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JOKER : Bermejo et Azarello

Forum pour discuter de la bande dessinée US

Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Baltimore » 17/12/2013 21:44

Message précédent :
Jetjet a écrit:
Baltimore a écrit:Lu hier soir, les points positifs sont quand même les dessins et l'ambiance malsaine, flippante.
Je pense que l'histoire aurait mérité un plus gros développement.


C'est à dire ? Qu'aurais tu voulu y voir de plus ?

Je trouve que ça se lit vite. J'aurai préferé un beau pavé, histoire de rester longtemps dans cette ambiance et dans cette histoire.

A mon avis, pour être un chef d'oeuvre, une histoire doit être bien développée.
A contrario, une histoire très développée n'est pas forcémment un chef d'oeuvre.

Je ne sais pas si vous voyez ou je veux en venir.
Pour moi, "Killing Joke" est une sacrée bonne histoire, mais pas assez developpé pour prétendre au rang de chef d'oeuvre. Idem pour "Joker".
C'est comme si "Watchmen" faisait 50 pages....le rendement et l'impact ne serait pas le même.

Peut-être que je vais faire bondir certains d'entre vous, mais c'est ma vision des choses.
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Jimbolaine » 17/12/2013 22:03

Baltimore a écrit:A mon avis, pour être un chef d'oeuvre, une histoire doit être bien développée.
A contrario, une histoire très développée n'est pas forcémment un chef d'oeuvre.


Je ne partage pas cet avis : je ne pense pas que la longueur d'un récit soit en rapport avec sa qualité et son impact (et sa pérennité). Cette vision est sans doute héritée du sens classique du mot "chef-d'œuvre", qui renvoie à une "œuvre maîtresse" et magistrale, quelque chose d'imposant, un plus grand défi que les autres.
En revanche, je suis d'accord pour dire que la longueur permet une immersion plus grande, mais là encore, c'est lié au talent de l'auteur : on peut trouver des gens qui vont nous laisser trois milles pages pourries, hein.
Mais pour ce qui est du format comic, la structure en épisodes de 22/22 pages par mois permet de sacrées variations. Et justement, d'imposer des longueurs différentes. Si les Swamp Thing de Moore constituent une magnifique série, ses histoires les plus courtes, ses épisodes solo (et là, le premier qui me vient en tête, c'est "Rite of Spring") constituent selon moi des chefs-d'œuvre.
Pour revenir à l'idée de défi énoncée au début de ce post, j'aurais tendance à penser que l'histoire courte, en BD, constitue un défi à part entière, peut-être même un défi pour grand. Et Moore, question histoires courtes, il a laissé quelques merveilles.

Enfin, pour ce qui est de l'idée d'un chef-d'œuvre court, je vous laisse lire ou relire le "Master Race" de Bernie Krigstein :
http://spaceintext.wordpress.com/2010/0 ... krigstein/


Nuff said, comme dit le grand Stan.



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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Olaf Le Bou » 18/12/2013 09:29

Jimbolaine a écrit:Enfin, pour ce qui est de l'idée d'un chef-d'œuvre court, je vous laisse lire ou relire le "Master Race" de Bernie Krigstein :
http://spaceintext.wordpress.com/2010/0 ... krigstein/


Nuff said, comme dit le grand Stan.



Jim


:daccord:

la dernière planche est magnifiquement construite.

[Révéler] Spoiler:
et c'est très bien amené, parce que dès le début on se dit qu'il va y avoir un retournement de situation de ce type, puis finalement que non, puis finalement si !
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Bigwolf » 18/12/2013 13:54

Quel beau topic sur le Joker !

La première fois que j'ai lu Killing Joke, j'étais comme Balimore : enchanté du récit qui prenait beaucoup de stéréotypes à contre pied (cf les brillantes analyses de nos camarades sur la victoire du Joker) mais frustré d'un format trop court qui posait trop de questions, trop de portes ouvertes sur Barbara Gordon, sur ce pauvre type qui serait le Joker etc. Pour moi, un truc qui dépote ça doit être gros ! Le Seigneur des anneaux pas Bilbo (les livres, hein).

