de Bolt » 23/04/2021 12:24
Après avoir progressivement récupéré des bouquins de Daniel Clowes ces derniers mois, j'ai entrepris ces dernières semaines une (re)lecture partielle de son oeuvre. Et puis ça tombe bien, dans ma recherche de ce qui me manquait encore, je me suis aperçu que l'auteur a fêté ses 60 ans il y a quelques jours.
Dans ce marathon, j'ai écarté Comme un gant de velours pris dans la fonte et Patience, les ayant lus il y a 2 ou 3 ans, puis commencé par deux que je ne connaissais pas encore, Eightball et Caricature, livres collectant des histoires courtes publiées dans son magazine Eightball (US). Le premier cité compile des histoires de 2 à 3 pages, exutoire sans filtre d'un jeune homme frustré (artistiquement, sexuellement...) sur un environnement chicagoan grisâtre et un peu hors du temps. Un déversement quasi exclusif d'egocentrisme et de misanthropie bien gratuit, Clowes ne s'en est pas caché lors de la publication. Le second, Caricature, ressemble déjà plus à ce qu'on connait de l'auteur, des personnages frustrés (encore et toujours), insatisfaits, aux abois, en rupture avec leur milieu, en recherche d'échappatoire, dans une ambiance vaguement roman noir un peu cru, avec éventuellement une pointe de polar ou fantastique. J'ai trouvé certaines histoires vraiment brillantes, particulièrement la première qui donne le titre à l'anthologie.
Dans Ice Haven, Daniel Clowes s'essaie cette fois-ci au récit choral, plus précisément un assemblage de histoires courtes interconnectés avec comme sujet central la disparition d'un jeune garçon dans une ville middle-class jusqu'à présent sans histoires. On retrouve les marottes et les ambiances chères à l'auteur, je m'aperçois à la relecture qu'il a un regard un peu plus appuyé sur l'enfance.
Vient David Boring, la BD qui m'a fait venir vers Daniel Clowes et accessoirement vers un pan de la BD alternative, il y a environ 20 ans, et qui m'a déstabilisé et a résonné très fort dans le petit coeur sensible du jeune lecteur que j'étais. J'avais peur d'abimer le souvenir en me replongeant dans celui-ci.
Donc l'auteur dresse un personnage plus inhabituel, jeune homme sorti de l'adolescence qui semble être à l'image de son patronyme, entrainé dans des relations souvent malsaines, toujours dans une ambiance noire, matinée cette fois-ci de polar, avec un intermède de "fin du monde". Si je ne retrouve pas les sensations fortes de ma première lecture, je pense que ça reste son masterpiece aux côtés de Ghost World.
D'ailleurs, je pense garder ce dernier pour la fin du marathon. Il me reste également Pussey! et Mister Wonderful, et à me procurer Wilson et Le Rayon de la mort que je n'ai jamais lu.
Bibliographie sélective (répertorié plus ou moins dans l'ordre de publication aux US) :
- Magazine Lloyd Llewellyn #1–6 & Special (1986-1988)
- Magazine Eightball #1–23 (1989–2004)
- Like a Velvet Glove Cast in Iron / Comme un gant de velours pris dans la fonte (Eightball #1–10, publié en album en 1993)
- The Manly World of Lloyd Llewellyn (compile Lloyd Llewellyn #1–6,1994)
- Pussey! (Eightball #1, 3-5, 8-10, 12 et 14 , compilé en album en 1995)
- Ghost World (Eightball #11–18 entre 1993 et 1997, publié en album en 1997)
- Caricature (Eightball #13–18 entre 1994 et 1997, publié en album en 1998)
- David Boring (Eightball #19–21 entre 1998 et 2000, publié en album en 2000)
- Ice Haven (Eightball #22 en 2001, puis remanié pour être publié dans un format à l'italienne en 2005)
- The Death-Ray / Le Rayon de la mort (Eightball #23 en 2004 puis en album en 2011)
- Mister Wonderful (d'abord publié dans le Sunday New York Times Magazine en 2007 et 2008 avant d'être remanié pour être publié dans un format à l'italienne en 2011)
- Wilson (2010)
- Patience (2016)