Merci Jolan pour ce retour détaillé
. Je ne l'ai jamais fait, voici le scénario de l'histoire conestooga, cela apportera peut-être qq compréhensions supplémentaires
:
« Conestooga »
scenario pour l'album collectif « Go West, young man »
dessin Benjamin Blasco Martinez
« Independance, Missouri, Mai 1842. »
A quai, un bateau à aubes décharge sa cargaison de voyageurs, riches et pauvres, esclaves noirs porteurs de valises et de ballots de coton. Texte off : « Nous y sommes... Enfin !... Tout ce vacarme, la promiscuité des secondes classes, la fumée et l'odeur des hommes sales... Nous allons descendre de ce raffiot , acheter un chariot et à nous l'aventure ! »
Une jeune femme, Kathryn Sublette, en robe de paysanne, s'approche du bastingage sur le pont avant du bateau. Un homme au large chapeau , appuyé sur la barrière,regarde l'animation sur le quai et lui tourne le dos. Texte off « Nous fondons de grands espoirs sur cette vie qui nous attend, n'est-ce pas, Jonathan ?...»
L'homme noir qui se retourne vers la jeune femme arbore un large sourire : « Oui, Kathryn ?... »
Ellipse.
Un convoi de chariots est prêt au départ à l'extérieur d'Independance. Deux cavaliers sont en tête, le chef de convoi Louis Lapomme (36 ans, brun barbu) et son assistant, le jeune John Golder ( chatain, 26 ans, visage creux). Texte off : « Nous venons de Louisiane, ou devrais-je avouer, nous fuyons la Louisiane, Jonathan et moi. Là-bas, en Californie, province du Mexique, cette infâme abomination de nos états du sud, l'esclavage humain, n'existe pas ! »
Le chef de convoi fait signe à la trentaine de chariots qui s'ébranlent derrière les lourds attelages de mûles et de bœufs. Texte off : « Lui, c'est notre guide et chef de convoi, Louis Lapomme, un canadien français. On le dit ancien trappeur, il aurait perdu sa femme indienne et ses enfants de maladie. Nous sommes son troisième convoi qu'il s'apprète à mener à travers l'Ouest sauvage. »
Dans la plaine immense, les chariots tracent un sillon dans l'herbe haute qui ondule. Comme la plupart des colons, Kathryn marche à côté de son attelage, six bœufs, que Jonathan fait marcher d'un pas tranquille. Kathryn, discrêtement sous sa coiffe qu'elle appuie contre sa joue : « Jonathan, arrête de me faire tes yeux doux ! Si on nous voit... Le second de notre guide, le jeune John Golder, ne cesse de rôder autour du chariot !... »
Jonathan prend un air benêt : « Très bien, je te promet, maitwesse, je vais jouer le gentil nèg'... »
Elle éclate de rire, ce qui fait faire un écart au bœuf de tête : « Ha ! Ha ! Arrête, tu es bête !... »
le jeune John Golder arrive au petit galop de l'arrière du convoi : « Ce nègre vous importune, miss Sublette ?! »
La jeune femme : « Non, je vous remercie , monsieur Golder, tout va bien, Jonathan connait sa place... »
Nuit
« Juin 1842. »
Autour de plusieurs feux de camps au centre des chariots mis en cercle, les colons mangent et écoutent un violoniste et un joueur de banjo. Certains hommes veillent le bétail, fusils sous le bras.
Texte off : « Voilà maintenant un mois que nous voyageons. La plaine s'étend à perte de vue et semble s'allonger jour après jour. Comme la Louisiane paraît loin ce soir... Nous avons enterré Madame Redgrave, ce matin. Une mauvaise fièvre l'a emportée. Son mari n'a pas pleuré, inquiêt seulement de ne savoir prendre soin de leur cinq enfants. Nous nous relayons avec madame Ryan pour leur faire les repas. »
Près d'un feu de camp, kathryn sert des gamelles depuis un chaudron suspendu à un trépieds de fer au dessus des braises. John Golder la regarde avec insistance. Texte off : « Ce jeune Golder est insistant ! Je prie Dieu que Jonathan et lui ne se sautent à la gorge s'il se montrait entreprenant ! C'est un jeune homme impulsif mais Monsieur Lapomme semble lui accorder toute sa confiance... »
Ellipse.