Et en fait, l'âge aidant ( :D ) j'ai compris que c'était ce format court qui est le cadre et une des clés de que j'appelle un des chefs-d’œuvre de l'univers Batman. Encore plus aujourd'hui où l'on est sur des runs parfois sans fin, qui pèsent plus lourd que des altères quand on veut se faire l'intégrale.

Un des meilleurs Batman (ou le meilleur Joker, c'est selon) et l'un des plus courts. je trouve cela vraiment très fort et, au final, heureusement, que Master Moore n'a pas fait plus long.

Et oui, bien sûr 'est le Joker qui gagne et peut-être encore plus que cela tellement cet album a marqué.

Merci Jim pour ce "Master Race" de Bernie Krigstein. Je l'avais lu dans (très très bon) un hors série sur la BD américaine du magazine BeauxArts qui pour la première fois (? je crois) l'avait traduit en français et fait commenter par Art Spiegelman.
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Thometymal » 24/12/2013 00:37

:food:
je viens de lire "Joker" et vraiment je ne regrette pas du tout cet achat.

(C'est d'autant plus important que c'est mon 1er comics !)

Je errais chez le libraire à regarder le rayon comics sans l'idée dans acheter un, quand je suis tombé sur cette couverture, ce sourire.
Un sourire qui justement ne donne pas envie de rire.

Je suis resté quelque secondes l'admirer avant d'ouvrir ce livre et le dessin m'a convaincu sur le champ.
1minute après il était acheté.

:lire:
On plonge très vite dans cette ambiance malsaine, violente et c'est bon !
On est là, au côté d'un détraqué on suit son jeu en sachant que tout peux déraper d'un moment à l'autre et on commence a craindre pour la suite.

Le fait d'utiliser un narrateur autre que le Joker lui même est finement joué car cela permet de laisser le mystère sur ses mécanismes, ses réflexions et ainsi ne pas toucher à tout ce qui fait de lui ce qu'il est.

Je ne connais pas l'univers de Batman en comics, je n'ai vu que les films (jusqu'à the dark knight) et les séries animés de mon super-héros favori (la encore je ne connais pas des masses de S-H)
J'ai bien essayé the "Dark Knight" ou "Dark Knight return" mais ça ne m'a pas plu, bref, Batman n'est pas le sujet et justement, cet ouvrage m'a apporté une vision bien plus réelle et sombre de ce que peut être ce "méchant", ce que j'en connaissais et c'est exactement ce à quoi je m'attendais d'après la couverture; le sourire ne m'a pas menti :)

[:flocon:2]
En trois mots: J'ai adoré !

Je n'ai pas lu killing joke mais je crois que je vais pas trainer (arf si j'avais su je l'aurai commandé au gros barbu)
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Jimbolaine » 24/12/2013 01:33

Thometymal a écrit:(C'est d'autant plus important que c'est mon 1er comics !)


Bienvenu dans le monde formidable de la BD américaine !
Il est des nôôôôtreuh…


Thometymal a écrit:Je ne connais pas l'univers de Batman en comics, je n'ai vu que les films (jusqu'à the dark knight) et les séries animés de mon super-héros favori (la encore je ne connais pas des masses de S-H)


Pas grave, t'as tout ton temps, et y a plein de discussions qui peuvent t'aiguiller ici et là…


Thometymal a écrit:J'ai bien essayé the "Dark Knight" ou "Dark Knight return" mais ça ne m'a pas plu, bref, Batman n'est pas le sujet et justement,


C'est vrai et c'est pas vrai en même temps : Dark Knight Returns raconte l'histoire d'une reconquête de soi, de Bruce Wayne qui redevient Batman (ou l'inverse ?). Mais c'est vrai que le retour de Batman s'accompagne d'une transformation de toute la société qui l'entoure, donc ça parle essentiellement de Batman, mais également de l'univers qu'il modifie par sa seule présence.
Mais tu peux aussi te référer à ce qu'on en a dit sur la discussion idoine (les deux dernières pages te donnent de bonnes pistes de lecture :
post3071667.html?hilit=%20frank%20miller#p3071667

Et si tu veux en savoir plus sur Batman, y a la Batman Anthologie chez Urban, qui t'offrira un éventail très large de toute sa carrière, avec un environnement éditorial de première importance :
post3079947.html?hilit=%20frank%20miller#p3079947


