série Manhattan ? Et si oui, vous la situez où dans la Trilogie Oppenheimer , La Bombe, Manhattan.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede ALCANTE » 20/07/2023 23:39

nexus4 a écrit:Au passage, je ne sais plus si on en a parlé ici. Vous avez vu la mini série Manhattan ? Et si oui, vous la situez où dans la Trilogie Oppenheimer , La Bombe, Manhattan.


Oui, oui, je l'ai vue et elle est pas mal faite du tout. ça fait bien six ans que je l'ai vue, donc ce n'est plus tout frais dans ma mémoire, mais je me souviens que la reconstitution de Los Alamos était très efficace, avec l'ambiance complètement parano induite par les rappels constants de la nécessité de tout garder secret.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Aildiin » 21/07/2023 00:36

Felicitation pour la sortie de la traduction americaine du livre cette semaine aux editions ABRAMS COMICARTS.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede ar sparfel » 22/07/2023 19:25

Petit commentaire rapide après avoir vu le film. Un film que j'ai beaucoup aimé.
[Révéler] Spoiler:
Cependant, la troisième partie est longue, trop longue, surtout après l'explosion de Trinity.
Je regrette un peu le choix de Nolan de ne pas avoir élargi un peu le propos, ne serait-ce que les avancées allemandes notamment avec leur utilisation de l'eau lourde et l'opération visant à détruire la seule usine en Norvège.
L'angle américain est un choix délibéré, mais j'aurais apprécié que le film aborde un peu plus toutes les recherches avant guerre, ressentir plus la course à la bombe qui s'est opérée durant les dernières années de la guerre.
Il n'empêche que le film est très bien réalisé et envoutant.


Et relire l'album quelques jours avant d'y aller a été un plus pour lire entre les lignes certains moments du film.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Omega man » 26/07/2023 18:06

A chaud, je vais surtout parler du propos

[Révéler] Spoiler:
J'ai trouvé que le film insistait trop sur la critique de la cancel culture à travers cette illustration de la chasse aux sorcières.
Oppenheimer était complètement inconnu du grand publique et personne ne lui en a jamais voulu.
Après, ça permet de mettre en place la thématique de la dépression que je trouve bien représentée dans le film.
D'ailleurs est-ce qu'il avait vraiment des crises d'anciété pareilles (il a des hallucinations dans le film!)?

Mais j'espérais surtout que le film calme les ardeurs des va-t-en-guerre qu'on a vu éclore sur les plateaux télés puis sur les canapés depuis quelques mois.
Au final, je trouve le film très soft, je n'ai pas ressenti une peur à la hauteur de l'évènement décrit.

J'ai beaucoup aimé le rôle de sa femme ainsi que l'interprétation de Blunt; très bon personnage féminin qui met son sexe en valeur sans écraser l'autre.


Maintenant je m'en vais relire La Bombe :lire: qui comme son nom l'indique n'a pas le même sujet d'étude que le film.
Et je reviendrais lire les remarques des auteurs (merci, c'est génial d'y avoir accès).
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede icecool » 27/07/2023 09:08

Sur Oppenheimer, je serai pour ma part beaucoup plus critique :
- le film n'apprend strictement rien de la construction ou des interrogations éthiques autour de la bombe atomique, si l'on est un minimum renseigné sur ces sujets ;
- le rôle (et le poids) des différents savants impliqués dans le projet Manhattan est à peine esquissé ;
- Einstein est à la fois présent/absent : le film interroge paradoxalement, en reflet, sur un manque cinématographique total : où est dont le "grand film" sur Einstein ?
- la dernière partie n'a à peu près aucun intérêt, et éloigne assez considérablement les spectateurs de ce pour quoi ils sont venus voir le film : le suspense et les enjeux liés à l'invention de la bombe, face aux forces de l'Axe.
- les climax ne pouvaient être constitués que par l'essai Trinity (cf. bande-annonce, de ce point de vue) et la première explosion sur Hiroshima : Nolan passe volontairement à côté du second, pour filer sur le film de procès, qui est loin ici de passionner les foules à mon sens... Etonnant de ne pas vouloir rejoindre une "dénonciation par l'image hyperviolente" de la guerre qui puisse ici rejoindre Spielberg (Il faut sauver le soldat Ryan) ou Gibson (Tu ne tueras point), chacun à leur manière.
- seuls points forts indéniables : la mise en scène et les interprétations.