Le convoi avance au loin sur un paysage plat et brûlé par le soleil. Texte off : « à chaque jour succède un autre jour, interminable... Seuls les craquements des essieux rythment ces mornes instants... »
Un soir, à l'écart du campement, Kathryn et Jonathan assis dans les hautes herbes regardent le ciel couchant.
Ils se regardent et se tiennent la main.
Ils se couchent dans l'herbe. Texte off : « Mais il y a le regard de Jonathan, son sourire... et la force de ses bras... »
Le long convoi avance sous la pluie. Plusieurs hommes aident Kathryn et Jonathan à pousser leur chariot sur une piste boueuse . Texte off :« Notre guide nous a reprochés d'avoir acheté un chariot conestooga, trop lourd selon lui pour les pistes de l'ouest. Il insiste pour que nous en changions à Fort Bridger avant les montagnes rocheuses et l'Oregon . »
Des colons réparent l'essieu d'une roue d'un autre chariot. Plusieurs meubles sont laissés sur la piste. Texte off : « Je ne peux lui avouer que nous quitterons le convoi à Fort Bridger pour descendre sur la Californie... Jonathan, je t'aime, et cette seule pensée me donne la force de poursuivre ce voyage !... »
Depuis un promontoire rocheux, Louis Lapomme regarde le convoi qui entamme une piste escarpée au milieu de rochers immenses. Texte off : « Un voyage de 2000 miles... à raison de 14 miles par jours, il faudra compter sur cinq mois de souffrance et d'efforts ... »
Un vieil homme tire une charrette à bras . Texte off :« Nous avons tous nos rêves, nos espoirs.. . Le vieux Giddeon Flaherty et sa charrette à bras rêve au filon d'or qui l'attend, dit-il, « comme une pucelle le jour de ses noces » !... Toute la saveur d'un poête... »
Ellipse.
« 2 Juillet 1842, quelque part dans l'immensité. »
Texte off : « John Golder, ne se décourage pas... il est toujours aussi prévenant et s'enquiert de ma personne aussi souvent qu'il le peut. Je lui demande quelques services afin de donner le change. »
John Golder et jonathan sont à cheval, des fusils en travers de leurs selles. Golder : « j'en ai assez du lard et des légumes secs ! Miss golder, avec votre nègre, je vous ramènerai du gibier !... »
Louis Lapomme lance sa montre à Golder : « Tiens, John ! Ma montre ! Retour dans deux heures ! Prends-en soin, je la tiens de ma femme...»
Kathryn regarde les cavaliers s'éloigner. Elle carresse son ventre. Texte off : « Du gibier... Voilà bien le souci des hommes quand je sens mon ventre s'arrondir depuis quelques temps... Ho, dieu du ciel,combien de temps vais-je pouvoir cacher cela ?... »
Ellipse.
Les deux chasseurs sont à pieds non loin de leurs chevaux.
Jonathan s'arrête brusquement : « Missié John, attendez ! Des traces de mocassins ! » l'autre : « c'est vrai ?! Tu sais lire les traces, toi ? »
Jonathan regarde autour d'eux : « J'ai servi de guide pour l'armée, en Floride, pendant la guerre contre les Séminoles... J'ai vu tellement de choses... »
Golder le regarde, menaçant : « Et moi je t'ai vu, le nègre ! Je t'ai vu la toucher, l'autre nuit !!! »
Derrière des rochers, deux jeunes indiens Arapahos les observent.
