pajan a écrit:J'ai commencé à "lire" et à « relire », Saccage, il ya quelques jours. Il y a une foultitude de détails dans chacune des planches. Graphiquement c'est vraiment à tomber. Il y a beaucoup de choses que j'aime par ailleurs et que je retrouve dans Saccage, une esthétique japonisante dans le chapitre trois ou les mégalopoles explosent (Somptueuses planches). J'ai toujours été fasciné par les friches et les ports industriels, ou les usines désaffectées, tout ce qui est paysage urbain déliquescent ou en ruines, là je suis servi.
Les planches sont tellement foisonnantes qu’une fois la 1ere claque graphique passée, il faut prendre le temps d’y regarder de plus près. Certaines d’entres elles rappellent des choses qu’on se trimballe dans notre imaginaire et la liste de personnes qui ont influencé Peeters va être l’occasion de faire des recherches et de peut-être pouvoir se dire mais oui c’est ce tableau, cette image, cette photo !
Et pour le sens, car du sens il y en a :[Révéler] Spoiler:Mon interprétation pour ce qu'elle vaut est que le personnage récurrent est une métaphore de l’énergie, celle qui a permis à l’humanité de sortir de l’obscurité (on voit d’ailleurs le personnage se vêtir de rubans un peu comme une momie, cela évoque pour moi l’énergie domestiquée par l’homme). Et cette même énergie qu’elle soit issue du charbon, de l’électricité, ou le nucléaire, apporte le confort, le progrès mais aussi la destruction de la planète.
On voit le personnage faire des aller retours entre le futur et le passé certaines planches mélangent les différentes époques (planche ou l’on voit des personnages du moyen-âge côtoyés des gens de l’ère industrielle pendant que des cheminées crachent leur fumées noires alors que sur un mur de maison on peut voir le symbole radioactif, dans la planche précédente l’on voit des dinosaures près de la ville)
Certaines planches vous prennent aux tripes, comme celles sur et l’agriculture et l’élevage intensifs. Ou encore la baleine échouée qui explose littéralement et celle, une des plus belles à mon goût, ou l’on voit dans ce qui semble être une décharge, une foule agglutinée agenouillée presque, devant un homme debout qui les éclaire à la lumière de son portable. Est-ce l’illustration des populations les plus pauvres qui aspirent à la société de consommation ou est-ce l’image de ces gens qui fouillent les décharges pour récupérer les matériaux qui sont utilisés pour fabriquer nos portables ?
Les dernières planches montrent la fin de notre monde, dans des tableaux ou des êtres semblent retourner dans les ténèbres (les grands maitres italiens ne sont pas loin) et le personnage que l’on suit s’affaiblit, se retrouve seul.
Dans cette évocation du Saccage de notre planète, j’ai en tête les derniers mots de Peeters qui à la fin de son introduction dit « Maintenant il est temps de passer à autre chose », et je me dis que c’est ce que l’on fait tous. Nous savons que nous allons droit dans le mur, que la planète va mal, que l’issue semble fatale et pourtant nous continuons et on passe à autre chose. On y pense et on oublie…
Merci pour ce livre.
Merci pour ce décryptage. Tu y as vu, ou mis des choses que je pressentais mais comme dans l'angle mort d'un rétroviseur. Je vais re-re-re-lire avec cette approche, histoire de voir ce que j'en retire.