Si tout va bien, le tome 12 de Dorohedoro sortira le 7 novembre prochain chez Soleil.
Étant un grand admirateur de cette série, je fais hélas partie de ces lecteurs maudits qui l'ont découverte trop tard. En effet, les tomes 3, 4, 5 et 6 sont épuisés et désormais totalement introuvables à moins de débourser minimum 50 euros pièce lorsqu'ils sont visibles sur les sites de vente d'occasion en ligne.
Pourquoi ?
Selon Soleil, la série ne se vend pas assez bien, du coup, ils vont quand même aller jusqu'au bout mais ne réimprimeront pas les premiers volumes. (la série est en cours et il existe 17 tomes au Japon actuellement).
En voyant sa qualité, la richesse de son univers, son originalité, sa beauté sombre, ses personnages charismatiques et attachants, son humour débridé, on est en droit de se demander pourquoi cette série n'a pas le succès qu'elle mérite car soyons clairs, nous avons à faire à une tuerie, Dorohedoro est une véritable bombe atomique qui se démarque nettement des autres productions nippones et gagnerait à être connu de tous les amateurs de manga et autres BD tous genres confondus.
Cet incompréhensible manque de succès est pourtant bien réel, en allant sur divers forums et sites abordant le sujet, j'ai essayé de réunir les raisons qui ont empêché et empêchent ce diamant noir de briller en France.
Pour commencer, la série a d'abord été éditée par Vegetal Manga Shoten, l'ancêtre de Soleil-Manga, les deux premiers tomes pâtissent d'une impression dégueulasse, l'aspect flou de l'encrage genre scan raté aurait pu ne pas être un problème pour une série au dessin standard et quelconque mais le graphisme atypique de Q-Hayashida est riche de détails, son trait peut paraître brouillon au premier abord, avec plusieurs niveaux de gris, un aspect crayonné par endroit, mais sa précision est remarquable et son style underground, en adéquation parfaite avec l'univers décrit, regorge de pépites visuelles.
Le fait est que Q-Hayashida est une femme, alors je ne rentrerais pas dans un discours sur la différenciation des genres mais une femme qui dessine des Seinen bien gore c'est pas courant et son sens du détails au niveau des décors, des vêtements, du style et de l'apparence de ses personnages est admirable.
En bref, première raison, la mauvaise impression fait mauvaise impression.
Ensuite, pour je ne sais quelle raison, le manga a toujours été quasiment invisible en librairie, c'est simple, je ne l'ai jamais vu nulle part, grosso merdo, il fallait déjà connaître pour commander et encore, si le libraire en question le voulait bien sans un acompte, une pipe et un mars. Bref, promotion inexistante.
Troisième raison : le rythme des sorties : Le tome 2 est sortie en 2003, le tome 3 en 2005 et le tome 4 en 2008... No comment... Sachant qu'on a tout de même à faire à un manga dont l'intrigue est rondement menée et le suspense parfois insoutenable.
Quatrième raison : Le prix : si les premiers tomes de la série sont à un prix raisonnable, notamment les deux premiers qui ont bénéficié d'une offre "deux pour le prix d'un" histoire de booster les ventes faiblardes, promotion qui n'a pas marché (n'oublions pas que l'impression de ces tomes est à chier !), à partir du tome 6, le prix est passé à plus de 11 euros ce qui fait cher pour un manga, surtout lorsqu'on compare avec d'autres éditeurs, par exemple, l'édition perfect de Dragon Ball chez Glénat (éditeur que je ne porte pourtant pas dans mon cœur), ces derniers ont plus de pages, une meilleure qualité de papier, un format plus grand, des passages couleurs maitrisés et sont pourtant moins chers que nos Dorohedoro (déjà que pas mal de lecteurs se plaignent du prix exorbitant des DB perfect...)
Alors attention, l'édition du tome 6 est irréprochable, bon papier, impression nickel, pages couleurs réussies, mais le tome 7 est imprimé sur du papier cul jaunâtre (à 11,50 euros ça fait un peu mal au fion !), le tome 8 remonte d'un cran avec des pages couleurs sur celluloïd mais ne retrouve pas la qualité papier du tome 6, allez comprendre ?
Je ne peux pas comparer avec le tome 3,4,5 puisqu'ils sont introuvables !
Le pire dans cette histoire, c'est que je suis prêt à débourser 20 euros par tome si seulement Soleil daignait les réimprimer mais la sentence semble sans appel.
Ce qui nous amène à la dernière raison, celle du serpent qui se mord la queue, car si les premiers tomes sont indisponibles comment amener de nouveaux fans à découvrir la série ?
J'avoue que je poste ce message en fan désespéré, quels recours pourrions-nous avoir pour que Soleil ou un autre éditeur réimprime ces fameux tomes épuisés ? Et tant qu'à faire, réimprime également les deux premiers avec le même encrage que les suivants afin de ne pas desservir le magnifique graphisme de Q-Hayashida... Une pétition ? une manifestation de tous les fans, sur un site, un blog ? Sachant qu'il faudrait au moins deux milles personnes prêtes à s'engager dans l'achat des tomes pour que l'affaire soit rentable pour l'éditeur...
D'ailleurs, je ne jette pas la pierre à Soleil qui a promis de continuer la série jusqu'au bout et si la qualité de l'édition reste fidèle aux tous derniers tomes (par pitié, ne nous refaites pas un tome 7 !), c'est déjà une bonne chose.
Je suis quand même frustré (le mot est faible) de ne pas pouvoir compléter cette série qui est pour moi une œuvre majeure du 9ème art.