Jonathan veut calmer la discussion. Il recule près d'un précipice : « Je suis là pour veiller sur miss Sublette, missié John... »
Golder pointe son fusil hawken : « T'as plus à t'inquiéter, maudit sois-tu !...
Il tire.
Jonathan tombe dans le précipice cinquante mètres plus bas.
Les deux jeunes indiens lèvent la tête, héberlués.
Golder les aperçoit : « Bon sang !!! »
Louis Lapomme arrive à cheval : « Du gibier ? Je me suis dit que trois fusils val... »
Golder hurle : « Les indiens ! Ils ont eu l'esclave !!! »
Le chef de convoi descend de cheval : « Attend ! Calme-toi ! Ou sont tes indiens ? Ou est Jonathan ?! »
les deux hommes regardent par dessus le précipice. Les deux jeunes Arapahos sont en contrebas, auprès du corps de Jonathan. Golder : « Regarde ! Ces coyotes sont déjà prêts à le scalper ! »
il tire un coup de pistolet à percussion et abat un des jeunes indiens. Lapomme hurle : « Nooon ! »
« Pauvre fou ! On va avoir toute la tribu sur le dos !!! »
Ellipse.
La caravane de chariots en cercle est prête à résister à un assaut des indiens. Texte off : « En apprenant l'horrible tragédie, j'ai hurlé... Le chef de convoi, livide, lança des ordres... 400 livres de vivres et deux fusils par chariot, avait-il imposé à independance, il était temps de nous en servir!. »
« Nous avions tous appris à manier ces lourds fusils durant le voyage. Aujourd'hui, nous étions prêts, nous attendions l'assaut des peaux-rouges !... »Tous, hommes et femmes, vieillards, se ruent sur les fusils.
« Lorsque les guerriers effrayants surgirent de la colline, les femmes crièrent et les enfants , sous un chariot au centre du camp, pleuraient. Moi, je hurlais ma rage d'avoir perdu à jamais mon amour !... »
La vague fondit sur nous, s'éventrant à cinquante pas, essuyant la première salve. Tétanisée, John Golder me protègea, faisant feu comme un diable à mes côtésLa fumée dissipée, un second assaut se brisa sur notre deuxième salve. Nos assaillants, effrayés par nos tirs si rapides, firent demi tour, enmenant leurs nombreux morts. Des chevaux hennissaient, essayant en vain de se relever, le poitrail perforé... »
« Louis Lapomme, bondissant de chariot en chariot,reçut une lance en plein cœur... Une des filles Marteen et le vieux Zebulon périrent également et quatre chariots furent détruits par le feu... »
Ellipse
Le convoi repart, laissant trois tombes au bord de la piste. Texte off : « Nous avons repris la route,sur cette piste maudite à jamais... Le jeune John Golder sut nous mener à Fort Bridger. John fut un réel réconfort. M'étais-je méprise à son sujet ? »
Kathryn et John Golder partent tous les deux en chariot, faisant des signes d'adieux aux autres chariots. Texte off : « Nous ne connaitrons jamais la cause de l'attaque des Arapahos. Sait-on jamais ce qui passe dans la tête de ces sauvages ? Cette folie a emporté mon Jonathan et notre rêve... »
Kathryn et Golder, en tenue de mariés, devant un photographe. Texte off : « J'ai accepté d'épouser John. Je m'inquiétais de ce ventre arrondi et le mariage eut lieu rapidement ... »
La jeune femme est alitée, un enfant enmaillotté porté par une sage femme. Texte off : « l'enfant de jonathan est beau comme un ange !... il sera l'ainé de mes quatre fils mais la fièvre l'emportera à ses six ans. »
A l'extérieur de la cabane en rondins, John Golder regarde avec effroi le nouveau né aux traits métissés. Texte off : « John Golder ne l'aima pas, ni aucun de nos autres enfants... Dès lors, il n'aima que sa bouteille... Moi, je chérirai le souvenir de mon Jonathan jusqu'à ce que le Seigneur me rappelle à lui quelques années plus tard.»
Fin