Je viens de finir le tome 3 et je trouve que c'est génial !
J'ai hésité à l'acheter quand le tome 1 est sorti... grâce au forum j'ai vu que la série continuait (parce qu'elle n'est pas en rayon dans ma librairie) et qu'elle avait de bonnes critiques. J'ai donc commandé le tome 1, puis les deux suivants.
J'ai été surpris de recevoir les deux premiers sans jaquette transparente. Seul le troisième en avait une, qui comporte le titre alors que le livre, sous la jaquette n'a pas de titre. Cette présentation luxueuse est réservée au premier tirage de chaque tome. Ils sont malins ! Cela évite que les lecteurs attendent que l'histoire soit finie pour tout acheter d'un coup. Si on veut la belle édition, il faut l'acheter dès sa sortie.
Le dessin me rappelle Akira de Katsuhiro Otomo. Mais c'est une BD vraiment originale, je trouve.
Les points forts, c'est que la série réussit dans plusieurs thèmes à la fois : dans la science fiction, avec l'intelligence artificielle et l'exploration de l'espace, dans la politique, avec les entreprises et leurs conseils d'administration, les liens entre le jeu et l'économie réelle, et aussi dans les relations entre les personnages, le tout avec une intrigue pleine de rebondissements.
Le seul point faible (qui est aussi un point fort), c'est que le scénario est assez ancré dans la recherche en informatique, et je pense que certains concepts peuvent échapper aux lecteurs qui n'ont pas de notions en jeux vidéo et en intelligence artificielle.
La construction d'un "serveur personnel" par exemple, ça me parle parce que j'ai moi-même administré un tel serveur dans le jeu vidéo UT2004, où on pouvait se rejoindre entre potes, exactement comme le fait Dana pour y accueillir Marge et Colin. Et le fait qu'il échappe au bannissement temporaire de 6 heures peut paraître au lecteur non averti comme un raccourci scénaristique qui manque de vraisemblance. Pourtant, c'est évident quand on connaît le monde du jeu vidéo en ligne.
Autre thème, plus central et assez pointu, l'émergence d'intelligences artificielles dans le jeu. Ce n'est pas un thème nouveau en science fiction. C'est même un très vieux classique : les répliquants dans Blade Runner, l'ordinateur HAL 9000 qui supplie Dave de ne pas le déconnecter dans 2001, le projet 2501 qui se définit comme une nouvelle forme de vie dans Ghost in the Shell, les machines qui prennent le pouvoir dans Matrix (histoire détaillée dans le dessin animé Seconde Renaissance, préquel à Matrix) ou dans Terminator... ça remonte même au conte de Pinocchio, la petite marionnette vivante.
Dans Bolchoï Arena, ce point est très détaillé techniquement, et fait écho à la recherche actuelle dans les réseaux de neurones avec deep learning, qui peuvent acquérir seuls des comportements qu'on serait incapables de leur programmer, et qu'on ne peut ensuite pas analyser sous forme d'algorithme compréhensible.
De plus, Bolchoï Arena développe bien la question de leur statut, avec Koshka qui les considère comme des objets inanimés et Marge qui les considère, au pire, comme une opportunité majeure pour comprendre l'apparition de la vie dans l'univers, ou mieux, comme une forme de vie à part entière.
Le tout avec des personnages très humains, avec leurs doutes, leurs forces et leurs faiblesses.