Thometymal a écrit: cet ouvrage m'a apporté une vision bien plus réelle et sombre de ce que peut être ce "méchant", ce que j'en connaissais et c'est exactement ce à quoi je m'attendais d'après la couverture; le sourire ne m'a pas menti :)


Bon, tu ne le sais pas encore, mais moi, je ne suis pas toujours fan du côté "réel et sombre". C'est pas ce qui me fait rêver le plus…


Thometymal a écrit:Je n'ai pas lu killing joke mais je crois que je vais pas trainer (arf si j'avais su je l'aurai commandé au gros barbu)


Voilà, excellent choix, tu ne seras pas déçu.
Et, pareil, si tu as besoin de clé de compréhension et de pistes de lecture, on a longuement parlé de Killing Joke plus haut.


Un monde de merveilles s'ouvre à toi !




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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Thometymal » 26/12/2013 21:28

J'ai survolé les posts qui parlait de Killing joke pour garder mon avis neutre quand je le lirai et également ne pas lire par erreur des bouts de l'histoire.

Quand je disais Batman n'est pas le sujet, je voulais dire "pas le sujet de ce post".

Je ne sais plus lequel des deux titres suscités j'ai lu mais je n'ai pas réussi à le finir.

Une case sur deux on voit la télé avec la speakerine qui demande "Batman or not Batman?" et le reste du temps c'est Batman qui pense... du coup ça a fini par me gonfler.
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Jimbolaine » 27/12/2013 01:41

Thometymal a écrit:J'ai survolé les posts qui parlait de Killing joke pour garder mon avis neutre quand je le lirai et également ne pas lire par erreur des bouts de l'histoire.


Tu as bien raison.
Mais comme je dis, tu vas découvrir une histoire formidable.


Thometymal a écrit:Quand je disais Batman n'est pas le sujet, je voulais dire "pas le sujet de ce post".


Ah pardon, j'avais pas compris.


Thometymal a écrit:Je ne sais plus lequel des deux titres suscités j'ai lu mais je n'ai pas réussi à le finir.


Vraiment, je suis étonné, tellement c'est d'une force d'évocation irrésistible !


Thometymal a écrit:Une case sur deux on voit la télé avec la speakerine qui demande "Batman or not Batman?"


Ah tiens !
Bon, "une case sur deux", tu exagères. Mais je vois ce que tu veux dire (et c'est sans doute le premier, Dark Knight Returns, mais il utilise le procédé, en variant, dans Dark Knight Strikes Again.
Bon, moi, je suis super client, pour mille et mille raisons. La première, c'est que je trouve que ça donne un autre son de cloche au récit, on n'est pas centré sur le héros, ça permet justement de voir des points de vue qui ne sont pas le sien, et c'est intéressant. La seconde (voir plus bas), c'est aussi que tout le propos de Dark Knight Returns, c'est de voir comment le retour de Batman influence sur le monde alentours, et notamment la ville et les médias (sans compter les super-vilains, dont le Joker. Et les médias, leur rôle dans le récit, c'est d'être une caisse de résonance qui amplifie les rumeurs, les sentiments, les avis, tout ça… Les médias (et donc les cases en écran télé) constituent un personnage en soi, dans cette série.


Voilà ce que j'en disais ailleurs :

Jimbolaine a écrit:
Baltimore a écrit:
Baltimore a écrit:
Jimbolaine a écrit:Au contraire, je crois que Dark Knight Returns, au-delà de ses qualités propres (qui sont colossales…), est très intéressant parce qu'il présente un Batman en dehors de la continuité (donc, pour reprendre ce que dit Plumo, on peut le lire "sans se prendre la tête à devoir tout acheter") et pose particulièrement bien les enjeux du personnage. Donc vraiment, moi, je le conseillerais. D'autant que, d'une certaine manière, il fonctionne en réponse à Year One.

DKR très très interessant, mais c'est fou ce que j'ai été énervé par la télé :?


Je l'ai lu il y a assez longtemps, mais j'avais été pas mal échaudé par la présentatrice télé dans son petit écran qui intervenait toutes les 3 cases. Une critique des médias je suppose. J'ai trouvé que ça coupait trop souvent le rythme.
En fait, c'est presque ça qui m'a le plus marqué...même si le fond de l'histoire est génialissime.



