Fufu en connait plein dont mon idole : RABATE
Boh, après quelque chose comme 10 ans de participation à l'organisation de festivals ou de coup de mains aux responsables, plus vie associative bédéphile, il est normal d'avoir une tête qui dit quelque chose à quelques auteurs
Ben oui, j'en connais un petit paquet, mais le nombre de ceux qui connaissent mon prénom ou peuvent s'en rappeler après 2 ans d'absence doit être assez limité.
Il faut bien l'avouer : connaître des auteurs BD en tant que tel est avant tout sympathique pour accéder aux bars auteurs
Sérieusement, ça n'a d'intérêt qu'à partir du moment où on est un adepte de la discussion sur la BD. C'est mon cas et je suis toujours heureux de pouvoir comparer les intentions d'un créateur avec les impressions ressenties à la lecture d'un album.
Mais il n'est pas obligatoire de très bien connaître l'auteur pour véritablement discuter avec lui. La discussion polie sans relationnel affectif n'empêche pas d'avoir un échange riche.
Grosso modo, le petit monde de la BD n'est pas éloigné de tous les microcosmes professionnels traditionnels. Les gens se voient, s'évitent, s'apprécient, se jalousent etc...
L'intérêt pour un non professionnel (ou un non auteur) c'est qu'on apprend rapidement à relativiser et qu'on peut échapper au risque de sacralisation habituel du lecteur-fan.
Mais il y a aussi un autre danger : l'agaçante (en tout cas, moi ça m'agace) dérive "moi y'en a être copain" que l'on voit chez certains habitués des festivals. A partir du moment où un auteur reconnait un type et lui adresse la parole gentiment, l'autre considère immédiatement qu'il est un "ami" de son idôle. C'est absolument incroyable à quel point le terme "amitié" peut être galvaudé par certains fans. Et vas-y que je te tape dans le dos d'Untel parce qu'une fois il m'a dit bonjour, et que je te fais le pied de grue pendant 3 ans en bas de l'hôtel pour pouvoir offrir un verre à Machin pour pouvoir être vu avec, et que je t'annonce que Dupont et moi on est quasiment frères de sang depuis qu'on s'est pris une murge ensemble (ledit Dupont étant tellement bourré que le soir en question, il aurait sympatiser avec les plantes vertes du bar) etc...
On ne peut pas être "ami" avec une foultitude d'amis, déjà que dans la vie c'est pas facile...
En ce qui me concerne, j'ai un certain nombre de relations. Des auteurs avec qui j'aime bien taper la discute, boire un coup ou bouffer ensemble sur des salons si l'occasion se présente. On se connait, on aime bien causer, un peu comme les rencontres forumiennes, quoi
Après, j'ai quelques copains. Là ce sont des gens avec qui le courant est passé plus fort, on peut se voir dans d'autres circonstances que les festivals ou qui acceptent des invitations à des salons ou des manifestations parce que (entre autre) des relations amicales se sont nouées.
Enfin, il y a les rares amis. Ceux qui vous invitent à dîner ou qui viennent chez vous. Ceux qui passent spontanément des appels téléphoniques ou qui envoient des petits messages par mail. Ceux qui, quand ils vous présentent leurs dernières planches ou un story board, et vous demandent "qu'est ce que tu en penses", attendent vraiment une réponse.
Dans mon cas, ce sont pour la plupart des gens de ma génération. On s'est connu à l'époque des galères, avant qu'ils aient sorti leur premier album et quand je m'intéressais au fanzina. Il faut aussi dire que j'ai la chance d'être originaire d'une région à haute teneur en auteurs BD. Ca aide
Bref, la BD c'est comme la vie : beaucoup de monde, et peu de familiers.
Mais on a au moins un point commun, la passion pour un même mode de communication.
Le tout est de savoir ce qui nous plaît dans tel ouvrage, et d'avoir envie d'en discuter avec son auteur, le plus honnêtement possible et sans autre motivation que de développer le dialogue entamé par la lecture.
Voilà... j'ai encore fait court, moi