Grandville - Bryan Talbot - Delirium

[alacoume]

Message précédent :

C'est toujours aussi bien, parfois jubilatoire dans les références (même si dans les notes de fin on en découvre plein qui nous avaient échappées). J'aime presque plus Grandville que Blacksad. Si on met de coté la patine Steam punk, les enquêtes elles-même me semblent bien plus solides. Dans cet épisode il y a un petit mélange secte de Wako et de révélations ésotérique, on retrouve d'ancien persos, une belle en danger, une mission de sauvetage et Paris menacé (encore une fois ).
Bref, le menu est copieux.

J'ai quelques bémols habituels sur la série : la colorisation que je trouve atroce, mais ca fait parti du charme, et quelques ellipses pas toujours évidentes.

Je viens de lire l'intégrale des 5 albums et je me retrouve dans ce commentaire. Au départ, j'avais du mal avec les dessins que je trouvais très en dessous de Blacksad, avec la couleur et l'ambiance steampunk. Puis, la qualité des enquêtes a pris le dessus, les notes montrant les références et la solidité des scénarios. Le 5ième tome est encore meilleur que les autres et cette série vaut vraiment le détour.
Par contre, pas toujours facile à lire en anglais surtout quand les personnages mangent les mots pour imiter un accent

[ubr84]

Je ne comprends pas du tout l'enthousiasme autour de cette série

Bon la colorisation est moche, on peut passer outre ok.
Mais le dessin me semble très faible dans la caractérisation des émotions, j'ai l'impression que le visage des personnages ne bougent pas qu'ils soient en colère, dans le feu de l'action, amoureux, anxieux... C'est une des grandes difficultés du dessin animalier on le sait, je trouve qu'ici le défi n'est pas relevé du tout.

Et je trouve l'univers bancal : par exemple dans les décors, des tableaux d'humains sont refaits avec des têtes d'animaux, ok. Mais pourquoi les objets de culte animaliers sont restés ??? Masques africains, Ganesh dans la bibliothèque.
C'est un détail mais cela me semble assez significatif, surtout quand deux des thèmes de l'album sont le spécisme et la religion.

Et le plus gênant, le traitement de la secte me parait hyper caricatural et simpliste

[Révéler] Spoiler:

la licorne a un pouvoir magique. On a vu plus intéressant comme description des dérives sectaires non ?
Le lien avec la politique me parait forcé et très faux.
Si tu veux prendre le pouvoir tu as besoin de partisans, tu n'organises pas des suicides collectifs
Présenter le nazisme comme une dérive sectaire me parait très faux historiquement et très dangereux politiquement également.

Par ailleurs lier dérive sectaire et enjeux religieux c'est limite non ?

Et le truc qui me rend le plus fou c'est le traitement des violences intrafamiliales. Je ne mets pas ça en spoiler parce que c'est vraiment l'argument de départ qui n'est finalement pas traité par l'album
On comprend que si la fille est partie c'est à cause de son beau-père violent. Comme on règle ça ... Par la violence. Un bon tabassage en règle et le héros se dit "c'est bon, j'ai géré le sujet".
C'est complètement à côté de la plaque socialement, et si on mets de côté le fond, ce n'est pour moi pas du tout efficace dans le récit, cela n'apporte rien d'autre que : il fallait bien combler un trou dans le scénario pour faire voyager le héros.
D'ailleurs sauf erreur, on ne revoit pas à la fin la fille et la mère chez elle, le sujet de départ est évacué comme tout bon prétexte de scénario sans substance.

[jb681131]

Je ne comprends pas du tout l'enthousiasme autour de cette série

Bon la colorisation est moche, on peut passer outre ok.
Mais le dessin me semble très faible dans la caractérisation des émotions, j'ai l'impression que le visage des personnages ne bougent pas qu'ils soient en colère, dans le feu de l'action, amoureux, anxieux... C'est une des grandes difficultés du dessin animalier on le sait, je trouve qu'ici le défi n'est pas relevé du tout.

J'ai vu des planches originels (non colorisées) de Bryan lors de son dernier passage à Paris, et franchement elles étaient somptueuses. Je ne peux pas te laisser dire ça.