Tu parles des cases en écran de télé, comme dans cet exemple ?

http://www.blogcdn.com/www.comicsallian ... dk-185.jpg

Ah moi, j'ai adoré.
J'aimais déjà bien quand il lançait le processus dans ses derniers Daredevil, mais j'adore comment il articule tout son récit avec cet outil-là. Et je trouve que ça dynamise énormément, parce que ça impose de glisser des scènes courtes entre chaque "case écran télé", et donc d'imposer un rythme soutenu.
De plus, l'un des axes de Dark Knight Returns, c'est comment la légende se répand, comment le retour de Batman après dix ans d'absence perturbe et transforme la société tout entière (influence sur les citoyens, sur les gangs, sur Carrie Kelley, sur Gordon…). Et la narration par écrans télé se fait l'écho de ça, montrant les avis pour, les avis contre, les conséquences au quotidien (attaque de boutiques, vigilantisme, récupération politique…). Ça gagne du temps, ça gagne de la place, ça gagne en nervosité. Je suis super fan.

Cependant, j'ai longtemps trouvé ça révolutionnaire. Mais des années plus tard, en lisant les premiers American Flagg de Howard Chaykin, j'ai découvert que c'est Chaykin qui a généralisé voire systématisé le procédé. C'est lui qui se sert de la télé pour passer de l'information, et pour opérer une véritable critique de l'omniprésence des médias (alors que Miller, me semble-t-il, en tout cas dans Dark Knight Returns, semble s'intéresser davantage à la fonction de relais et de caisse de résonnance des médias, qu'à leur omniprésence).
Alors Chaykin et Miller se connaissent, ils ont partagé un studio au début des années 1980 (avec Simonson et Starlin…), Lynn Varley a fait les couleurs des premiers American Flagg avant de faire celles de plein de BD de Miller (et accessoirement de devenir son épouse…), Chaykin dessine Miller dans une histoire courte d'American Flagg récente… Donc je pense que c'est l'influence des pages d'American Flagg qui se ressent chez Miller.

Mais Chaykin est un incroyable précurseur : que ce soit sa narration (les différentes voix off, les écrans télé, les ellipses…), les thèmes abordés (la privatisation des forces de l'ordre, la télé réalité, le virtuel, les médias…), l'ambition (choisir les indépendants pour créer une série de politique fiction au moment où Marvel et DC lui déroulaient le tapis rouge…). Le problème pour le lectorat français, c'est que Chaykin est complètement méconnu (parce qu'il n'a pas été traduit beaucoup, et fort peu en albums). Mais American Flagg!, Time2, Blackhawk, Black Kiss, autant de trucs qui ont montré des pistes pour la suite. C'est un défricheur incroyable. Mais le redécouvrir aujourd'hui, alors que ses contemporains (Miller, Simonson, puis Moore et d'autres) et ses suiveurs (que serait un Mark Millar, qui a clairement lu Chaykin, sans Chaykin ?), c'est rude, parce que ses successeurs sont plus hype. Et pourtant, et pourtant…

Bon, je dévie, mais pour en revenir à la narration en écran télé, je trouve ça génial, moi !

Jimbolaine a écrit:
Le Complot a écrit:Oui j'en avais déjà parlé avec Ulys je crois ou bien c'était déjà toi. C'est sympa de vouloir déconsidérer la boîte à images que je n'aime pas particulièrement mais là c'est un peu too much.


C'est un outil narratif puissant et efficace. Ça se marie très bien avec le projet esthétique du Dark Knight Returns, à savoir un gaufrier de seize cases. Et, comme je le dis plus haut, dans ce premier volume, je ne crois pas que Miller fût motivé par une critique des médias en tant que tel. D'ailleurs, même dans The Dark Knight Strikes Again, je crois que son intention est davantage de faire le portrait d'une caisse de résonance que d'en faire la critique. Après tout, c'est par la télévision que Batman reconstruit sa légende.


Thometymal a écrit:et le reste du temps c'est Batman qui pense... du coup ça a fini par me gonfler.


