Y a t il des dessinateurs de bd qui se seraient exprimés sur leurs éventuels changements artistiques de style pour mieux rentabiliser leur activité ?
En général ce n'est pas un changement mais quelque chose de calculé dès le début.(du moins pour les nouveaux auteurs) C'est à dire que le style graphique est adapté à la vitesse d'exécution alors que le dessinateur, pourrait faire beaucoup mieux s'il le souhaitait mais ne souhaite pas s'investir d'avantage par souci de rentabilité. On arrive donc à des albums tous plus ou moins torchés et stéréotypés graphiquement ce qui rend l'offre encore plus pauvre au niveau de la diversité.
Après on a le cas, plus fréquent en fait, des auteurs qui commencent sur les chapeaux de roues et s'essoufflent dès le deuxième album et bâclent totalement le troisième parce qu'ils n'en peuvent plus. Ca leur prend trop de temps de trop bien faire et ce n'est pas rentable. (Voir les "confessions" à ce sujet du dessinateur Alfred (le désespoir du singe pas le Alfred de Philémon) sur son ancien blog. Je ne sais pas s'il est encore en ligne)
Mieux vaut un super album qui fait 30 000 que 5 albums qui font 5 000 ventes.
C'est vrai sauf que le problème étant que le succès d'une BD n'est pas conditionné au temps que tu y as passé. On a des trucs hypers chiadés, très beau et tout ce qu'on veut et qui ne se vendent pas plus que des BD où le dessin se résume à sa plus simple expression. Alors pourquoi se faire chier à bien faire?
Je pense qu'au départ un dessinateur dessine dans son style et si c'est un style qui prend du temps, pas grave. Mais après, au vu du temps passé et de ce que ça lui rapporte, soit il laisse tomber la BD, soit effectivement, il s'investit moins car ce n'est plus rentable. Et on en arrive à une baisse générale du niveau.
Certains auteurs l'ont compris en laissant tomber la BD de série pour prendre le temps de travailler à leur manière. Un retour en arrière salvateur.
C'est ce que j'allais dire. Etre rigoureux c'est possible pour un one shot mais tenir la cadence sur une série, à l'heure d'aujourd'hui, ça ne me semble plus rentable.
A l'époque où Hermann a dessiné la planche présentée, les choix ne se présentaient pas ainsi car les auteurs, beaucoup moins nombreux, vivaient correctement des ventes de leurs albums, avec des ventes moyennes bien supérieures à ce qu'on connait aujourd'hui. A cette époque, un auteur pouvait donc ne se préoccuper que de la beauté de son travail...
Exactement. Et c'est ça qui est triste car aujourd'hui un auteur ne peut plus donner 100% de son potentiel à moins de faire un carton mais ça ne s'anticipe pas. Quand j'entends des auteurs dire "il me faut une semaine pour faire une planche", franchement, si c'était encore possible d'y consacrer autant de temps il y a 40 ans, aujourd'hui ce n'est plus possible. Il a donc clairement intérêt a changer de métier ou s'assurer que son album deviendra un best seller. Mais si on avait la recette ça se saurait
Mais l'autre question et qui semble se confirmer partout et dans beaucoup de domaines artistiques: la qualité et le temps passé n'est plus un gage de succès. Beaucoup d'auteurs, de vidéastes, de musiciens, etc...le confirmeront. Pire, le sentiment partagé est que plus c'est fait à l'arrache, plus ça marche. A l'inverse, plus on bichonne plus ça passe au dessus du public. Tout cela n'incite donc pas à perdre son temps à fignoler. Ce qui renvoie aussi à une autre question: le public aurait il perdu le "bon" goût pour n'apprécier de plus en plus que des merdes au détriment du travail bien fait?
On est plus du tout dans la consommation style "je savoure". Aujourd'hui tout va plus vite, on ne consomme plus, on avale tout ce qui passe. Donc les formats courts, légers, vite fait c'est plus facile. On est dans l'immédiateté, le futile, le rapide. On ne sait plus prendre le temps de savourer. On préfère la quantité à la qualité. On en veut un max pour se goinfrer mais au final il n'en reste que de la merde, des deux côtés...