Et je trouve l'univers bancal : par exemple dans les décors, des tableaux d'humains sont refaits avec des têtes d'animaux, ok. Mais pourquoi les objets de culte animaliers sont restés ??? Masques africains, Ganesh dans la bibliothèque.
C'est un détail mais cela me semble assez significatif, surtout quand deux des thèmes de l'album sont le spécisme et la religion.

Et le plus gênant, le traitement de la secte me parait hyper caricatural et simpliste

[Révéler] Spoiler:

la licorne a un pouvoir magique. On a vu plus intéressant comme description des dérives sectaires non ?
Le lien avec la politique me parait forcé et très faux.
Si tu veux prendre le pouvoir tu as besoin de partisans, tu n'organises pas des suicides collectifs
Présenter le nazisme comme une dérive sectaire me parait très faux historiquement et très dangereux politiquement également.

Par ailleurs lier dérive sectaire et enjeux religieux c'est limite non ?

En quoi c'est limite ? La plupart des sectes sont religieuses.
Et il a été dis que plus les albums avant plus les intrigues sont travaillées.
Ce qui compte c'est le plaisir à lire et suivre les aventures.

Et le truc qui me rend le plus fou c'est le traitement des violences intrafamiliales. Je ne mets pas ça en spoiler parce que c'est vraiment l'argument de départ qui n'est finalement pas traité par l'album
On comprend que si la fille est partie c'est à cause de son beau-père violent. Comme on règle ça ... Par la violence. Un bon tabassage en règle et le héros se dit "c'est bon, j'ai géré le sujet".
C'est complètement à côté de la plaque socialement, et si on mets de côté le fond, ce n'est pour moi pas du tout efficace dans le récit, cela n'apporte rien d'autre que : il fallait bien combler un trou dans le scénario pour faire voyager le héros.
D'ailleurs sauf erreur, on ne revoit pas à la fin la fille et la mère chez elle, le sujet de départ est évacué comme tout bon prétexte de scénario sans substance.

Tu es un peu extrême. Oui il y a des défauts, mais des tas de bd égalements. Ca reste un bon diverstissement selon moi. J'avoue que le premier tome n'équivaut pas la suite qui s'améliore vraiment beaucoup.

[ubr84]

Tu es un peu extrême.

Je plaide coupable
Je l'ai lue ce matin et j'ai réagi à chaud

Je peux moduler mon propos en disant que ces défauts ont fait que je n'ai pas accroché au récit, et il y a surement un effet boule de neige. Un truc ne me plait pas ce qui me rends un peu plus tatillon, et du coup je vois d'autres défauts qui entrainent un cercle vicieux me sortant du plaisir de lecture et passer en mode [je cherche les défauts]

Sur les sectes et la religion, je ne suis pas spécialiste, mais il me semble que les sectes fonctionnent sur des phénomènes d'emprise, de pouvoir sur l'autre, de socialisation parallèle. C'est bien différent de la religion !
Même si certaines sectes utilisent le culte comme un outil évidemment, ce n'est pas le cœur du phénomène sectaire à mon sens.
Et en perpétuant ce cliché, cela n'aide pas...
Je reste persuadé qu'on peut demander à un pur divertissement de rester intelligent et pertinent dans les thématiques qu'il décide d'embrasser


P.S : Pour moi cela relève de la même confusion que lorsqu'on parle de pédophilie et de sexualité. La pédophilie utilise la sexualité, mais ce n'est pas la cause ni le cœur du phénomène, le cœur c'est l'emprise, le pouvoir sur l'enfant.

[ludozman]

Et le truc qui me rend le plus fou c'est le traitement des violences intrafamiliales. Je ne mets pas ça en spoiler parce que c'est vraiment l'argument de départ qui n'est finalement pas traité par l'album
On comprend que si la fille est partie c'est à cause de son beau-père violent. Comme on règle ça ... Par la violence. Un bon tabassage en règle et le héros se dit "c'est bon, j'ai géré le sujet".
C'est complètement à côté de la plaque socialement, et si on mets de côté le fond, ce n'est pour moi pas du tout efficace dans le récit, cela n'apporte rien d'autre que : il fallait bien combler un trou dans le scénario pour faire voyager le héros.
D'ailleurs sauf erreur, on ne revoit pas à la fin la fille et la mère chez elle, le sujet de départ est évacué comme tout bon prétexte de scénario sans substance.

