de PEB » 29/04/2021 09:40
Pour ma part, j'ai continué avec les Reines de Sang. Malheureusement, la médiathèque n'a pas tous les tomes, ce qui fait que la plupart des histoires sont inachevées...
Un peu confus.... On rentre très vite dans le vif du sujet, mais le personnage de Njinga n'est ni contextualisé (on ignore tour de son royaume, de sa jeunesse...) ni développé (ses motivations, son caractère restent assez mystérieux: cherche-t-elle le pouvoir pour elle-même, cherche-t-elle à protéger sa culture? la vengeance vis-à-vis de son frère est-elle un moteur ou bien seulement accessoire?). Le découpage est franchement bizarre: à un moment apparait une scène qui semble un flashback (le meurtre du frère, évoqué dans les pages précédentes), mais cette scène tombe tellement comme un cheveu sur la soupe que je me suis demandé si des planches n'avaient pas été inversées...
Le dessin n'est ni gênant, ni transcendant. Comme souvent sur cette série des Reines de Sang, je trouve qu'il manque de personnalité.
Mais l'histoire est intéressante et dépaysante, et on ne s'ennuie pas. Je lirai la suite avec intérêt.
Un thème exotique: le harem du sultan ottoman au XVIe siècle. Avantage: c'est beau, exotique, dépaysant. Inconvénient: l'action est très limitée et un peu répétitive... Les luttes d'influence sont bien rendues, les personnages secondaires, assez peu nombreux, sont assez développés pour les rendre intéressants. Là aussi ça se lit avec plaisir. Et là aussi, le dessin est un peu fade (rehaussé par les couleurs chatoyantes).
L'avantage des histoires antiques, c'est qu'elles ne sont arrivées jusqu'à nous que de manière fragmentaires, ce qui permet aux auteurs de laisser libre court à leur imagination! C'est bien le cas ici, avec cette histoire digne d'un feuilleton où se mêlent politique, pouvoir, violence et sexe! Le personnage central (l'une des trois Julia; mais qui donc est la troisième?) est fort et bien rendu. Le contexte est finement et clairement établi, l'action est fluide... A mon avis une des meilleures des Reines de Sang côté scénario. Le dessin est parfois un peu faible, en-dessous de la moyenne des Reines de Sang.*
A noter que cette histoire a déjà été traitée par Gilles Chaillet dans "La dernière Prophétie". La comparaison est très intéressante: côté scénario, celui de Gilles Chaillet est plus complexe (l'histoire des Julia, Macrin et consorts n'étant qu'un versant secondaire de l'intrigue qui se déroule principalement plusieurs siècles plus tard); côté dessin, le trait de Chaillet est ultra-classique: une ligne claire à la Jacques Martin, des décors magnifiques et superbement détaillés, mais en contrepartie des personnages un peu statiques. Le dessin de Sarchione pour "Les Trois Julia", plus moderne, est plus dynamique mais beaucoup moins précis, voir parfois approximatif.
Une intéressante relecture des Rois Maudits, dans laquelle la malédiction des Templiers s'abattant sur les descendants de Philippe le Bel est remplacé par la soif de vengeance et de pouvoir de Jeanne de Bourgogne. Les deux interprétations sont historiquement aussi contestables l'une que l'autre, mais la version présentée dans "La mâle Reine" est évidemment bien plus crédible puisqu'elle évacue tout surnaturel.
Le scénario est solide et bien construit. En particulier, les sauts temporels sont assez bien gérés; le premier tome débute en 1293 et le second s'achève en 1328, avec un découpage assez fluide et équilibré. Les auteurs évitent ainsi l’écueil d'Aliénor, qui passe 5 tomes pour traiter une quinzaine d'années et un seul pour les 50 suivants!
La difficulté vient du nombre important de personnages historiques présentés, tous plus ou moins cousins, appartenant à trois générations, portant des noms parfois très proches (Jeanne/Jeanny) voire des titres quasi identiques (Comte de Bourgogne, Duc de Bourgogne); on a tendance à s'y perdre et il convient donc de s'accrocher...
Le personnage central est fouillé, sans que l'on sombre dans des étalements d'états d'âme lassants, comme dans Aliénor. Le dessin est solide et homogène, tout en restant très classique.
Je n'ai pas lu le dernier tome, mais il va falloir que je me le procure.
A ce stade, voici donc mon avis comparatif sur les différentes Reines de Sang, pour ceux que ça intéresse:
Les +:
Les trois Julia: solide, efficace, clair (mais dessin très inégal)
Jeanne, la Mâle reine: bon dessin, histoire équilibrée
Cléopâtre, la Reine fatale: approche moderne et originale d'un personnage ultra-connu, héroïne bien mise en valeur, découpage très dynamique
Moyen:
Njinga, la lionne du Matamba: sujet intéressant, mais découpage confus, personnage mal contextualisé
Roxelane, la joyeuse: sujet intéressant mais pas palpitant, dessin moyen
Les -:
Aliénor, la Légende noire: trop long, personnage central mal mis en valeur, découpage mal équilibré
Catherine de Médicis, la reine maudite: assez ennuyeux
Pas encore lus:
Catherine Sforza, la lionne de Lombardie
Constance d'Antioche, la Princesse rebelle
Frédégonde, la sanguinaire
Isabelle, la Louve de France
Tseu Hi, la Dame Dragon
![[:flocon:2]](./images/smilies/flocon2.gif "Bravo")
Avec le même artifice que les auteurs resserviront pour la série sœur sur Catherine de Médicis: à la veille de sa mort, la Reine se raconte à ses proches. Du coup, on est sur un roman illustré presque autant que sur une BD... Des tics de dessin sont même venus m'agacer: ces personnages bouche grande ouverte une case sur deux, c'est pas terrible...
![[:kusanagui:6]](./images/smilies/kusanagui.gif "MDR")
