de Vainsy » 22/06/2021 12:25
Passée à la moulinette de Google Translate :
Corto Maltese est de retour. Bastien Vivès et Martin Quenehen réinterprètent le mythe créé par Hugo Pratt dans ′ Océan Noir », en Italie aux éditions CONG - septembre 2021.
Début septembre sort "Black Ocean", une nouvelle histoire du marin née du génie artistique et littéraire d'Hugo Pratt - Après les trois contes ("Sous le soleil de minuit" de 2015, "Equatoria" de 2017 et "Le jour de Tarowean »2019) créé par le couple espagnol Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero, c'est désormais au tour du scénariste Martin Quenehen et du dessinateur Bastien Vivès de réinterpréter un personnage avec lequel au moins trois générations de lecteurs ont rêvé et voyagé.
L'ÉDITEUR
En Italie, le livre Oceano Nero - Corto Maltese sera édité par Cong, la société qui détient les droits sur l'ensemble de l'œuvre artistique d'Hugo Pratt. Selon Patrizia Zanotti, directrice générale de l'entreprise : « Avec cette nouvelle interprétation de Corto Maltese, Cong deviendra également un éditeur pour l'Italie avec des titres occasionnels et pour compléter les livres qui continueront à être édités par Rizzoli Lizard qui gère le catalogue complet de Hugo Pratt. Oceano Nero est complètement détaché de la série Canales et Pellejero qui intègre et poursuit les aventures de Corto Maltese et dont le quatrième titre est prévu pour le printemps prochain. Dans Oceano Nero Corto vient de la biographie tracée par Pratt. Un deuxième titre est déjà en préparation, il y aura donc une autre surprise qui sortira avant Noël".
Corto Maltese_Oceano Nero
L'HISTOIRE
Il y a encore beaucoup de secrets sur l'intrigue, les lieux et la période historique au cours de laquelle elle se déroule, ce qui - à toutes fins utiles - sera une histoire destinée à capturer les vieux et les jeunes amoureux de Corto Maltese et à donner un nouveau et empreinte graphique au personnage qui a émergé il y a 54 ans du génie, de la culture, du crayon et du pinceau du maître vénitien. Ce sera une aventure pleine de rebondissements : il y aura un embarquement en pleine mer, Corto aura un charme particulièrement sexy dans une histoire qui sera peuplée de femmes aux rôles importants. Cela ressemblera à regarder un film d'action, plein de scènes spectaculaires, mais dans lequel la sensibilité et l'empathie de Corto seront toujours les protagonistes. Voici ce que les auteurs ont dit à propos de "Black Ocean", dans une interview réalisée par Casterman, l'éditeur français de "Océan Noir"
Comment est né votre projet de nouvelle aventure Corto Maltese ?
Bastien Vivès : « Dans les premiers dessins que j'ai faits, Corto avait une allure assez moderne : sans casquette, sans gilet, il n'avait qu'une simple chemise de marin et n'avait aucun de ses accessoires caractéristiques, puis tout était suspendu jusqu'à ce que je me dispute avec Martin , près de deux ans plus tard. Eh oui car il faut savoir que depuis qu'on se connaît, Martin n'a jamais cessé de me parler de Pratt. Il m'a toujours harcelé avec son travail ! Pratt par ici, Pratt par là… et à un moment je lui ai dit « Allez, écris un script ».
Martin Quenehen : « J'ai toujours dit à Bastien que pour moi, c'était le nouveau Pratt, alors quand il m'a parlé de ce projet, je suis littéralement devenu fou ! Car pour moi, s'il y a une BD qui compte vraiment beaucoup, c'est bien Corto Maltese... Quand j'étais gosse, je me suis totalement projetée dans le personnage : Corto, c'était le personnage que je voulais être, avec son allure , le magnétisme... Bref, tellement de choses me sont venues à l'esprit quand j'ai commencé à réfléchir sur une histoire, mais je voulais éviter de relire compulsivement toutes ses aventures. Je savais qu'il fallait s'identifier à lui pour mieux le revoir.
Corto est un homme libre, il est plongé dans le tourbillon des guerres mais il pense à sa manière et n'impose aucun point de vue sur le monde. Même s'il passe beaucoup de temps avec tant de fils de pute - et Raspoutine en est un parmi tant d'autres - il ne les juge jamais ».
Votre Corto Maltese continue d'une certaine manière, ce que vous avez commencé avec Fourteen of July : il y a clairement une dimension policière dans l'Océan Noir...