C'est marrant, parce que moi, je trouve ça génial, la voix off, surtout utilisée de la manière déstructurée, comme un vrai flux de pensée, manière que Miller a plus ou moins imposée avec Dark Knight Returns (et qui explose dans Elektra Assassin, atteignant des niveaux jamais égalés). Vraiment, je trouve ça pertinent, ça passe tellement d'information tout en donnant une vision tellement précise du personnage…

D'une manière générale, je trouve aussi que la voix off traitée de cette manière arrive à une époque (le milieu des années 1980) où elle propose une alternative intéressante à la bulle de pensée. Elle permet de rester en prise avec ce que les critiques (Thierry Smolderen, je crois, je sais plus…) appelaient "la boîte noire des super-héros", leur esprit, sans recourir à une bulle (peut-être un peu artificielle). Ça créait une dynamique assez formidable, un moyen super efficace de passer plein d'info, et un outil pour caractériser les personnages avec une grande vivacité et pertinence. Dans le cas de récit comme Batman : Year One, ça avait enfin l'avantage d'associer les récits à une ambiance de polar et de roman noir, ça collait parfaitement.
Et je trouvais que Miller s'en sortait avec brio, et même légèreté, il créait des effets formidables (répétitions, phrases courtes et non-verbales…) qui restituaient avec force l'état d'esprit des héros au moment où on les suivait. Je n'ai jamais vu un équivalent aussi efficace (à part DeMatteis, mais il avait commencé à faire des trucs du genre en même temps que Miller, peut-être avant, même…). Personne ne me semble avoir géré la voix off aussi bien.

Pour en revenir au sujet de cette discussion, je te conseille quand même la lecture de Dark Knight Returns, parce que Miller présente une version vachement intéressante du Joker. Et réfléchit aux liens qui unissent le héros et le vilain au sein de Gotham City. Épisode remarquable, selon moi. Mais bon, toute la série est remarquable.



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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Thometymal » 27/12/2013 09:41

Pfiou tu le défend ce Batman !! :D

J'y reviendrai, en essayant de voir les choses autrement.

Mais je ne connais pas les comics je ne sais pas qui a écrit quoi, à quel moment, ni comment étaient faites les choses avant, ce qui a changé aujourd'hui et pourquoi c'est génial (ou pas).

Merci ;)
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Jimbolaine » 27/12/2013 10:10

Thometymal a écrit:Pfiou tu le défend ce Batman !! :D


Ça a été un vrai choc pour moi à la première lecture (en VF vers 1988, je dirais). Mais au-delà de mon expérience personnelle, ça a été aussi un moment clé pour le personnage, et pour l'histoire des comic books de super-héros en général, et ça reste une œuvre formelle aux choix esthétiques, narratifs et thématiques forts.


Thometymal a écrit:J'y reviendrai, en essayant de voir les choses autrement.


Tranquille. T'as tout ton temps.
Mais si tu y reviens, alors je suis content.


Thometymal a écrit:Mais je ne connais pas les comics je ne sais pas qui a écrit quoi, à quel moment, ni comment étaient faites les choses avant, ce qui a changé aujourd'hui et pourquoi c'est génial (ou pas).


C'est pour ça qu'il faut pas hésiter à poser des questions et fureter sur les discussions, y a plein de gens qui peuvent répondre et conseiller.


Thometymal a écrit:Merci ;)


De rien.




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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede barytenor » 28/12/2013 16:53

Thometymal a bien résumé ce que je pensais de cet album. Je n'y reviendrais pas.

L'association Bermejo et Azarello est explosive et a produit un excellent Joker.

Je me situe au niveau narratif qui est pour moi, un petit bijou de découpage du récit.
Bien pensé, bien équilibré, aucune lourdeur dans l'histoire qui viendrait annuler ou parasiter le parcours sinistre d'un Joker totalement psychopathe, hors de contrôle et cruel.

Notre imaginaire est sans cesse sollicité et c'est cela aussi qui me plait dans une bd.
Pas de temps mort, on ne passe pas son temps à palabrer. Les mots et les sous-entendus sont habilement suggérées.
En une case on comprend ce qui ce se passe ou ce qui est dit entre les protagonistes.
Chaque réponse du Joker est toujours une invitation élégante et courtoise de fermer sa gueule ou de réfléchir sur soi même.

La transition entre chaque case, oblige le lecteur d'être en quelque sorte, le témoin oculaire de l'odyssée meurtrière du Joker.
C'est un sentiment que j'ai rarement éprouvé dans une BD : malaise, oppression,'insécurité.
Je pense que nous sommes tous, plus ou moins, le Johnny Frost. Ce type impuissant, pauv' gars qui n'aurait jamais dû se porter volontaire pour chercher une canaille démente à la prison d' Arkam.

