Le dessin est magnifique, il colle parfaitement à l'ambiance du récit, mais je n'ai pas absolument pas été pris par l'histoire. Est-ce à cause de cette voix off qui empiète sur les dialogues, je ne sais pas, mais j'ai trouvé les personnages trop peu consistants. Peut-être est-ce le cas dans la nouvelle de Lovecraft aussi ?
Les personnages de Lovecraft sont souvent des stéréotypes. Ceux du Reanimator n'échappent pas à la règle : Lovecradft brode sur un motif, c'est la transgression elle-même, la chute de l'homme dans le blasphème plus que le personnage lui-même qui l' intéresse. Cela donne des nouvelles dont la fin est assez téléphonée, et dont l'intérêt repose surtout sur la progression dramatique.
Certes, mais n'est-ce pas justement le ton désuet et passé de ce texte qui donne cette atmosphère si réussie à cet album ? Le modifier n'aurait-il pas dénaturé cette adaptation de Lovecraft qui est tant en phase avec ce que cet univers peut véhiculer dans nos esprits.
Oui, d'accord, mais il y a un fossé entre littérature et BD, tout comme il y en a un entre cinéma et BD. L'imagination ne se cristallise pas de la même manière, le lecteur n'est pas un "regardeur" ni un spectateur. La passivité va crescendo. Là, je trouve qu'il n'y a pas eu de parti-pris. D'où la pesanteur - à mon sens - de la voix off. De plus, si Lovecraft est un écrivain du passé, l'actualité de ses textes demeure entière. Et se passe de... passéisme !
Par contre, encore une fois, bon choix - courageux - d'oser une quasi bichromie sur l'ensemble du tome et de ne pas édulcorer ou tailler la nouvelle.