Bastien Vivès : « Absolument. Corto est un mythe qui incarne un ensemble de codes et ouvre la possibilité de mettre en scène tous les archétypes. Cela justifie l'utilisation de plans parfois très expressionnistes, comme au début de l'histoire, notamment dans la séquence de l'abordage".
Martin Quenehen : "Bien sûr, nous devions construire une intrigue engageante, mais nous n'avions pas forcément besoin de solution comme cela arrive souvent dans les aventures de Corto Maltese dans lesquelles le héros cherche un trésor mais finit par ne jamais le trouver... a voulu mettre en évidence en particulier les émotions qui alternent entre les différents protagonistes. Et puis nous avons voulu revisiter les mythes. Ce qui me fascine le plus chez Pratt et que nous voulions rechercher dans l'Océan Noir, c'est la profondeur narrative, les différents niveaux de lecture, la manière d'explorer les zones d'ombre de l'Histoire de l'Humanité".
Y avait-il une forme de peur dans l'idée de redessiner une icône comme Corto Maltese ?
Bastien Vivès : « Je savais que je devais affronter le personnage masculin le plus sexy de la bande dessinée
- et je trouve qu'ils sont assez rares - Corto inspire une grande fascination et admiration tant aux lectrices qu'aux lectrices. Pouvoir garder cette aura dans chaque vignette, essayer de faire en sorte qu'à chaque fois que nos yeux regardaient Corto, nous le trouvions extrêmement attirant, c'était un grand défi, j'ai toujours voulu lui ressembler. Bien sûr, il y a son physique, son comportement, mais j'aimerais aussi que vous puissiez aussi apprécier la façon dont il se comporte, comment il accepte naturellement sa sensibilité, comment il exprime son empathie".
Martin Quenehen : « Il est très intéressant que Thierry Thomas ait écrit dans la biographie consacrée à Pratt (La vie est un signe, l'histoire d'Hugo Pratt et de ses aventures Rizzoli-Lézard) que Corto est le personnage « le plus féminin » de toute l'œuvre de l'auteur ... Corto est aussi un personnage extrêmement lucide, après tout il sait que ce qu'il cherche ne sert pas à grand-chose, donc, il se lance dans une chasse au trésor même s'il est conscient qu'il ne le trouvera pas, mais ce n'est pas qu'il s'en soucie beaucoup, à la fin il aura quand même voyagé, fait des rencontres incroyables, rencontré et socialisé avec des cultures différentes et fascinantes. Corto est un homme de sentiments mais aussi, d'une certaine manière, une sorte de rônin : un samouraï sans maître ni château, sans cause à défendre, pourtant il continue d'avancer. Et même s'il vit dans un monde qui n'existe plus, au milieu d'une humanité folle et indisciplinée, il continue son chemin sans amertume, sans cynisme. Corto n'abandonne jamais et c'est quelque chose que je trouve merveilleux en lui ».
Comme chez Pratt, les femmes ont une importance capitale dans l'Océan Noir : elles sont le moteur du récit, après tout ce sont elles qui poussent Corto d'un bout du globe à l'autre...
Martin Quenehen : « Les héroïnes de Pratt sont sans aucun doute extraordinaires, c'était donc un devoir d'avoir des figures féminines égales à celles croisées et appréciées dans les précédentes aventures de Corto. Pourtant, avec Bastien on n'en avait pas "alors ici, il faut des femmes fortes, des femmes courageuses, des femmes puissantes, des femmes comme ci ou là". Rien de tout cela : les héroïnes de Black Ocean se sont développées d'elles-mêmes au cours du développement de l'histoire. »
Bastien Vivès : "En réalité, toutes les femmes de l'Océan Noir ont un rôle de grande importance dans la société, alors que lui, Corto, ne sert à rien !".
En plus du personnage revisité, il y a aussi une évolution dans le découpage des scènes :
Martin Quenehen : « Bastien et moi avons forcément une vision de l'image différente de celle d'Hugo Pratt et des auteurs de sa génération. Et même si la bande dessinée et le cinéma sont des moyens avec leurs propres caractéristiques, il existe une grande perméabilité entre les deux formes d'expression. Pratt est l'héritier de la tradition occidentale, ainsi que du film noir des années 40. Nous sommes les enfants du cinéma d'action des années 80-90. Après tout, je pense que vous pouvez l'entendre dans nos scènes d'action dont il y a eu beaucoup de discussions entre nous parce qu'elles étaient très importantes dans notre schéma. Un bon film d'aventure implique nécessairement des scènes d'action spectaculaires. Dans une bonne BD, il se passe exactement la même chose : il fallait trouver de grands moments d'action et avec Bastien nous nous engageons à les offrir aux lecteurs de Black Ocean. "