Je note que les juges ricains ont également panthéonisé Shigeru Mizuki, il serait regrettable de leur laisser cette exclusivité

Very proud to be inducted into the #WillEisner Comics Hall of Fame at #SDCC2025. Thank you to the judges, William Foster, Michael T. Gilbert, Karen Green, Alonso Nuñez, Jim Thompson, Maggie Thompson for your selection, and also #humanoidsinc for accepting the award on my behalf.
Born at a knot in history, a frightened little boy in the body of a golem, I left fascist Spain for liberated France before being raised by my grandmother in a concierge's lodge in Paris. At that time, I read Tintin, and I discovered American comics-Flash Gordon by Alex Raymond, Hal Foster, Brick Bradford, Connie, Jack Kirby: it was the sudden revelation of a new art form.
Later, I ventured elsewhere, into chaotic imaginary worlds: fascinated by opera, from Wagner to Verdi, by entropy, symbolism, expressionism, Art Nouveau and Jules Verne, future worlds and lost worlds - it's all the same to me - from the Carthage of Salammbô to the science fiction of Leigh Brackett, Catherine Moore, and Michael Moorcock.... and so I created Lone Sloane, modeled on a young Marlon Brando, exploding the page to express the dead stars that still shine, in a mental and graphic overload - a theatre of cruelty. And silent stories, too, drawn from early cinema, from Laurel and Hardy and Popeye, and from many inspirations passed down by my masters - from Lovecraft, to Dracula and Nosferatu.
Giraud, who was not yet Mobius, brought me into Pilote, the weekly magazine run by René Goscinny, and I brought in Jean-Pierre Dionnet. In Kap Comix, we saw the absolute freedom of Crumb and the others, and we wanted to do our own thing in turn.
That is what became Metal Hurlant in 1975, which then became Heavy Metal in the U.S. in 1977, with Will Eisner advising Dionnet. And now, in recent weeks, Metal Hurlant is being published under its French name on American soil.I remember that in 1971, I traveled to New York, discovering that land of all promises. I met Lee Falk, the creator of Mandrake, and the new guard: Steranko and Neal Adams, who, too, were heralding a new era.
Across the Atlantic, at Metal Hurlant, Corben joined us, then a hundred others from around the world, all preaching for comics for us, for adults - something that was still forbidden to exist.I will continue, as long as I can: with my comics and painting, bronzes, sculptures of giant frozen warriors, my tiny, cursed objects, architecture, opera sets, translucent vases in pâte de verre.I will go forth, watching the Four Horsemen of the Apocalypse advance, in a battle already lost-but so what? What matters is the gesture, and the laughter, too, which saves us.
As for me, I will go and sit at the Round Table.
Thank you again for having knighted me.
Je suis très fier d'être intronisé au Panthéon de la bande dessinée #WillEisner lors du #SDCC2025. Merci aux juges, William Foster, Michael T. Gilbert, Karen Green, Alonso Nuñez, Jim Thompson et Maggie Thompson pour votre sélection, ainsi qu'à #humanoidsinc d'avoir accepté le prix en mon nom.
Né à un tournant de l'histoire, petit garçon effrayé dans le corps d'un golem, j'ai quitté l'Espagne fasciste pour la France libérée avant d'être élevé par ma grand-mère dans une loge parisienne. À cette époque, je lisais Tintin et je découvrais la bande dessinée américaine : Flash Gordon d'Alex Raymond, Hal Foster, Brick Bradford, Connie, Jack Kirby : ce fut la révélation soudaine d'une nouvelle forme d'art.
Plus tard, je me suis aventuré ailleurs, dans des imaginaires chaotiques : fasciné par l’opéra, de Wagner à Verdi, par l’entropie, le symbolisme, l’expressionnisme, l’Art nouveau et Jules Verne, les mondes futurs et les mondes perdus – cela m’est égal – de la Carthage de Salammbô à la science-fiction de Leigh Brackett, Catherine Moore et Michael Moorcock… J’ai donc créé Lone Sloane, à l’image d’un jeune Marlon Brando, faisant exploser la page pour exprimer les étoiles mortes qui brillent encore, dans une surcharge mentale et graphique – un théâtre de la cruauté. Et des histoires muettes aussi, puisées dans le cinéma des premiers temps, de Laurel, Hardy et Popeye, et dans de nombreuses inspirations transmises par mes maîtres – de Lovecraft à Dracula et Nosferatu.
Giraud, qui n’était pas encore Mobius, m’a fait entrer chez Pilote, l’hebdomadaire de René Goscinny, et j’ai fait entrer Jean-Pierre Dionnet. Dans Kap Comix, nous avons vu la liberté absolue de Crumb et des autres, et nous avons voulu faire à notre tour notre propre truc.
C'est ainsi qu'est né Metal Hurlant en 1975, puis Heavy Metal aux États-Unis en 1977, avec Will Eisner comme conseiller de Dionnet. Et maintenant, ces dernières semaines, Metal Hurlant est publié sous son nom français sur le sol américain. Je me souviens qu'en 1971, j'étais allé à New York, découvrant ce pays de toutes les promesses. J'y ai rencontré Lee Falk, le créateur de Mandrake, et la nouvelle génération : Steranko et Neal Adams, qui, eux aussi, annonçaient une nouvelle ère.
De l'autre côté de l'Atlantique, à Metal Hurlant, Corben nous a rejoints, puis une centaine d'autres du monde entier, tous prônant la bande dessinée pour nous, pour les adultes – une chose dont l'existence était encore interdite. Je continuerai, aussi longtemps que je le pourrai : avec mes bandes dessinées et mes peintures, mes bronzes, mes sculptures de guerriers géants gelés, mes minuscules objets maudits, mon architecture, mes décors d'opéra, mes vases translucides en pâte de verre. J'irai de l'avant, regardant avancer les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, dans une bataille déjà perdue – et alors ? Ce qui compte, c'est le geste, et le rire aussi, qui nous sauve.
Pour ma part, j'irai m'asseoir à la Table Ronde.
Merci encore de m'avoir anobli.
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