cadeb a écrit:En fait le nœud de mon problème était de débuter dans les comics.
La continuité temporelle du récit associée à une publication des histoires par épisodes à suivre, laisse craindre de ne pas piger d'où on part ni où on va et de s'arrêter au milieu après avoir lu un bouquin... C'est pas culturellement ma nature, en franco belge, une BD c'est souvent un début au début et une fin à la fin ( sauf un coup comme XIII où il y a 17 albums au milieu...

)
Depuis environ un mois j'ai récupéré une petite centaine ( je fais pas souvent les choses à moitié...) de volumes TPB d'occase, récit complets et sagas complètes ( batman superman, spiderman, Xmen, Green Lantern, Justice League,Wolverine, Hawkeye, Saga, Univers, Select , Marvel Top, Heroes, Extra, Classic Etc...)
Maintenant, faut que je les lise...
Ah oui.

Quand même.
Du coup oublie ma proposition de produire la liste ici alors.
La continuité, c'est généralement ce qui fait peur aux néophytes -- en particulier par chez nous, pour les raisons que tu exposes, et qui sont assez largement partagées, mais aussi un peu pour les lecteurs U.S. eux-mêmes, d'où ces dernières années des tentations chez les "Big Two" DC et Marvel de rebooter leur univers de plus en plus fréquemment. Ce qui n'aide pas forcément à s'y retrouver, car en fait... l'idée d' "une seule continuité" dans laquelle tous les récits prendraient place dans un certain ordre de succession devient un peu... théorique. Mais ne panique pas tout de suite.
D'abord, il y a une règle d'or dans les comics : "
Every issue is someone's first issue", chaque numéro qui paraît est potentiellement le premier numéro que lira quelqu'un. Ce qui signifie que, dans l'idéal, le contenu doit toujours rester accessible pour quelqu'un qui débute en ne connaissant rien de l'univers et des personnages. La règle a été "édictée" à une époque où 1/ la majorité des histoires étaient auto-contenues en un épisode -- deux ou trois pour les plus épiques --, 2/ le système de distribution de la presse faisait qu'il y avait un fort risque pour un lecteur de louper un numéro de temps en temps, et 3/ la republication en volumes n'était pas de mise. Tout cela a évolué, mais la règle reste assez fermement établie et largement utilisée. Cela veut dire que, d'une manière ou d'une autre (ça peut passer par un résumé, les dialogues, une note, etc.), chaque numéro, s'il s'appuie sur des éléments précédents, va généralement s'attacher à en rappeler les points-clés.
Au-delà de ça, chacun a une approche différente de la chose, mais comme on a été plusieurs à le dire, dans les grandes lignes : au début, il faut plonger, d'abord on barbote, puis on nage avec de plus en plus d'aisance. On prend des repères, et des réflexes. On se familiarise avec les personnages, les principaux, les secondaires, les figurants.
La continuité, c'est une toile de fond mouvante. Une suite de changements de décors, en quelque sorte, mais c'est ce qui se passe sur le devant de la scène, avec les héros, qui compte. Superman reste fondamentalement Superman qu'on soit à un moment où il a encore ses deux parents adoptifs à Smallville, ou un seul, ou plus aucun
(et non, ça ne s'est pas succédé dans cet ordre...!
).
C'est pourquoi, même s'il y a effectivement un aspect "feuilleton" dans les comics, ta comparaison avec
XIII ne me paraît pas forcément la plus judicieuse. Dans une série comme
XIII, l'évolution de l'histoire d'un tome à l'autre, c'est la trame même de l'histoire, c'est ça qui est important. Du coup, si c'est ainsi que tu envisages la continuité, c'est sûr que tu vas vite perdre pied. Il est plutôt rare (pas inédit, mais rare) que ça se passe comme ça dans les comics.
Pense plutôt à une comparaison avec
Spirou. Les auteurs qui se succèdent apportent chacun des évolutions aux héros, une façon légèrement différente de les concevoir, de les présenter (et puis il y a les
Spirou et Fantasio vus par..., qui sont un peu des récits "hors continuité", voire des
elseworlds), même s'il y a des choses fixes qui évoluent peu ou pas : l'essence des personnages, d'une certaine manière. Alors oui, chaque album a un début et une fin, mais certains éléments de certaines histoires restent, tandis que d'autres sont oubliés. De temps en temps on voit réapparaître un second rôle, ou un "vilain", Zantafio, Zorglub ou Vito Corleone. Un petit rappel en deux dialogues et une note de bas de page ("la dernière fois que nous l'avons vu, il faisait ci ou ça"), et ça roule. À l'époque de Franquin il y avait aussi le fait que certains personnages de
Spirou et de
Gaston, puisque censés travailler pour le même journal, étaient communs aux deux séries, faisant des apparitions dans l'un ou l'autre titre.
Eh bien, les comics, c'est tout pareil.

Juste en plus touffu et avec, pour certains personnages, des évolutions plus marquées, parce que le rythme de production fait que celle-ci est plus pléthorique. Du coup, c'est un peu comme si la moitié des habitants de Champignac ou des membres de la rédaction étaient susceptibles d'avoir leurs propres aventures ; et parfois, comme si Fantasio devait reprendre le costume de groom, parce que le porteur original est dans une mauvaise passe ; ou que Luna Cortizone passait d'antagoniste à alliée récurrente en étant redéfinie de fille de mafieux en actrice et... ah... minute... on me dit que ça ils l'ont fait, dans la série animée. Tout pareil, j'ai dit.

(Mais blague à part, fondamentalement : commence par suivre les histoires qui te sont racontées au moment où elles te sont racontées, tu auras bien le temps de voir la continuité se dessiner à l'arrière-plan au fur et à mesure, et ne commence pas à t'inquiéter d'établir une "biographie" cohérente de chaque personnage des années 30 à nos jours !
... ce qu'essayent de faire, typiquement, les articles Wikipedia français sur les super-héros, hélas.)