Acheté Hell West hier, lu dans la foulée. J'attendais beaucoup de cette dernière sortie de Sandawe, et je n'ai pas été déçu.
Le contexte: à l'Est du Mississipi vivent les humains, dominés par les blancs qui sont associés aux Indiens pour repousser les "Monstres" à l'Ouest du Mississipi, au-delà d'une frontière type "mur de Berlin", le Hell West.
Sur cette base, le scénariste Thierry Lamy met en place son intrigue principale lentement mais surement. Le sauvetage du pauvre bougre qui s'était aventuré au-delà du mur, au début du livre (à lire dans la preview notamment), peut sembler anodin de prime abord mais est finalement le point de départ de l'histoire.
Sont également installées des intrigues secondaires croisées, qui pour la plupart touchent nos "héros", comme les histoires de coeur, les problèmes raciaux, les enlèvements, etc. Par contre il y en a certaines pour lequelles je ne vois pas trop où ca nous ammène ni quel est leur intérêt. A suivre dans les T2 & 3 !
Thierry Lamy profite du contexte uchronique pour introduire des personnages réels: Custer, Buffalo Bill, Grant. Le scénariste aurait pu utiliser des personnages fictifs pour ces rôles sans que cela change grand chose au récit (excepté pour l'identité de Buffalo Bill où là on joue sur le personnage réel). Mais ce type de clin d'oeil permet de confirmer l'aspect semi-réel du récit, permet également de jouer sur les connaissances du lecteur sur ces personnages historiques. Le seul problème: le personnage de Custer hystérique me semble assez ridicule par moment. Il me fait penser à Rastapopoulos qui tente d'écraser l'araignée dans Vol 714 pour Sydney...
Et cela nous amène directement à un autre point de discussion: l'utilisation de l'humour. Le plus souvent c'est juste de l'ironie que de grosses blagues potaches. Les moments graves et d'actions (largement plus nombreux que les moments calmes) restent sérieux, et les atmosphères pesantes (conflits raciaux, haine des Monstres envers les humains) sont bien mises en avant. Mon soucis vient donc du Custer / Rastapopoulos et de ses deux sbires pas bien futés. Un peu trop caricatural à mon goût, mais ça ne gêne en rien la lecture globale du récit.
Le scénario est réellement sublimé par le dessin de Fred Vervisch. Ce noir & blanc (ou blanc & noir) est un choix esthétique radical et donne une réelle identité à ce récit. Vervisch peut montrer en alternance une foule de détails et parfois des cases minimalistes. J'ai trouvé le dessin toujours juste et qui sert parfaitement le récit, et avec des jeux sur les ombres, les premiers et second plans, les perspectives, etc. C'est de très grand qualité.
Quelques mots sur l'édition en elle-même: une belle couverture qui accroche. L'album est en format comics, façon Walking Dead de Delcourt. C'est vrai qu'on est loin des standards de la FB (surtout pour le choix graphique) mais j'aurais préféré un format standard, avec couverture cartonnée (tous les exemplaires en rayon avaient les extrémités du dos frottées voire limite dechirées), un grand format pour profiter pleinement des grandes cases de Vervisch, un papier brillant pour accentuer la "lumière" des blancs. Bref, déçu par l'édition car je trouve qu'elle ne met pas en valeur l'oeuvre. Après c'est choix éditorial qui se respecte, par rapport au budget de financement du projet qui fut fortement réduit, et le prix de 13.50€ plus abordable qu'un 18-20€ si format normal.
Ce tome 1 a bcp de qualités et représente un excellent divertissement. Il ne cherche pas à être ce qu'il n'est pas, donc pas de gros développement psychologique même si on apprend à connaître nos personnages, pas de complexité excessive du scénario, mais du pur divertissement et une grosse claque visuelle. Cela mérite bien une suite !
Note: je n'ai pas participé au financement de ce T1, et toujours pas à celui du T2. J'attendais justement de lire ce T1 pour décider de me lancer ou non.