de Cyril91 » 05/04/2024 03:58
Je viens de finir ce 15ème tome : comme le précédent, quasiment que des histoires de canard ; dont une mixée avec d'autres personnages Disney et une de Blanche-neige et (surtout) les 7 nains : ça nous avait manqués (ou pas).
Bref, comme souvent, il y a des choses appréciables et d'autres non dans ce volume - en particulier pour l'histoire qui lui donne son titre et sur laquelle je reviendrai plus en détail à la fin de ma critique. Parmi les choses négatives, il y a toujours cette impression de scénarios bancals, comme souvent dans les histoires italiennes. Ca se voit en particulier (mais pas uniquement) dans la première histoire, censée parodier Le capitaine Fracasse mais qui en est tellement éloigné que le rapport n'est franchement pas évident. Le patchwork de personnages, mêlant les canards, Blanche-Neige et les 7 nains, le chat du Cheshire d'Alice (nommé Lucifer, comme le chat de Cendrillon, parce que, au point où on en est, pourquoi pas ?) et 2 méchants de Pinocchio, n'arrange évidemment pas les choses.
L'histoire fait apparaître des personnages et crée de nouvelles situations sans véritable logique, et sans que ça choque les personnages. La seule fois où j'ai eu l'impression de quelque chose d'un peu construit, c'est avec l'histoire de l'arc, qui donnait l'impression d'être préparée un peu en aval.
Comme souvent, l'histoire avec Blanche-Neige est particulièrement paresseuse au niveau du scénario : la reine crée un diadème ensorcelé qui endormira Blache-Neige mais cessera de fonctionner si on le lui enlève. Pas grave : la reine est persuadé que personne ne fera le rapprochement (alors que Blanche-Neige s'évanouit juste après l'avoir porté), et elle a raison. Etape suivante : elle sème la discorde entre les nains qui ne sont plus reliés entre eux que par leur seul centre d'intérêt commun : la mine. Heu : et Blanche-Neige ? Elle n'existe plus ? (on est bien dans la même histoire, celle-ci n'est pas partie avec son prince)
Si beaucoup d'histoires souffrent de ce type de problème (pas au même point, heureusement), il y a aussi des bonnes choses. Les dessins ou les discordes entre les canards, notamment Donald et Picsou, sont souvent très amusants. Il y a aussi parfois quelques bonnes idées, comme dans l'histoire avec les coffres-tirelires (même si certains rebondissements sont forcés) ou dans Phil Ature, concurrent industriel, avec un Picsou qui sait se montrer beau joueur à la fin. Le comique absurde et les engueulades entre les personnages fonctionnent bien quand les incohérences ne sont pas trop visibles.
Ce n'est au demeurant pas le problème que j'ai avec Une yé-yé chez les canards. Elle marque l'arrivée de Chris Yé-Yé, une jeune cane qui est aussi la petite-fille de Goldie (ou la nièce dans la préface de Glénat : je n'ai pas trop compris cette différence, d'autant plus que l'éditeur ne l'explique pas par un problème de traduction). Le personnage est attachant et musant et s'insère bien dans l'univers de Donaldville. J'aime bien sa relation avec les triplés, pour lesquels elle représente une sorte de grande soeur ou de grande cousine les poussant à de nouvelles expériences , ou celle avec Picsou, grand-père ronchon mais au final indulgent envers ce nouveau personnage.
Le problème vient plutôt de Goldie, ou plutôt de ce que Scarpa en fait. Qu'elle ait une petite-fille (si c'est bien sa petite-fille, et pas une nièce) qui ne soit pas celle de Picsou, pourquoi pas ? Elle a eu une vie pendant que celui-ci était absent. Elle sait aussi se montrer maline pour pousser Picsou à prendre Chris avec lui. C'est un bon moment de cette BD.
Mais il y a beaucoup plus gênant, d'une part sur ce qu'est devenue Goldie, une cane assez pathétique qui n'a plus qu'à finir les quelques années qui lui restent dans un EHPAD, où elle aurait été maltraitée sans l'intervention de Picsou (que j'aime bien dans ce passage d'ailleurs : il fait le bien mais ne veut pas le montrer, affirmant agir par intérêt), et surtout qui est complètement dévalorisée par rapport à Brigitte, la création de Scarpa. C'est vrai graphiquement : Goldie est loin d'être aussi belle qu'elle l'était dans l'histoire de Barks (et ne parlons même pas de Don Rosa...). Mais c'est surtout vrai dans son dialogue final avec Brigitte, dans laquelle l'auteur lui fait dire qu'elle est dépassée et qu'elle laisse sa place à Brigitte. Je l'interprète comme du "Vire ta création dépassée pour laisser sa place à la mienne qui est vachement mieux" et je trouve ça d'un mépris incroyable envers le personnage et son créateur (qui a pourtant dit qu'il appréciait Brigitte, si je me souviens bien). Au-delà même de l'histoire, ça ne me donne pas une bonne image de Scarpa.