D'ailleurs, on se demande comment ce pauvre Johnny a pu rester encore vivant et protéger son bourreau ...
Johnny est le faire valoir du Joker, il ne peut rester éternellement le toutou à son maitre.
Honnêtement, il y a matière à faire un second tome.

Ce qui m'épate chez ce dessinateur, c'est la gestuelle du Joker, la description de la folie cynique destructrice.
Cette façon atroce et despotique de regarder les gens, les gestes menaçants, les mimiques.
P- ex. les plans serrés sur les lèvres comme pour suggérer ou souligner, la partie la plus sinistre de ce personnage, prête à broyer et déchiqueter sans pitié, sa proie.

Sans parler du choix graphique de Bermejo qui suggère la noirceur du Joker, les décors glauques, ce sentiment omniprésent de la saleté humaine et sociale qui colle à tous les personnages et les bas fonds de gotham.

Je n'en demandais pas plus ou plutôt si ... 20 pages de plus !!!
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Thometymal » 28/12/2013 21:31

Moi qui connais mal l'univers Batman je trouve sympa de l'appréhender de ce côté la; le côté de méchants.

Du coup il y a différent titre qui me botte drôlement comme la splendeur du pingouin ou des titres à paraître comme les tourments de Double-Face ou les patients d'arkham.

Dans quoi j'me suis lancer [:my name snake:2] si j'me dis que je vais acheter des comics [:bdgest]
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Jimbolaine » 28/12/2013 23:37

Thometymal a écrit:Dans quoi j'me suis lancer [:my name snake:2] si j'me dis que je vais acheter des comics [:bdgest]


Tu as mis le pied dans l'engrenage, là, il est trop tard !
;)



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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede barytenor » 29/12/2013 12:57

Jimbolaine a écrit:
Thometymal a écrit:Dans quoi j'me suis lancer [:my name snake:2] si j'me dis que je vais acheter des comics [:bdgest]


Tu as mis le pied dans l'engrenage, là, il est trop tard !
;)



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Absolumment ! Je plussoie, c'est exact.
Ca fait bientôt 6 mois que je farfouille dans les rayons comics, 6 mois que j'ai abandonné la BD francophone qui ne répond plus à mes attentes, à mes exigences artistiques au niveau récits, thèmes etc ... )
Dans les comics, j'y trouve un vent de fraicheur, d'originalité, de créativité assez phénoménal.
Une fois qu'on est entré dans le comics, la BD francophone me parait fade, tiède voire sans saveur.
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede alexkid_bdgest » 31/12/2013 12:05

Dommage que le Joker dans "Joker" ressemble tant à Heath Ledger, ils auraient pu faire autre chose quand même, c'est un peu facile (même si Bermejo se défend d'avoir copié les traits, et même si le comics a débuté avant la sortie du film). J'ai beaucoup de mal à croire que ce soit le fruit du hasard !

Hormis ce point, personnellement j'ai adoré, bien sombre et bien glauque. Narration au top, raconté du point de vue d'un autre, ça permet aussi de conserver le mystère de ce que le Joker pense ou ressent .. On reste dans le mystère de sa folie, c'est très inquiétant.

Par contre ça n'apporte strictement rien à l' "Histoire" et Killing Joke reste au dessus à mon sens, d'ailleurs j'attends la réédition de chez Urban Comics en Mars avec impatience, je l'ai lu en version électronique...
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede ulys » 31/12/2013 12:50

alexkid_bdgest a écrit:Dommage que le Joker dans "Joker" ressemble tant à Heath Ledger, ils auraient pu faire autre chose quand même, c'est un peu facile (même si Bermejo se défend d'avoir copié les traits, et même si le comics a débuté avant la sortie du film). J'ai beaucoup de mal à croire que ce soit le fruit du hasard !


