Je n'ai pas dit que c'était mes BD préférées, même si elles comptent parmi mes préférences. L'avis peut être à la fois objectif et subjectif. Sur le nombre de parutions produites les définitions (et non pas forcément le consensus) autour de la notion de chef d'oeuvre peuvent s'appuyer sur d'autres notions soujacentes comme celle d'émergence par exemple. Le chef d'oeuvre serait en l'occurrence la BD qui sort du lot, non pas pour des raisons commerciales même si le succès commercial est présent, mais parce qu'on assiste à l'affirmation d'un style fort, à la fois celui de l'artiste et celui de l'oeuvre, par rapport au genre défini et aussi par rapport à l'ensemble de l'oeuvre de l'artiste, tant du point de vue du graphisme que de ceux du sujet et de la narration: les critères objectifs sont à la fois internes et externes.
Le chef d'oeuvre n'a en effet quasiment rien à voir avec le succès commercial , ça se saurait. Depuis quand la masse serait capable d'anticiper en matière d'art. Alors je ne vois vraiment pas en quoi une narration plutôt sensible mais quand même très mode, très ancrée dans son temps et dans sa géographie, et peut-être finalement un peu lourdingue et bien politiquement correcte ou une intrigue bien ficelée mais bien longuette, pourrait être qualifiée de chef d'oeuvre. Sortir du lot ce n'est pas assez pour un chef d'oeuvre , ça c'est la définition d'une bonne bd. L'affirmation d'un style fort n'est même pas suffisant, ça c'est l'émergence d'un véritable auteur, il faut que l'oeuvre soit très novatrice, semble intemporelle et au coeur de l'humanité. Ca pourrait être le cas de Jimmy Corrigan cité plus haut (un peu élitiste peut-être pour atteindre cet universalisme), de Maus( seul "défaut" l'équivalent existe à peu près en littérature traditionnelle), du journal de mon père cité plus haut ( peut-être limite sur le plan novateur), des Bijoux de la Castafiore ou de quelques autres.