Bref : relisez plutôt La Bombe !
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Omega man » 27/07/2023 10:33

Je suis sur la même longueur d'onde.

Et encore je vous trouve gentil avec la mise en scène qui reste discrète la plupart du temps.
Elle a ses fulgurances, notamment en faisant mumuse avec le son, mais reste discrète la plupart du temps.
[Révéler] Spoiler:
J'ai beaucoup apprécié le point de vue de sa femme quand il dévoile son infidélité


Pour revenir sur le "procès", comme je le disais au dessus, j'y vois un parallèle avec la cancel culture et les nouveaux tribunaux style réseaux sociaux.
==> Un Homme dont on va déterrer dans le passé le moindre élèment qu'on va sortir de tout contexte pour détruire sa réputation et l'empêcher d'exercer son talent sans véritable forme de procès.

CF Kevin Spacey par exemple

C'est un sujet intéressant mais comme vous je pense qu'il prend trop de place et occulte la bombe en elle-même.

Nolan a vraiment choisi un autre sujet et je crois qu'on va être nombreux à se sentir flouer.

Je préfère également ce que raconte La Bombe :lire:
Ce sont deux oeuvres finalement très différentes et complèmentaires.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Nori El Violette » 29/07/2023 04:24

icecool a écrit:- Einstein est à la fois présent/absent : le film interroge paradoxalement, en reflet, sur un manque cinématographique total : où est dont le "grand film" sur Einstein ?

Il y a ce "grand film", non ?
https://www.youtube.com/watch?v=dEL_BT_Z6Yg
Plus sérieusement, j'attendrai sans doute la sortie vidéo pour voir ce film, si je trouve du temps pour aller au cinéma en ce moment, je risque plus d'aller à un festival qu'il y a actuellement.
Mais j'adore La Bombe, une BD passionnante.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede Omega man » 29/07/2023 14:19

LFB a écrit:J'ai bien aimé les confrontations Oppie/Groves, portées par deux acteurs fantastiques, et je crois que nous en étions arrivés un peu à la même chose dans La Bombe… A vous de nous dire !


Merci pour vos retours, je trouve vos deux analyses très pertinentes et les rejoins dans les grandes lignes.

Personnellement, j'ai eu autant de mal que dans Interstellar à voir autre chose que Matt Damon.
Là où je trouve tous les autres acteurs habités par leur rôle et donc méconnaissables, je n'ai pas vu un général de l'armée américaine mais Matt Damon avec une moustache.
Et l'acteur fait trop jeune et trop en forme comparé à la réalité. A mes yeux c'est l'erreur de casting
Pour moi, votre rendu écrase celui de Nolan sur ce personnage.
Par exemple, l'introduire comme étant le militaire responsable du chantier du Pentagone caractérisait d'entrée la dimension de l'homme.

Votre livre est d'ailleurs une expérience plus marquante et enrichissante que le film qui, rappelons le fonctionnent en complémentarité et je conseillerai à tous de de lire la Bombe plutôt que de regarder Oppenheimer si un choix devait être fait car il couvre un bien plus large spectre des évènements avec une vision plus nuancée.

J'espère que le succès du film va refléter sur votre travail et qu'un maximun de gens l'auront entre leurs mains afin de creuser le sujet.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede nexus4 » 29/07/2023 15:14

Omega man a écrit:Là où je trouve tous les autres acteurs habités par leur rôle et donc méconnaissables, je n'ai pas vu un général de l'armée américaine mais Matt Damon avec une moustache.

J'ai ri. :lol:
Et on voit tout à fait ce que tu veux dire. Déjà dans le bande annonce il dépareillait.
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede tzynn » 26/10/2023 09:12

Aujourd'hui, passage dans une librairie BD de Melbourne. Seulement 2 franco-belges sur l'ensemble des rayons, plutôt bien achalandés notamment en indépendants: La bombe et Blacksad. J'ai fait une petite photo pour les auteurs, je posterai ça un de ces jours
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede LFB » 27/10/2023 02:24

Ah, merci pour cette info ! Et on veut bien voir la photo, oui…:)
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Re: La Bombe - Alcante, Bollée, Rodier - Glénat

Messagede tzynn » 27/10/2023 08:40

Finalement j’ai quand même trouvé des Astérix et des Tintin, Blacksad et la Bombe. Ca reste exclusif :-D

IMG_5366.jpeg


Note je ne sais pas pourquoi il me bascule la photo, je l’ai prise correctement. Enfin bon
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