Sentimental (Cesc Gay, 2020) et Et plus si affinités (Olivier Ducraye et Wilfried Méance, 2024)Résumé version espagnoleAprès des années de vie commune, Julio et Ana traversent une crise dans leur couple. Jusqu'au soir où Ana décide d'inviter leurs voisins du dessus à dîner, sans prévenir Julio, qui ne les supporte pas. Son grief : le bruit qu'ils font chaque soir lors de leurs ébats déchainés. Au fil de ce dîner, la routine de Julio et Ana se heurte aux mœurs plus que libérées de leurs voisins : les langues se délient, les secrets se dévoilent et les masques tombent.
Résumé version françaiseUsé par vingt-cinq ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie semble à bout de souffle. Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'idée de Sophie d'inviter à dîner Adèle et Alban, leurs voisins du dessus, n'enchante pas Xavier.Il fut un temps ou c'étaient les petits films français à succès qui étaient remakés et non l'inverse. La mode a l'air de changer.
Je n'avais jamais entendu parlé du film espagnol avant de voir son apparaitre au générique de Et plus si affinités. C'est donc la première fois que je vois un remake avant d’enchainer avec l'original pour faire la comparaison.
Si les 2 films ont la même trame et pas mal de scènes similaires, ils sont néanmoins différents par le ton. Le film espagnol est beaucoup caustique, cynique et cru d'un point de vue dialogues que son homologue français. Ce dernier a une tonalité plus douce amère. Il est à mon sens aussi plus drôle jouant plus sur les pétages de plomb du mari joué par Campan. L'adaptation française réussit à raccourcir un film qui déjà durait 82 minutes en rajoutant pourtant des passages ( le piano, le beau final, etc). Ils ont donc coupé dans pas mal de dialogues du film espagnol, il est vrai, assez verbeux.
Comme souvent, le film français embourgeoise, on ne sait pourquoi, ses protagonistes. Le voisin libertin devient pilote de ligne et non plus pompier. De même, le personnage interprété par Isabelle Carré devient une directrice d'agence immobilière.
De même, la France a le culte des losers. Si Javier Cámara joue bien un prof de musique de conservatoire, Campan devient un prof de musique de petit conservatoire de province décrit comme un raté de la musique ( compositeur frustré). Il est radin ,dépressif, en plus de peine à jouir. Il s’énerve, succombe à la violence mais bien entendu en mode Pierre Richard. Il est incapable de mettre un coup de boule. Bien entendu, on ne peut plus faire une comédie française sans rajouter un chien ( élément indispensable petit bourgeois). La psy espagnole devient psy animalière chez nous.
Les 2 films malgré leur sujet sont étonnement sobres en chair et même plutôt soft dans ses propos. Le film espagnol est plus hard dans les dialogues en parlant de sexe anal mais le film français dénude au moins Campan. Faire un film autant tout public sur ce sujet reste étonnant. La fille de la famille mineure dans l'originale devient majeure dans le remake et devient un personnage ayant un rôle clé.
Isabelle Carré joue une frustrée ayant bien compris le jeu de ses voisins et qui rêve de se faire baiser de manière orgasmique. C'est moins le cas de son homologue hispanique qui elle veut juste faire chier son mari. Ce dernier parait d'ailleurs bien plus énervant, dominant, dirigeant la cellule familiale tandis que le personnage de Campan parait être une bonne poire dont on ne comprend pas trop ce que sa femme lui reproche.
Si j'ai préféré le film français, c'est grâce à son casting. Déjà je suis un vendu à Isabelle Carré. Mais ce n'est ni elle ni Campan qui pour moi font la plus value du remake. C'est bien le couple libertin français joué par Julia Faure et surtout un excellent Pablo Pauly qui fait le sel de cette version.
Après les 2 versions ont le même défaut : c'est platement filmé. On dirait une pièce de boulevard sans apport supplémentaire du format cinéma. De même si on sourit on ne rigole jamais. C'est aussi un peu court pour un long métrage. Un moyen métrage aurait suffi.
Le film français apporte un supplément d'émotion dans la très belle scène finale du piano ( même si elle est précédée d'une scène lamentable avec le chien).