Bon, on est en train de passer une page sur un petit bout qui ne fait même pas partie de la lorgnette, ce qui enlève beaucoup de fun à l'idée de Nexus. Alors une bonne fois pour toutes et avec tout le respect dû à tout le monde et en gardant en tête que l'essentiel du message en question, c'est quand même le dessin :
onehmouninehl a écrit:Selon la manière dont on prononce, tous les alexandrins sont bons (canoniques -> conformes). D'où la nécessité de bien placer les diphtongues et diérèses (revoyons nos cours de français : le poëte a raison, à nous de bien prononcer les vers).
Non.
Par définition, les poètes qu'on étudie en cours de français sont généralement parmi les meilleurs qui soient et donc, en effet, on peut raisonnablement penser qu'ils en savaient plus long sur leur art que l'élève de 6e moyen qui pense pouvoir le corriger. Ceci étant, je pense qu'on peut aussi affirmer que personne sur ce forum n'est La Fontaine, Hugo ou Baudelaire, et donc nos vers de mirliton ne sont pas exempts de critique sous prétexte que le poète a toujours raison qui voit plus loin que l'horizon et que c'est à nous de tourner le truc n'importe comment de manière à le faire rentrer dans les cases.
Les diérèses et les synérèses (je pense que c'est que ce que tu avais en tête en parlant de "diphtongues"), ça ne s'applique qu'à certaines suites de deux voyelles. Donc effectivement on peut faire une diérèse sur "mi-eux" au quatrième vers et on tombe sur un alexandrin "canonique", mais c'est tout. Au premier vers, comme tu l'as dit, il faudrait effectivement escamoter le -e- de "rapproch'ront". C'est conforme à la prononciation, mais pas aux règles de versification (ceci étant, je ne suis pas sûr qu'Ayroles n'ait pas usé de cette astuce à l'occasion dans la série). Au second vers, en revanche, ça ne marche pas. On ne peut pas faire de synérèse sur "crayon", et enlever le -e- de "autres" ne sert à rien puisque restent les -tr- qui compteront de toute façon pour une syllabe (je ne parle même pas de ce qu'on fait du -s- que grammaticalement on ne peut pas ignorer non plus). Donc il faudrait quelque chose comme " les aut' " pour n'avoir que douze syllabes. Enfin au troisième vers il faudrait pour avoir le compte prononcer "faireuh étalage" ce qui ne correspond ni à la prononciation courante (sauf peut-être chez de très très vieux sudistes...) ni aux règles de versification, pour lesquelles un -e- muet devant voyelle est toujours élidé (de même que l'-e- muet ne compte pas en fin de vers : é-ta-lag(e), hom-mag(e)).
Bref comme dit par Coldo,
Les alexandrins sont boiteux mais le dessin est chouette !
et je pense que c'était surtout le dessin que Seb Vastra voulait nous présenter, et celui-là on se gardera bien de le critiquer.
Pour le reste, que nos petites difficultés ici de rimeurs amateurs valent, par opposition, comme un témoignage du talent d'Ayroles qui, lui, a réussi à nous enchanter sans faillir des tomes durant.