Nirm a écrit:Manipulation ?
C'est un peu le but de chaque scénariste non ? Présenter les faits (réels ou fictionnels) de manière à orienter le lecteur pour lui faire ressentir les émotions voulues.
Et si c'est à son insu certainement mieux.
Qu'ici le récit ne fonctionne pas avec toi, je comprends, mais faire ce reproche n'a pas de sens (sans agressivité Pouffy, tu le sais bien), ou alors il faut le faire à chaque histoire qu'on te raconte (BD ou pas).
Du coup, tu peux préciser ton ressenti histoire que je saisisse ce que tu voulais dire ?
Merci d'avance.
Dans une fiction, j'aime bien me faire promener et je suis effectivement déçu quand ça ne fonctionne pas. Si je prends les romans de Michel Bussi : "N'oublier jamais" j'avoue que j'ai marché à fond et que je n'ai rien vu venir, alors que pour "Un avion sans elle", j'ai compris dès le début le dénouement et donc forcément le livre perd de son intérêt. Là on est dans la fiction pure. D'ailleurs les auteurs qui s'amusent à mettre inutilement en avant des mentions "inspiré de faits réels ou d'après une histoire vraie" pour donner de la crédibilité à leurs œuvres m'agacent (Harlan Coben, Dan Brown...). Une fiction c'est une fiction, utiliser des éléments réels pour lui donner de l'épaisseur ça ne me gène pas (Nury le fait souvent et c'est généralement très bon), mais mettre ce point systématiquement en avant pour justifier que son récit est meilleur, je trouve ça malhonnête (cf. la pelleté d'excellents bouquins de SF ou de Fantasy qui n'en n'ont pas besoin).
Ensuite, je sors des romans pour aller dans les documentaires engagés. Bon tu as tout ce qui est "journalisme" à la Rural ou Kobane Calling... là encore je ne partage pas forcément les opinions mais au moins tu vois les pérégrinations de l'auteur. Dans L'homme qui tua Chris Kyle on est dans du retraitement de l'information un peu comme dans Cigarettes, le dossier sans filtre, sauf que pour ce dernier tu sais tout de suite où tu vas. Dans L'homme qui tua Chris Kyle l'orientation du récit n'est pas aussi tranchée... en fait ce qui me dérange c'est les auteurs veulent faire passer une opinion (c'est expliqué à la fin) sans l'argumenter mais en se basant uniquement sur des faits. C'est comme si dans une dissertation la structure de ta démonstration n'était basée que sur des exemples mais pas sur des arguments. Ce serait neutre si les faits n'était pas choisis pour asseoir une opinion. C'est là où je parle de manipulation maladroite (un peu comme du Mickael Moore). Dans la construction ça se veut neutre alors que ça ne l'est pas du tout... en plus ça rend le récit décousu et extrêmement froid. J'aurai préféré une approche plus argumenté Comme dans Cigarettes, le dossier sans filtre ou alors une approche différente comme Mon ami Dahmer en partant d'Eddie Ray Routh.
Après jouer avec le lecteur c'est toujours amusant, et en plus s'il apprend des choses c'est encore mieux. Là je pense à 22/11/63 où Stephen King utilise une fiction pour amener son point de vue sur un fait historique. J'ai appris plein de choses et au final non je ne partage pas son opinion... mais ça ne m'a pas gêné, parce que la façon d'y arriver était bien enrobée. Un peu comme dans Transpotting, plutôt que de faire un film sur la drogue c'est mal, l'histoire suit les aventures d'un personnage principal aux abords sympathiques et dont l'opinion du public autour du personnage évolue au cours du film.
Bref ce n'est pas le travail de documentation autour du bouquin qui me gène, ni le propos d'ailleurs, c'est la structure du récit... un peu comme si dans une thèse je n'avais que les annexes, certes pertinentes et bien classées. Ca laisse penser que le lecteur en tire des conclusions lui même... alors le chemin de la réflexion est ultra bordé.