Dans Astérix, il y avait déjà des légionnaires romains qui avaient du persil dans les naseaux. Alors moi, ça ne me dérange pas outre mesure de voir des personnages dans une BD humoristique avec des bouchons (obturant les narines pour éviter de respirer des effluves neuroleptiques).
Je ne compte plus tous les commentaires où on descend cet album, scénario bof-bof, et ceci, et cela. Quand je vois qu'ailleurs on sort des expressions comme le "Juillard bashing", que ne devrait-on dire à propos de l'unanimité contre Loisel sur ce fil ?
Je suis désolé de prendre le contre-pied, ce n'est pas par esprit de contradiction mais j'exprime seulement mon ressenti avec sincérité.
J'ai commencé à le lire en feuilleton quotidien, par tranches de dix-douze pages. J'en suis arrivé à la page 50. A ce stade, je ne boude pas mon plaisir et rien ne m'a encore déçu, bien au contraire. Je savoure cette lecture de
Café Zombo et cherche des prétextes pour en retarder la fin.
Des quatre albums parus, c'est assurément celui qui m'impressionne le plus et de très loin.
Loisel est le seul à avoir bâti une histoire à la fois drôle et loufoque, avec une intrigue, ménageant un certain suspense et des rebondissements logiques, le tout combiné avec une critique sociale sous-jacente et une stigmatisation des méfaits de l'ultra-libéralisme. Le parti pris étant celui de se moquer, de faire rire, comme y excellait un certain Goscinny plutôt que de proclamer ses revendications avec le poing brandi.
J'apprécie particulièrement les dialogues, travaillés, truffés d'argot mais aussi d'expressions et de tics de langage contemporains, créant un décalage savoureux : hommage certes, et ô combien réussi, mais tout en restant un brin parodique.
Quant au dessin : il écrase les précédents albums, pourtant tous soignés. Les palissades de Loisel, ses terrains vagues, ses chantiers, on en palpe la matière, en en perçoit les odeurs, on entend les bruits, rumeurs, vacarmes. C'est plein de vie, alors qu'on est dans une fiction, animale qui plus est ! Quel talent !
Dix fois plus drôle et enlevé que le dernier Lucky Luke.
Je ne suis pas un fan de Loisel ni de Mickey, à la base. Je suis venu à cette collection par curiosité, parce que j'aimais les albums de Cosey et certains titres du trop prolifique Trondheim. En aucun cas, par affinités avec le monde de Disney. Parmi des milliers d'albums, mes quatre seuls Mickey sont ceux des auteurs Glénat. Après un conte empreint d'une douce nostalgie, un canular speed, un recueil de récits complets parodiques et iconoclastes, Loisel nous offre une histoire plus classique en apparence mais remarquablement bien fignolée.
Bien avant le mot fin, je pense pouvoir affirmer que mon préféré sera ce
Café Zombo. Je ne dirais pas contre toute attente, mais plutôt à ma grande surprise.
Ma phrase du jour, ou plutôt de la veille, sortant de la gueule de l'infâme banquier hippopotame Rock Fuller :
"Aah, ce que j'aime ce petit peuple lorsqu'il est bien docile !..."