L'Ombre d'un homme (The Browning Version) – Anthony ASQUITH – 1951
Beaucoup aimé ce petit film. Probablement adapté d'une pièce d'ailleurs. En tout cas l'écriture et les dialogues, les thèmes, le traitement, évoquent le cadre théâtral.
Le difficile combat des tragédies grecques face aux glorieuses parties de football dans une école anglaise. La fin de carrière misérable d'un professeur intègre et rigoureux, dans un monde qui ne l'est plus, et auquel il n'a jamais été adapté, incapable de se faire aimer de personne, pas plus de ses élèves que de sa femme. Bref, par petites touches sensibles, le film montre lentement son vrai visage, en même temps que celui de son personnage principal.
Les deux titres ont un intérêt différent. La traduction de Browning, où l'art difficile de retranscrire une émotion, une idée, une poésie, et l'enseigner, peut-être même la dépasser en secret. Et l'ombre d'un homme, son passé, son passif, ce qu'il a été, ou rêvé d'être, et ce qu'il en est en fin de parcours. Quelle a été sa trajectoire, le moment où les choses se sont dégradées, si ce moment a existé. Qui est-il, que garde t-il, que ne dit-il pas, que sait-il de lui-même, de cette ombre qu'il laisse derrière lui mais qui n'est pas forcément le reflet de sa vraie nature.
Seul le jeune Taplow, plus intelligent et plus sensible que les autres, le seul à s'intéresser à l'homme et à l'apprentissage du grec, a su lire sa douleur d'homme blessé et sa douceur sous la carapace aride. Tout comme l'amant de sa femme, le professeur de science, et son nouveau remplaçant, qui découvrent l'homme fragile derrière la façade de marbre.
Le jeune garçon qui interprète Taplow joue étonnement bien, d'un naturel déconcertant. Le professeur « Croco » Redgrave également, tout en droiture professorale quasi militaire, puis en émotion contenue. La femme par contre joue assez platement, avec son sourcil qui se hausse nerveusement pour toute démonstration d'émotion. Difficile de ressentir quoi que ce soit pour cette femme plus froide encore que son époux. Car, on le découvre au fur et à mesure, c'est bien elle qui a étouffé toute humanité en lui, par vengeance perverse. Elle ne cesse de l'humilier et le rabaisser, son cœur est malade à cause d'elle.
Réalisation très classique, très british. A l'image du professeur, rien ne dépasse, la rigueur est de mise, il n'y a que ce qui doit apparaître, dans l'ordre le plus strict, ce qui fait que le film a très bien vieilli. Cinématographiquement parlant, c'est très propre, mais ça reste du théâtre, l'intérêt résidant davantage dans le fond que dans la forme. Je me suis donc laissé happer par le charme subtil de ce récit, comme souvent quand un film dit vraiment quelque chose de nous, de la nature humaine.
3/6
(Désolé pour la piste de sous-titres, il y a plein de fautes, ce n'est jamais très agréable de regarder un film peinard et d'être heurté de plein fouet par une(des) faute(s), ça m'a gêné perso. Fichier corrigé ci-dessous)https://we.tl/t-FBISxs1jOy
Jolan, le gars qui n'a le droit de ne rien dire, sinon ses posts sont supprimés illico par Nexus.