Outre que tu cernes bien toi-même que ce n'est qu'un détail de l'intrigue (par ailleurs je vois pas ce qu'il y a de choquant ou de simpliste à montrer que des personnes peuvent en fuyant tomber dans des milieux dangereux parce qu'elles se sentent et sont malheureuses dans leur cellule familiale), je trouve étrange que tu ignores un des aspects de la personnalité de Lebrock qui justifie son acte, c'est que ce n'est pas du tout un type recommandable, c'est un gars plutôt violent, impulsif et vindicatif et qui n'a aucun scrupule à avoir recours à la force et à la violence pour faire justice. C'est montré des le premier tome de la série ou il a des méthodes plus qu’expéditives et qui s’achève sur une vendetta personnelle particulièrement sauvage. C'est pas Columbo ni Navarro le gars !!! Du coup, je vois pas trop ou est le problème, à moins de vouloir que Talbot nous fasse un exposé sur les maltraitances et la masculinité toxique, ce qui il me semble n'est pas trop le sujet ici !

[alacoume]

C'est vrai que c'est un mélange entre Sherlock Holmes et inspecteur Harry !

[ubr84]

ce qui il me semble n'est pas trop le sujet ici !

Tout à fait, ce que je reproches c'est qu'un thème important, fort, socialement majeur est évoqué, est le démarrage de tout le récit, sans être traité.
Si ce n'est pas le sujet, pourquoi en parler (si mal) ?
Je ne suis pas gêné par l'attitude du personnage, mais par le fait que l'auteur aborde et évacue le sujet trop vite.
Il n'apporte rien à l'intrigue, et ce traitement expéditif fait que le sujet est mal traité (avec mauvais jeu de mot)

En résumant à la très grosse hache l'histoire c'est :
une jeune fille battue par son beau père s'enfuie. Le héros menace son beau-père. Le héros la ramène. Happy end au coin du feu.

Mais non en fait, il n'y a pas de happy end, rien n'a été réglé pour la jeune fille !

Une manière élégante aurait pu être, sans changer la caractérisation des personnages ou le récit une fin plus noire où on voit que le retour au foyer est compliqué; ou bien y aller franco et tuer le beau-père (par la main du héros, de sa femme ou un suicide je n'en sais rien).

En fait clore l'arc narratif du personnage qui est le déclencheur de l'intrigue, ce qui n'est pas fait.

[mallrat]

Bryan Talbot fait une tournée avec Delirium pour la sortie en VF du dernier Grandville

Le 7 septembre à Planète Dessin (Paris)

Le 10 septembre à Terres de Légendes (Toulouse)

Le 11 septembre à Bachi-Bouzouk (Pau)

Le 12 septembre à Krazy Kat (Bordeaux)

Le 13 septembre à Gibert Bd (Paris)

Et le 14 septembre à Bulle (Le Mans)

https://www.comicsblog.fr/48802-Bryan_T ... R9Gu8EUq_g

[Sergent Garcia]

La couverture et une page du préquel à Grandville :

[jb681131]

La couverture et une page du préquel à Grandville

De ce que j'ai compris, on va suivre le mentor de Lebrock pendant la révolution Britannique.
Avec un changement de style graphique tout à aquarelle.

[Mr Degryse]

Excellent dernier tome de cette série. Brillant hommage à Holmes.

[langoustator]

Je viens de terminer Force Majeure, vraiment adoré. Merci aux éditions Delirium d'avoir été au bout, incroyable que ça n'ait pas été publié en français avant.

Je vois que la prequel avance bien (page 161 sur 172 d'après le site de l'auteur), avec un petit Work in Progress:



et que Delirium va rééditer "L'histoire d'un vilan rat" en février prochain (ça intéressera peut-être ubr84 au vu des derniers messages)