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Rapport de l'ACBD sur l'année BD 2007 par Gilles Ratier

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

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Messagede Casaubon » 31/01/2008 18:32

Message précédent :
Merci de ces précisions très intéressantes, :smile: :ok:


Ce modèle ne risque t il pas de s'effondrer avec la fin du stock de "locomotives" ?
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Messagede Xavier Guilbert » 31/01/2008 19:03

Ce modèle ne risque t il pas de s'effondrer avec la fin du stock de "locomotives" ?


C'est ce que je signalais dans mon analyse dont le lien a été posté plus haut, et qui a été aussi relevé par Christophe C.

D'une part, on peut anticiper un fléchissement avec le rattrapage de la publication japonaise. Sur un Naruto, par exemple, on est à six volumes par an là où le rythme de parution au Japon est à quatre. On est au volume 33, les Japonais en sont au 40, ce qui veut dire qu'on aura rattrapé notre retard plus ou moins courant 2010. Et à ce moment-là, ça voudra dire 300 000 exemplaires vendus dans l'année en moins pour Kana. Ou l'équivalent d'un XIII ou d'un Largo Winch en moins pour Dargaud, ce qui est loin d'être négligeable.
Donc déjà, on voit que les locomotives, c'est bien, quand elles continuent à être des locomotives.

D'autre part, effectivement, se pose le problème de recruter de nouvelles locomotives. On a vu les éditeurs capitaliser sur les succès passés des séries animées diffusées à la télévision à l'époque du Club Dorothée, mais là aussi, on commence à coincer. Entre les séries au graphisme qui date un peu trop (cf. les Tezuka ou les premiers Hôjô), et les séries typiquement japonaises (base-ball ou histoires de samurai), les candidats au gros succès sont peu nombreux. La preuve, c'est que même les japonais ont du mal à remplacer les leurs, et la plupart des gros hits de ces dernières années sont d'ores et déjà signés. On voit d'ailleurs l'empressement qu'il y a eu à sortir Death Note.
Et tout cela, c'est sans compter les exigences des éditeurs japonais, qui parfois demandent d'un éditeur français qu'il publie d'abord telle ou telle oeuvre plus ancienne, ou bien qui tiennent à ce que l'on publie l'intégralité d'une série-fleuve, qui met pourtant du temps à se mettre en place. Bref, tout un tas de contraintes qui sonneraient la mort dans l'oeuf de la publication de la série en question.

Le vrai problème pour les éditeurs pour les années à venir, c'est de réussir à changer de modèle et de s'adapter aux nouvelles dynamiques de marché: de moins en moins de gros hits, mais qui vendent de plus en plus, et derrière, tout un tas de petits titres qui vendent peu, mais qui ensemble font beaucoup.

La ruée sur le manga a, de manière temporaire, repoussé encore un peu le moment où cette mutation sera nécessaire, en apportant une croissance complémentaire qui a plus ou moins dissimulé les autres problèmes. Ceci étant, on voit bien que les gros éditeurs sont en recherche de nouvelles solutions, avec des collections plus sur le super grand public (Blondes et autres Rugbymen, cherchant le plus petit dénominateur commun), ou plus sur le marché de niche (en empruntant aux indés une approche de bande dessinée d'auteur).
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Messagede christoph » 31/01/2008 19:27

Sur un Naruto, par exemple, on est à six volumes par an là où le rythme de parution au Japon est à quatre. On est au volume 33, les Japonais en sont au 40, ce qui veut dire qu'on aura rattrapé notre retard plus ou moins courant 2010. Et à ce moment-là, ça voudra dire 300 000 exemplaires vendus dans l'année en moins pour Kana. ).

Ils n' avaient qu' à pas sortir 7 Naruto l' année dernière...
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Messagede Casaubon » 31/01/2008 19:33

Ca fait quand mêmeun beau pactole amassé pour financer la suite , non?
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Messagede Xavier Guilbert » 01/02/2008 00:55

Ca fait quand mêmeun beau pactole amassé pour financer la suite , non?


Oui, sauf que le système ne fonctionne pas comme ça.
On ne peut pas, d'un côté, privilégier le manga sous prétexte que c'est plus rentable, et de l'autre, s'appuyer dessus pour financer des choses plus risquées. C'est soit l'un, soit l'autre, mais les deux, c'est impossible.

