Je partage ton point de vue, même si je considère que les derniers albums signés Goscinny sont inférieurs à ceux de la période des grands chefs d'oeuvre. Et je reconnais avec Olaf que "chez les Goths" marque également une étape qualitative. Dessiné entre 1965 et 1972, imaginons ce que les Goths auraient pu donner !Aigle Solitaire a écrit:Attention, je ne mets pas forcément les quatre premiers tomes au même niveau. Gladiateur est excellent et la qualité va crescendo sur ces quatre tomes, pour atteindre un sommet au Tour de Gaule dont la série ne descendra plus durant les vingt tomes qui suivront (amha, bien sûr ).
Il ne faut d'ailleurs pas voir dans les remarques sur telle ou telle faiblesse dans la série historique d'Astérix un propos désobligeant vis-à-vis de RG (René Goscinny !) ou d'Uderzo ou une tentative de dénigrement quelconque, car tout doit être relativisé. Quand on atteint le sommet de la parabole (ça aura tout de même duré quinze ans !), on ne peut à moment donné que redescendre. Mais un Goscinny mineur peut être supérieur à un "XXX" majeur.
Je me fais une réflexion : je me demande si, en supposant que Goscinny soit revenu en pétant la forme de chez le cardiologue et qu'il ait retrouvé son meilleur niveau sur Astérix et Lucky Luke — ce dont je ne doute pas un instant vu les capacités et le talent de l'auteur —, le déclin de ses deux plus fameuses séries n'aurait tout de même pas eu lieu en raison de la baisse de régime des dessinateurs. Car ce qui fait de certains albums des chefs d'oeuvre, c'est un phénomène propre à la BD qui nécessite — en reprenant la métaphore de la parabole — que les courbes de qualité de l'écriture et du dessin se superposent exactement, durant un certain laps de temps (la bagatelle d'une vingtaine d'années pour L.L. et d'une quinzaine pour Astérix). Elles pourraient ne faire que se couper, se croiser, se suivre, avec un décalage. La BD nécessite une savante alchimie pour enchanter le lecteur, un parfait équilibre, une adéquation totale entre le texte et le dessin. Il manquera toujours quelque chose à une histoire formidable mal dessinée et on se lassera malgré tout d'une BD où la pauvreté de l'histoire est affligeante, même si on prend du plaisir à contempler de belles images.
Les tandems Goscinny/Uderzo et Goscinny/Morris ayant produit à un moment donné ce qu'il se faisait de mieux dans le genre (à un niveau quasiment jamais égalé), on ne peut qu'être indulgents et compréhensifs lorsqu'une baisse de régime se manifeste. La carrière d'un grand sportif n'est pas éternelle, non plus. Tant mieux pour celui qui dure davantage. Mais celui qui a atteint l'excellence même sur un laps de temps plus réduit mérite aussi l'admiration et les compliments.