Je m'efforce de lire ou relire, au moyen de trois reliures du mensuel Record (six fascicules par reliure) dont je dispose et en faisant une sélection assez drastique dans le contenu de chaque numéro :
- les récits complets de
Record et Véronique (Goscinny/WIll), de
Marco et Aldebert (Rosy/Will), du
Calife Haroun el Poussah (ce n'était pas encore officiellement le grand Vizir Iznogoud, comploteur devant l'éternel, le personnage principal qui donnait son nom à la série, sans doute pour ne pas aller contre la morale bien-pensante de certains parents, même si l'infâme Iznogoud était en réalité depuis le début l'affreux Jojo autour duquel la narration était centrée et même s'il est toujours allé de mésaventure en mésaventure...
), de
Captain Tafia (Martial), de l'inestimable domestique
Célestin (Christian Godard), de
Pathos de Setungac (Hubinon sc. / Paape), de
la Patrouille sous-marine (Lob sc./Lenoir), de
l'inspecteur Saboum (Chakir), ainsi que :
- les gags en une planche de Pomme (Roba)
- les publicités pour Assimil (Jidéhem)
- et quelques pépites isolées comme l'unique récit complet du professeur Frédéric Rosebif (Gotlib).
Et par curiosité, je jette un œil amusé sur les jeux de Record et Véronique, écrits et conçus par Charlier et illustrés par Will.
Je ne suis en mesure de poster que quelques visuels bien pauvres, glanés ici et là, trop peu nombreux et hélas finalement assez peu représentatifs de certains contenus de la revue. La BEL, mais aussi les autres sites que j'ai pu parcourir, sont eux aussi assez pauvres dans l'iconographie. Et je n'ai pas de scanner pour donner une meilleure idée des BD dont je parle.
Fascicule 13 (le premier du recueil #3)
Fascicule double 30-31 (le dernier de la reliure #5)
Le Recueil #6
Les lecteurs, interrogés par référendum, disaient préférer les couvertures photos aux illustrations de type BD !...
Je me demande, en fait, si ce n'était pas les parents dans certains milieux où l'on se préoccupait un peu trop des lectures et des loisirs de sa progéniture, qui répondaient directement au référendum à la place de leur gamin ? Sale blague, pour le coup !... Dans le courrier des lecteurs, certaines lettres (mais qui en étaient réellement les auteurs ? Mystère...) réclamaient par exemple la suppression pure et simple des histoires débiles (sic) du Calife Haroun el Poussah (Iznogoud). Véridique !...
Fascicule 33 (recueil #6)
Cette photo d'un plongeur sous-marin et sa légende sont destinées à informer un acheteur potentiel déjà familiarisé avec le magasine qu'il trouvera à l'intérieur un récit complet de
la Patrouille sous-marine, série d'aventures scénarisée par Lob et dessinée par Lenoir. La série était de type plutôt réaliste/semi-réaliste.
Faut-il préciser que cette série est nettement moins fantaisiste et poétique que celle des aventures de Submerman
(aventures qui se déroulent également dans l'univers aquatique) que Lob écrivait en parallèle pour Pilote, magnifiquement illustrée par Georges Pichard.
Fascicule 37 (le dernier du recueil #6)
Particularité : c'est dans ce numéro qu'on trouve le récit complet intitulé
"Le caméléon" de Gotlib. Il comprend cinq planches dont trois en couleurs et deux en bichromie, dessinées en 1964. Le caméléon est présenté dans ce récit par le Pr Rosebif. Un prof qui dispense des cours sur les animaux, ça ne vous rappelle rien ?... Moi, je ne peux m'empêcher de penser au professeur Burp dans la RAB... (l'apparence physique du professeur Rosebif -c'est une photo en n&b d'un grand sec dégingandé insérée par collage dans certaines cases- est cependant moins drôle que celle du burlesque professeur Burp). Mais l'histoire est tout aussi désopilante que celles de la RAB.
). Pour situer cette bande dans son contexte, il faut savoir qu'à cette époque, Gotlib n'avait pas encore intégré Pilote. Il faisait du Gai-Luron dans Pif. Et c'est en 1965 seulement qu'il allait illustrer
les Dingodossiers pour Goscinny. Rappelons que le créateur littéraire d'Astérix, co-rédacteur en chef de Pilote, était présent dans le journal Record depuis le numéro 1
(ainsi que JM Charlier, l'autre rédacteur en chef de Pilote en cette année 1964).
Je me souviens d'une interview de Gotlib où il déclare qu'à un moment, Goscinny, surchargé, voulant abandonner les Dingodossiers, lui dit en des termes à peu près équivalents :
"Maintenant, vous pouvez y aller, Marcel ! Vous êtes tout à fait capable de voler de vos propres ailes et continuer tout seul ce qu'on fait ensemble depuis quelque temps (sous-entendu : du burlesque bien désopilant, bourré de second degré, avec pour thème renouvelé des sujets qu'offre notre monde contemporain)." Et Gotlib, humblement, déclare qu'il s'est alors lancé dans la RAB, mis en confiance par son patron. Mais, un peu comme Franquin, Gotlib ne se met pas en avant dans ses propos. Alors que manifestement, il maîtrisait la narration et l'illustration d'un gag en deux ou cinq planches dès avant son partenariat avec Goscinny.
Certains gags de Gai-Luron ainsi que ce joyau qu'est le "Caméléon présenté par le professeur Frédéric Rosebif" en sont la preuve éclatante.
Pour le nom du professeur, la trouvaille de Gotlib consistait en un clin d'œil envers le réalisateur Frédéric Rossif, lequel venait de se spécialiser dans le documentaire animalier.