Bin justement moi ça ma plut. ;)


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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Guy Georgou » 11/01/2014 14:08

en préambule, comme je l'ai déjà dit ailleurs, je continue de lire de temps en temps du comic essentiellement pour le vivier à dessinateurs qu'est la bd US et les talents qui en émergent. Les scénaristes je les connais surtout en fonction de leurs collaborations. Ainsi Azzarello par le biais de ses Hellblazers avec Frusin ou Corben. Bermejo je découvrais, dans le détail, le passage à la lecture, la seule façon de savoir si on aime ou pas. Hé bien j'ai lu Joker en restant en surface, assez indifférent aux persos. l'histoire ne restera pas dans ma mémoire. peut-être que son point de départ, la libération du Joker, comme ça, sans explications qui tiennent la route, m'a dérangé d'emblée. Ensuite Bermejo, ben je suis pas client finalement, malgré des qualités. Mais ce n'est pas un dessin d'une grande lisibilité, ni très dynamique. le résultat d'ensemble encrage + couleur est un poil vulgaire. Par moment ça m'a fait penser aux polars en bds en noir et blanc hyper réaliste de Jean-Claude Claeys, pas une référence car désuet voire chiant.
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Jetjet » 13/01/2014 10:52

barytenor a écrit:
Jimbolaine a écrit:
Thometymal a écrit:Dans quoi j'me suis lancer [:my name snake:2] si j'me dis que je vais acheter des comics [:bdgest]


Tu as mis le pied dans l'engrenage, là, il est trop tard !
;)



Jim


Absolumment ! Je plussoie, c'est exact.
Ca fait bientôt 6 mois que je farfouille dans les rayons comics, 6 mois que j'ai abandonné la BD francophone qui ne répond plus à mes attentes, à mes exigences artistiques au niveau récits, thèmes etc ... )
Dans les comics, j'y trouve un vent de fraicheur, d'originalité, de créativité assez phénoménal.
Une fois qu'on est entré dans le comics, la BD francophone me parait fade, tiède voire sans saveur.



Faut ptet pas exagérer, il y a de très bonnes choses également dans la bd franco-belge tout comme dans les comics ! Un "notre seul ami commun", Grocery, Skraeling ou Apocalypse sur Carson City sans oublier Mutafukaz et j'en oublie beaucoup d'autres prouvent de la bonne santé de la bd francophone !
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Sebi » 18/01/2014 19:32

Très sympathique le petit bonus hommage à Calvin & Hobbes dans l'édition d'Urban !
"Tu y crois toi? À tout ce qu´on te raconte, moi putain j´ai du mal, doit y avoir autre chose... Non, me dis pas toi, que vivre fatigue, qu´on ne fait que passer, doit y´avoir autre chose."
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede Gulavhar » 05/03/2014 22:10

Dire que je l'ai acheté "à reculons" par sur du tout de la qualité de l'oeuvre ... bien m'en a pris, car j'ai vraiment aimé ! Ce coté "malsain" est génial, Joker m'est apparu sous un nouveau jour. Bref, je recommande :D
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Re: JOKER : Bermejo et Azarello

Messagede christi » 07/04/2021 11:52

Je viens de relire cet album et j'ai pris une bonne claque... :ok: Le dessin est une merveille et comme lui, les dialogues contribuent bcp à l'ambiance poisseuse et noire de ce récit... L'histoire fait pas mal songer au film "The king of NY" d'Abel Ferrara. Certains éléments du scénario m'ont fait un peu tiquer, notamment lors de la scène du zoo
[Révéler] Spoiler:
on comprend que le Joker a un truc en sa possession qui peut détruire Double-face... J'ai compris : ce double-face aurait une femme, un être cher auquel il tient? Ce n'est pas clair. Mais bon, je le comprends comme ça. Le scénariste aurait pu développer ce point davantage.

Un autre truc : Harley Queen ne prononce pas un mot durant toute l'histoire. Bizarre mais un parti pris intéressant... :)

L'incendie du Night-bar. Le Joker pète un plomb pcq Double-face ne répond pas au téléphone... Jonny Frost semble comprendre son geste. Pas clair non plus. Mais bon, on devine que dans sa folie, le Joker se sent frustré de ne pas être "écouté" lol ça doit être ça :D


Vraiment, c'est juste pour chipoter. J'ai adoré. C'est fort. Il me reste à lire Killing Joke maintenant :ok:

Une question aussi : certains ont-ils lu "Batman damned" des mêmes auteurs, et si oui, qu'en ont-ils pensé?
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