BDbilos a écrit:Silverfab a parlé d'un MAM jeunesse. Formellement c'est tout à fait ça. Chez MAM s'ajoute souvent une critique politique, iici une critique d'une ironie à priori douce mais au fond assez féroce de l'Univers des Super Héros.
L'utilisation du média comme terrain de jeu pour des SuperPouvoirs (car comme il a été dit Imbattable n'est pas seul) est poussé dans chaque épisode dans de nouvelles directions, de nouveaux retranchements.
Penser qu'il ne se passe rien dans ces histoires montre un attachement peut-être trop univoque au spectaculaire, au dramatique (souvent exacerbé de manière bien artificielle au demeurant).
Prenons cette couv aux épluchures : un super héros épluche des patates sur une feuille de journal déclarant qu'il a sauvé la ville :
- il s'est passé quelque chose, quelque chose d'important et de grave puisque la ville a failli être détruire. Cependant c'est deja le passé, cependant l'utilisation de cette feuille comme recevant des dechets révèle toute l'ephemereité de cette actualité, qui fut dramatique mais qui nest plus rien. Qui est déjà si loin qu'il est totalement inutile de dire ce qui s'est passé de si grave pour qu'il faille sauver la ville.
- Un Super Heros accomplissant le geste le plus banal du quotidien, on imagine immédiatement Batman ou Spiderman s'appliquant à la même tâche ménagère. Le tout après avoir sauvé le monde. Hiatus hilarant pour certains lecteurs, fadeur de la non-aventure pour d'autres.
Critique de la notion même de Super Héros qui à force de redites et de variations se banalise, s'affadissant à force de surenchères qui s'epuisent. Mélange-choc jubilatoire de Super Pouvoir et de quotidien de M. Toutlemonde.
Bien sûr rien de bien nouveau de chaque particularité de cette BD relevée ici. Mais ajouté au refus du dessin spectaculaire, à la volonté d'une narration calme, (refroidie pourrait-on dire, par opposition à l'hystérie habituelle des recits super héroïques), et nous obtenons un petit bijou d'inventivité et d'humour.
Inventivité et recherches sur le support, derision et ironie : du MAM mâtiné de Gotlib en quelque sorte.
Mouais.
Je trouve que l'aspect super-héroïque n'est qu'un prétexte pour justifier l'utilisation des codes oubapiens, et s'il y a "critique" et ironie (qui sont bien présentes, je te rejoins là-dessus), il ne faudrait pas éclipser la critique politique (via le maire et ses projets), le développement des personnages secondaires (le très émouvant épisode sur Jean-Pierre dans le 3e tome), le plaidoyer pour une vie simple, les réflexions environnementales, etc...
D'ailleurs, je me fais souvent la réflexion que le village d'Imbattable pourrait très bien être Champignac.
Bref, je comprends qu'on trouve ça bof, mais moi je trouve cet "anti-spectacularisme" extraordinaire.
(un peu comme le "combat final" dans The Innocents d'Eskil Vogt)