Soit on est dans une situation où l'on sort des livres parce qu'on y croit et qu'ils sont importants, et dans ce cas, oui, un gros succès peut servir de sécurité pour la suite. C'est le cas, par exemple, de L'Association avec le Persépolis de Marjane Satrapi, qui, sans que ce soit prévu au départ, a bien renfloué les caisses et permet à JC Menu de sortir des titres non rentables sans craindre pour la pérennité de l'entreprise.
Soit on est dans une situation où l'on sort des livres parce qu'il s'agit de faire du chiffre et de satisfaire des actionnaires, et dans ce cas tout profit réalisé est à mettre de côté, et les réinvestissements sont limités au maximum. En gros, Naruto est un succès, très bien, mais on attendra de la série suivante qu'elle en soit un aussi.

Je caricature un peu, la situation n'est pas aussi simple, mais globalement, on évolue un peu entre ces deux options qui sont fondemmentalement incompatibles. Pour donner un exemple, Trondheim ne se cache pas que chez Delcourt, Shampooing est "sa danseuse", un truc qui dès le départ est considéré comme étant un travail d'image dont la rentabilité n'est pas un objectif principal.
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Messagede Brian Addav » 01/02/2008 08:02

Oui, sauf que le système ne fonctionne pas comme ça.
On ne peut pas, d'un côté, privilégier le manga sous prétexte que c'est plus rentable, et de l'autre, s'appuyer dessus pour financer des choses plus risquées. C'est soit l'un, soit l'autre, mais les deux, c'est impossible.


Pas sûr d'avoir compris ta pensée là.
Pourquoi les deux ne serait pas possible ???

C'est quand même le schéma le plus éprouvé, dans tous les médias en plus.
Une série (bd, film, etc..) à succès, t'assure une stabilité qui te permet de financer d'autres projets à visée plus restreinte.

Gléant/Vent d'ouest a Titeuf. Soleil Lanfeust. Dupuis Largo, etc...
Au cinéma, beaucoup de producteurs ont ce discours du "blockbuster" qui permet de faire d'autres films à côté.

Non ?
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Messagede Casaubon » 01/02/2008 08:14

Naif que je suis :smile: , je pensais que pour un producteur-éditeur les stars aidaient au financement des petits "nouveaux" :mrgreen:
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Messagede Croaa » 01/02/2008 08:34

Juste pour info, Naruto c'est Kana. il me semble bien que Kana c'est Dargaud non ?
Et la collection Poisson Pilote c'est Dargaud aussi non ?

CQFD non ?
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Messagede Pouffy » 01/02/2008 10:25

Ce que les éditeurs n'ont également pas complètement intégré et qui me semble dangereux... c'est que les lecteurs Français "consomment" les mangas de façon très différente de la bande-dessinée Franco-Belge.

Le lectorat est souvent plus jeune, ils abandonnent très facilement des séries... et surtout ils revendent, achètent, échangent beaucoup. Aujourd'hui, il y a un marché d'occasion énorme sur les mangas.

Bref, un lectorat très difficile à fidéliser et qui commence déjà à beaucoup tourner sur de l'occasion.
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Messagede Xavier Guilbert » 01/02/2008 10:27

Pas sûr d'avoir compris ta pensée là.
Pourquoi les deux ne serait pas possible ???

C'est quand même le schéma le plus éprouvé, dans tous les médias en plus.
Une série (bd, film, etc..) à succès, t'assure une stabilité qui te permet de financer d'autres projets à visée plus restreinte.


Oui, mais. Mais tout d'abord c'est un peu simpliste comme schéma, et ensuite ça finit par être invoqué comme excuse à toutes les dérives. "Ah oui, c'est une grosse bouse commerciale, mais ça permet de financer deux-trois trucs d'auteurs par là." Je trouve que c'est un raccourci abusif.
Ce que je voulais dire, c'est que cette excuse est un peu trop souvent dégainée à mon goût, et que lorsque l'on sort une compil ou un hors-série Titeuf, ou que l'on repackage les Gaston, ce n'est pas pour financer des projets moins rentables, mais bien pour générer du revenu additionnel.

