Dimanche matin, j'aurai pu étrangler le père Noël. Je lui avais bien dit à ce vieil ivrogne de me laisser le T3 de Servitude sous le sapin, l'ancêtre n'en n'a fait qu'à sa tête.
Le dommage a été réparé puisque j'ai acquis ce nouveau tome dès lundi. Méfie-toi vieux barbu, l'année prochaine je veille au pied du sapin, avec ma batte de base-ball.
Je ne vais pas revenir sur le concert de louanges concernant le dessin de Bourgier et la mise en couleur. Vu la qualité de celles-ci, je comprends pourquoi il met une cinquantaine d'heure pour chaque planche (de plus, si on fait un calcul rapide : 50 heures X 51 planches = 2550 heures / 8 (heures de travail/jours) = env 319 jours!!! rien que de dessin/mise en couleur, ce qui justifie le temps entre 2 parutions).
Comme tout bédéiste qui se respecte, j'ai immédiatement lu ce nouvel opus, avant de relire les 3. Beaucoup de zones d'ombres se sont éclairées et on discerne quasiment la trame générale.
Tout en lisant, je me suis fait les réflexions suivantes :
- Bourgier et David sont quelque peu vicelards : ils savent qu'on a qu'une envie (surtout après plus de deux ans d'attente
) c'est de plonger dans l'album comme on plongerait dans l'eau fraiche d'une piscine au jour le plus chaud de l'été. "Hopopop pas si vite" semblent-t-ils nous dire (comme nos mères nous arrêtaient pour nous mettre de la crème solaire afin de ne pas chopper de coups de soleil) en nous offrant des "préludes" avant chaque album (chant d’Afénor du T1, l'appendice concernant le monde Drekkar nécessaire à la bonne compréhension de cette société au T2, l'extrait de l'Ulfas book
au début du 3). Je suis sûr qu'ils rient sous cape en pensant à nous pauvres lecteurs impatients (mais ces appendices se révèlent absolument indispensables à la compréhension du monde de Servitude et de l'intrigue générale)
- Le mode de narration très original, puisqu'il diffère complètement d'un album à l'autre (chanson de geste pour le T1 - amour, trahison, combat héroïque et désespéré, fin tragique - intrigue politique pour le T2, pièce "classique" avec unité de temps, de lieu et d'action pour le T3) sans que cela rende le tout incohérent.
- l'histoire sans héros cental, même si Kiriel et Flar sont des personnages centraux, on ne peut pas dire que l'intrigue tourne autour d'eux. Le vrai héros serait pour moi l'univers de Servitude, en nous présentant cette période cruciale de son histoire.
- La bataille d’Al Astan : on aurait pu s’attendre à voir quelques planches de cette immense mêlée, mais il n’en est rien (si ce n'est la "montée sur le trône" d'Arkanor, acte qui décrit à lui seul ce qu'est un noble fils de la terre). Est-ce un choix par défaut (difficulté à la mettre en scène et décrire avec précision ce qui nous est expliqué avec schémas à l’appui en fin de volume) ou un vrai choix de prioriser ce qui se passe en coulisse, car quoiqu’il se passe aux pieds des murs de la cité, c’est ce qu’il se passe sur les remparts qui déterminera réellement l’avenir de la bataille et du monde de Servitude.
- La lettre d'Ulfas au début du T3 nous en apprend beaucoup. Je ne peux m'empêcher de penser au T6 de Kogaratsu - "L'homme sur la vague", où les élèves de l'"école du poulpe" et ceux de l'"école du crabe" s'affrontent, et c'est la mouette qui gagne à la fin (les aficionados du rônin comprendront)
Bon, ben je vais essayer d’oublier Servitude quelques temps afin que l’attente du 4ème paraisse un peu moins longue. Sinon j’ai quelques propositions à faire : stopper toute dédicace jusqu’à ce que le tome final soit édité (et d’après ce que j’ai pu lire dans les pages précédentes, Bourgier n’aime pas énormément ça…). Autre solution, plus radicale je l’avoue : on fait un scénar à la « Misery », c'est-à-dire qu’on le séquestre dans un lieu isolé, on ne le libère qu’au moment où la dernière case de la dernière planche du T5 sera réalisée.