J'ai suivi hier ta présentation des albums de Caniff et notamment de Terry. Rares doivent être les boutiques qui disposent dans leur stock des six albums de BDArtiste et le Steve Canyon. Ta vidéo devrait permettre à ceux qui n'ont pas eu ou n'ont pas la possibilité de juger sur pièces en librairie ou chez le galeriste-éditeur parisien, de se faire une idée assez précise de ces beaux albums.
Je voudrais juste faire quelques commentaires pour préciser certains points.
Aussi belle soit-elle, l'édition actuelle ne sera pas l'ultimate edition puisque Solomon et danielsansespace nous ont fait savoir en octobre dernier qu'aux Etats-Unis va paraître dès le mois de mars 2022 une master edition
(bien plus onéreuse, d'un format plus agréable mais impliquant beaucoup plus de volumes, réalisée à partir d'autres documents de travail dont certains d'une meilleure qualité que ceux utilisés pour l'édition achevée (IDW aux E-U. et BDArtiste en France)). On en parlait
iciComparaison des couleurs pour les Sundays color mais aussi du contenu des vignettes. Plus de matière dans l'édition actuelle mais de moins belles couleurs que dans la future édition IDW/Clover Press (qui coûtera 900 euros, sans les frais de port et taxes douanières). On relèvera aussi des différences dans les phylactères (calligraphie du texte mais aussi queues des bulles plus longues).
Il faut savoir que les pages du dimanche ont aussi été présentées dans un format vertical (c'est ce qu'on trouve notamment dans les deux albums Zenda).
Sundays en présentation verticale (albums Zenda de 1990 et 1991) et non plus à l'italienne.
Sinon, pour les similitudes de présentation entre l'édition avortée (tome 1 uniquement) de Steve Canyon chez Hachette et de Terry chez BDArtiste, il n'y a rien d'étonnant puisque les deux éditeurs français sont à la base partis sur des traductions en français des éditions américaines d'IDW (format, dossier, galeries de personnages, résumés, etc...).
Mais BDArtiste qui est la modeste structure éditoriale du galeriste Barbier-Mathon était bien placée avec son réseau d'artistes qui travaillent avec la galerie pour intégrer des bonus. C'est tant mieux pour le lecteur francophone et c'est la raison pour laquelle on ne trouve pas de tels bonus dans l'édition Hachette (un marchand de papier).
En revanche, un bémol pour nos éditions françaises (toutes confondues, Futuro, BDArtiste) toujours au niveau de la traduction de certains dialogues techniques (communications entre pilotes et le contrôle, confusion entre le kérosène et l'essence, etc...).
On retrouve ce problème de langage approximatif ou erroné dans pratiquement toutes les traductions de BD mettant en scène des séquences aéronautiques.
Ainsi, dans l'excellent (le meilleur de l'auteur) manga de Seiho Takizawa,
Sous le ciel de Tokyo... (deux tomes chez Delcourt fin 2017 début 2018), aucune relecture sérieuse n'a été faite. Fautes de français, d'orthographe, mots dépourvus de sens, etc... Une calamité. Dans le tome 1 de ce manga, on peut lire ceci :
"Et si leurs nouveaux bombardiers pilonnent Tokyo, leur altitude de vol sera supérieure à 10.000 km." Dix-mille kilomètres !... Ben voyons, rien moins !
Il ne peut s'agir de dix-mille pieds, ce qui représenterait environ 3,3 km et n'importe quel avion léger ou planeur peut y évoluer sans le recours au masque à oxygène et encore moins à la pressurisation de la structure. Il s'agit bien entendu de dix mille mètres, soit 32.809 pieds (feet), proche (à 191 ft près, càd 58 mètres près) de l'actuel flying level FL330, un niveau de croisière courant pour des avions de ligne et d'affaire pressurisés (ce FL330 exprime une altitude calculée sur une surface isobare virtuelle de 1.013 hPa). Pour les intercepteurs japonais de la WWII, il était quasiment impossible d'atteindre ces niveaux pour contrer les B-29 et c'était frustrant et désespérant pour leurs pilotes.
Il n'est pas nécessaire qu'un traducteur possède ces rudiments d'aéronautique et d'altimétrie, mais juste un peu de bon sens : confondre des mètres et des kilomètres, ça n'était déjà pas admis au certificat d'études. Il est moins grave, dans un calcul effectué dans la vie réelle, de se tromper en obtenant 8 + 7 = 16 que de confondre 8 et 80 ou 8 et 8000. La dernière erreur portant sur un multiple de mille !
Mais elle concerne Delcourt et non BDArtiste, même si quelques coquilles un peu similaires viennent émailler les pages de notre édition française.
Milton Caniff, quant à lui, était rigoureux et précis
(comme le sera Hugo Pratt plus tard), et dans les quelques pages en VO que j'ai pu lire, je n'ai jamais trouvé de bourdes similaires. Et Caniff savait s'entourer et prendre conseil, pour éviter ce genre de boulette qu'un lettreur peut commettre quand il a la tête dans le guidon. Mais qui devrait sauter aux yeux d'un relecteur.