Sinon, pour répondre à croaa, d'une part, il paraît que les collections au sein d'une même entité du type Dargaud ne vivent pas toujours comme une grande et belle famille où tout le monde s'aime et s'entraide.
Et d'autre part, quand Dargaud lance Poisson Pilote en 2000, c'est pas non plus avec des petits nouveaux qui n'auraient rien fait auparavant: Trondheim/Larcenet, Sfar/David B., les frères Larcenet et les frères Le Gall ... avant de poursuivre l'année d'après avec Delisle, Sfar tout seul, Blain et Trondheim/Parme. Il y a des prises de risque plus hasardeuses.

Pour préciser un peu ma pensée (c'est le matin, le week-end est pas loin, il faut laisser le temps au café de faire son effet), on notera qu'on a souvent des collections-laboratoires, que ce soit Poisson Pilote ou Shampooing, qui doivent sans doute répondre à des objectifs de vente et/ou d'image différents de ce qui peut être appliqué ailleurs. Ce qui veut dire que, à l'échelle de la collection, on est dans une optique éditoriale et pas dans une optique commerciale. Ce qui se passe quand l'une remplace l'autre, d'ailleurs, c'est que la collection saute.
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Messagede Brian Addav » 01/02/2008 10:46

Oui, mais. Mais tout d'abord c'est un peu simpliste comme schéma, et ensuite ça finit par être invoqué comme excuse à toutes les dérives. "Ah oui, c'est une grosse bouse commerciale, mais ça permet de financer deux-trois trucs d'auteurs par là." Je trouve que c'est un raccourci abusif.
Ce que je voulais dire, c'est que cette excuse est un peu trop souvent dégainée à mon goût, et que lorsque l'on sort une compil ou un hors-série Titeuf, ou que l'on repackage les Gaston, ce n'est pas pour financer des projets moins rentables, mais bien pour générer du revenu additionnel.


J'ai pas souvenir d'avoir entendu jacques glénat parler de grosse bouse pour titeuf, etc... :mrgreen:
Pour moi ce n'est pas une excuse. A partir du moment où tu as une grosse "écurie", tu ne peux pas ne miser que sur des projets à but "confidentiel".
La grosse artillerie, la série phare, elle est nécessaire pour permettre de tester, de chercher la future star.

Quand tu regardes l'historique des grandes maisons, celles qui s'en sortent sont celles qui tapent un gros succès.
Dupuis avait les auteurs de l'âge d'or, et grâce à eux, ils ont pu tenter du soda, du largo qui ont mis du temps à devenir des blockbusters. Et ils l'ont fait car ils avaient une stabilité grâce aux gros titres.
Idem chez Dargaud. XIII n'est devenu un mythe qu'au bout du 5ème album. Ils ont laissé la série s'installer grâce à leur stabilité.
Soleil, tu enlèves Arleston et son Lanfeust, on aurait peut-être jamais eu skydoll, luuna, et autres trucs...

Même chez les petits éditeurs, moins mainstream, moins "populaire", un grand succès ça aide. Que serait devenu l'association sans persepolis ?
Quand ils sortent l'intégrale en parallèle de la sortie du film, c'est bien pour générer du revenu additionnele qui leur permettra de financer des projets moins rentables.

Maintenant, je te concède un changement ces dernières années où la durée de vie d'une série est de plus en courte, tout décisionnaire ne visant plus un résultat global mais un résultat par série, indépendamment de l'ensemble.

Mais là, c'est un pb purement économique qu'on retrouve partout. La BD est rentrée dans l'ère des actionnaires, et ces gens là veulent du cash. Donc plus moyen de redistribuer le profit d'une série vers les autres. (ou plutôt beaucoup moins qu'avant).
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Messagede Xavier Guilbert » 01/02/2008 11:04

Pour moi ce n'est pas une excuse. A partir du moment où tu as une grosse "écurie", tu ne peux pas ne miser que sur des projets à but "confidentiel".
La grosse artillerie, la série phare, elle est nécessaire pour permettre de tester, de chercher la future star.
[...]
Même chez les petits éditeurs, moins mainstream, moins "populaire", un grand succès ça aide. Que serait devenu l'association sans persepolis ?
Quand ils sortent l'intégrale en parallèle de la sortie du film, c'est bien pour générer du revenu additionnele qui leur permettra de financer des projets moins rentables.


