de Bdazur » 01/12/2020 20:46
Il a vu la mort de prêt, certains y ont laissés la vie lors de précédentes éditions, son récit est assez glaçant, j’imagine l’état d’esprit des autres skippers, surtout les bizuts des mers du sud ou ceux voguant avec un imoca similaire
Morceaux choisis
"C'est assez surréaliste. Le bateau s'est cassé en deux, la mer était assez forte. En partant dans un surf, dans une vague, j'ai fait ce qu'on appelle un "planté", c'est-à-dire que le nez du bateau est rentré dans l'eau, mais ça nous arrive très régulièrement. Et là j'ai une sensation bizarre et d'un seul coup, un grand bruit. L'avant du bateau s'est plié à 90 degrés autour du pied de mât (...)
"Si vous voyez le film Titanic, c'était un petit peu ça. L'eau est rentrée dans le bateau en une minute et je n'ai pas eu beaucoup de temps pour réagir. En quatre secondes, le bateau il a planté, l'étrave elle s'est pliée à 90 (degrés), j'ai mis la tête dans le cockpit, y'a eu une vague, j'ai eu le temps d'envoyer un texto, la vague après elle a tout fait shunter l'électronique et tout... Non mais c'est un truc de barjot, plier un bateau en deux. » J'ai juste eu le temps de mettre ma combinaison de survie et de récupérer deux-trois affaires.
C’est alors le début de plus de 11 heures d’attente et d’angoisse. "Je me suis retrouvé dans le radeau, on ne fait pas le malin. J'avais heureusement une balise dans mon ciré, ce qui a permis à Jean (Le Cam) de me retrouver le soir. Par contre, quand il est arrivé sur zone, la mer était tellement forte et il y avait tellement de vent que pour lui c'était très dur de manœuvrer le bateau. On ne pouvait pas effectuer un transbordement à ce moment-là", poursuit le skipper.
j'ai passé la nuit dans le radeau à me faire bercer par les vagues qui venaient déferler. Puis on a attendu le petit matin pour réussir un transbordement. Mais ça a été quand même assez assez chaud parce que les conditions, même si elles était meilleures, étaient toujours un peu compliquées."
Kevin Escoffier avoue avoir trouvé le temps long, mais assure ne pas avoir trop "gambergé". "Franchement, au début, quand vous avez des balises comme ça, vous envoyez un signal de détresse, mais vous ne savez pas si les gens l'ont reçu. Donc ça a été long. Quand j'ai vu Jean, ça m'a tout de suite rassuré un petit peu. Par contre, c'est vrai qu'il y a toute la nuit, il ne fait pas super chaud, j'étais en combinaison de survie dans un petit radeau à se faire ballotter avec les vagues qui viennent taper contre les côtés des radeaux, l'eau qui rentre…", décrit-il.
Jean Le Cam, sans qui rien n’aurait été possible, a avoué avoir été inquiet avant de parvenir à sauver Kevin Escoffier. "A un moment, je me suis posé des questions. Quand tu cherches un peu une aiguille dans une botte de foin... Heureusement qu'il y avait la balise qui nous avait donné un repère. Mais en fait on s'aperçoit que ce n'était pas du tout précis", a-t-il raconté. "Je l'avais vu une première fois, donc bien vivant, dans son radeau. Je suis revenu six fois au même endroit et tu ne vois rien ni personne. La nuit, on est debout en train de scruter partout. C'est un peu stressant."
En principe, c'est un bateau des services de secours (MRCC du Cap) qui va désormais devoir récupérer Escoffier. Les concurrents ayant porté assistance (outre Le Cam, trois autres skippers avaient également été déroutés, ndlr) pourront ensuite reprendre leur tour du monde. Les heures consacrées au sauvetage seront décomptées de leur temps de course.
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Bdazur le 01/12/2020 21:27, édité 1 fois.