Tu poses une bonne question. La répétition du même est une des caractéristiques de notre monde hyperconnecté.
Mais pour un film passé au banc d'essai du passage en boucle, la saturation intervient-elle dans la même mesure qu'un tableau posé sur le mur de ton salon et que tu contemples en permanence ? Une bande dessinée adorée puis relue a satieté mène t-elle ineluctablement à l'écoeurement ?
En fait, le temps se charge du tri, seuls survivent les oeuvres qui te touchent de manière permanente. J'ai ainsi élu quelques livres, dont certains relus des dizaines de fois ( mon record : "La peur" de Gabriel Chevalier, resté 5 ans sur ma table de chevet, lu jusqu'à la trame, jusqu'à plus soif, et que je peux relire encore et toujours sans altérer sa charge émotive. Il en va de même pour le dyptiqye "Mine de l'allemand perdu" et "Spectre aux balles d'or" de Gir/Charlier, où, plus curieusement, mais c'est ainsi, l'audition de "Manureva" de Chamfort/Gainsbourg. Toutes ces oeuvres décrochent au plus profond du puit de ma mémoire, comme disait Proust, des blocs entiers de sensationss enfouies et qui remontent chaque fois à la surface de ma conscience pour me procurer du plaisir.
La charge comique de la scène de la cuisine est, pour moi, du même tonneau : celui dont on boit le fond même sans soif, tellement tout y est parfaitement agencé, gestes, répliques,péripéties. Du grand classique, avec unité de lieu et d'action, du Molière ! Je ne m'en lasse pas.