Pour L'Asso, je n'ai pas dit le contraire. Cf. un de mes posts plus haut.
Par contre, je pense que la grosse différence, c'est l'intentionalité que l'on place derrière cette idée de "le gros succès finance des trucs plus confidentiels". Or, souvent, c'est une intentionalité qui suppose une volonté culturelle, pour forcer un peu le trait, c'est comme si on disait "Hollywood fait du blockbuster pour financer son cinéma d'Art et d'Essai". Sauf que ce n'est pas vraiment le cas.

Tu dis, "la série phare est nécessaire pour permettre de chercher la future star". Oui, mais cette approche suppose que l'éditeur en question cherche une future star, et donc que son ambition / son projet éditorial est de faire des grosses séries qui vendent bien. Ca ne veut pas dire que ce soient de mauvaises séries, hein, mais il y a une ambition commerciale particulière, dans laquelle l'un des objectifs principaux est que ça vende bien.
Quand Menu dit que Persépolis leur a donné une certaine sécurité commerciale, et qu'ils peuvent se lancer dans des projets peu rentables, il faut voir ça dans l'optique d'une petite structure, chez qui trop de projets peu rentables peu signifier la clé sous le paillasson. Mais même s'il y a des contraintes commerciales, l'objectif principal est de faire des bons bouquins -- que ça vende bien, c'est un à-côté pas désagréable, même si c'est parfois difficile de continuer à se positionner comme un rebelle lorsque l'on a un best-seller...

Tout dépend de l'approche que tu choisis. Ensuite, oui, on peut toujours dire que les gros succès payent les petites expériences, parce qu'on arrive rapidement à un discours qui est que sans le gros succès, la structure n'existerait plus. Ca répond à la question de manière radicale, tu me diras, mais ce n'est pas très satisfaisant. Mais au moins, ça a le mérite de montrer les deux pôles (éditoriaux et commerciaux) qui coexistent...
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Messagede Brian Addav » 01/02/2008 11:19

Par contre, je pense que la grosse différence, c'est l'intentionalité que l'on place derrière cette idée de "le gros succès finance des trucs plus confidentiels". Or, souvent, c'est une intentionalité qui suppose une volonté culturelle, pour forcer un peu le trait, c'est comme si on disait "Hollywood fait du blockbuster pour financer son cinéma d'Art et d'Essai". Sauf que ce n'est pas vraiment le cas.

Tu dis, "la série phare est nécessaire pour permettre de chercher la future star". Oui, mais cette approche suppose que l'éditeur en question cherche une future star, et donc que son ambition / son projet éditorial est de faire des grosses séries qui vendent bien. Ca ne veut pas dire que ce soient de mauvaises séries, hein, mais il y a une ambition commerciale particulière, dans laquelle l'un des objectifs principaux est que ça vende bien.


Son objectif principal, c'est que sa boîte, son entreprise, continue de vivre. C'est déjà beaucoup.
Ca veut qu'il puisse continuer à éditer ses auteurs, à payer ses employés.
Et pour cela, il faut des lecteurs donc vendre.

Donc oui, comme tu le dis, les pôles éditoriaux et commerciaux sont indissociables.
Et ce quoiqu'on en dise et quoiqu'on affiche comme posture.
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Messagede Croaa » 01/02/2008 11:55


Sinon, pour répondre à croaa, d'une part, il paraît que les collections au sein d'une même entité du type Dargaud ne vivent pas toujours comme une grande et belle famille où tout le monde s'aime et s'entraide.
Et d'autre part, quand Dargaud lance Poisson Pilote en 2000, c'est pas non plus avec des petits nouveaux qui n'auraient rien fait auparavant: Trondheim/Larcenet, Sfar/David B., les frères Larcenet et les frères Le Gall ... avant de poursuivre l'année d'après avec Delisle, Sfar tout seul, Blain et Trondheim/Parme. Il y a des prises de risque plus hasardeuses.



Poisson Pilote était un exemple comme Naruto l'était.

Tout cela pour dire qu'il faut arrêter de penser que les éditeurs doivent être des oeuvres de bienfaisance. Un éditeur se doit de gagner de l'argent car c'est une entreprise comme une autre. Bien sûr, des intiatives d'éditeur indépendants qui misent plus sur la qualité que la quantité sont à saluer (c'est d'ailleurs mon fond principal de lecture je le précise) mais il ne faut pas rêver, si il n'y avait que ceux-là il y a fort à parier que le monde de la BD serait plus pauvre en qualité.
Car oui, quand un Larcenet gagne de l'argent chez Dargaud ou Fluide, il s'empresse d'en "perdre" chez les Rêveurs. C'est ça aussi les "grands éditeurs", ils permettent à des auteurs de gagner un peu d'argent et soyons fous, de vivre, grâce à des projets parfois moins personnel et à coté s'impliquer sur d'autres projets plus confidentiel.

Il faut arrêter de reporter la faute toujours sur les méchants éditeurs et plutôt sur l'instinct grégaire du lecteur. Quand celui-ci se forcera à consommer un peu moins et se mettra à lire des BD, alors peut-être que les éditeurs réorienterons leur "production".

Mais je maintiens, sans les grosses productions qui font de l'argent, beaucoup moins de petits albums de qualité. il faut juste trouver le juste milieu, mais tout le monde doit s'y mettre : lecteur et éditeur.
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Messagede Xavier Guilbert » 01/02/2008 12:52

Il faut arrêter de reporter la faute toujours sur les méchants éditeurs et plutôt sur l'instinct grégaire du lecteur. Quand celui-ci se forcera à consommer un peu moins et se mettra à lire des BD, alors peut-être que les éditeurs réorienterons leur "production".


Attention, je n'ai rien dit contre les "méchants éditeurs", à aucun moment. Au contraire, j'ai essayé d'être le plus nuancé possible, en évitant de procéder à des jugements de valeur.

Par contre, je ne ferais pas autant preuve d'angélisme, ou de jusqu'auboutisme dans la défense des grosses-ventes-qui-permettent-aux-petits-livres-d'exister, comme tu le fais. Encore une fois, c'est un raccourci que je trouve un peu abusif, et ensuite, je trouve que c'est une justification motivée, qui cherche à dire plus que simplement décrire une réalité économique.
Parce que dire, comme tu le fais, que Dargaud ou Fluide permettent aux Rêveurs d'exister, c'est limite de la propagande douteuse. Les Rêveurs existent parce que Larcenet veut s'investir dans cette maison d'édition, et Dargaud et Fluide n'ont rien à voir là-dedans. Larcenet bosserait comme manutentionnaire chez Ikéa, je doute que qui que ce soit oserait dire que Ikéa supporte la création artistique.
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Messagede Croaa » 01/02/2008 13:20

Je n'ai jamais dis à que grâce à Dargaud ou Fluide les rêveurs existaient. J'ai dis que parce que Larcenet avait de gros succès chez Dargaud ou fluide, il pouvait se permettre de sortir des albums chez les rêveurs sans en attendre une rentrer financière suffisante à le faire vivre et donc s'investir plus chez ce petit éditeur.

Je ne fais pas d'angélisme à propos des grosse ventes, mais un constat. De plus je ne dis à aucun moment que les propos des éditeurs pour se justifier sont fondés. Je constate que bien souvent on critique les éditeurs sans porter une partie de la responsabilité sur les lecteurs/acheteurs. Si certaines bd de piètre qualité se vendent bien à qui faut-il le reprocher, à celui qui l'éditent ou à ceux qui l'achètent ?
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Messagede Xavier Guilbert » 02/02/2008 19:58

Je n'ai jamais dis à que grâce à Dargaud ou Fluide les rêveurs existaient. J'ai dis que parce que Larcenet avait de gros succès chez Dargaud ou fluide, il pouvait se permettre de sortir des albums chez les rêveurs sans en attendre une rentrer financière suffisante à le faire vivre et donc s'investir plus chez ce petit éditeur.


Oui. Sauf que cet argument n'est vrai qu'à l'échelle de Larcenet, qui n'est de plus pas éditeur chez Dargaud ou Fluide. Donc dans la discution plus large qui sous-entend que les grosses ventes des éditeurs servent à financer les projets moins rentables des mêmes éditeurs, c'est hors-sujet.

Je constate que bien souvent on critique les éditeurs sans porter une partie de la responsabilité sur les lecteurs/acheteurs. Si certaines bd de piètre qualité se vendent bien à qui faut-il le reprocher, à celui qui l'éditent ou à ceux qui l'achètent ?


Mouais, et tu veux en venir où? Parce que oui, la faute est partagée, mais dans l'histoire, c'est encore les éditeurs qui en font un boulot et qui en vivent, hein. Il n'y a pas, que je sache, de lecteurs professionnels. Ce qui fait donc que si on en vient à questionner la qualité de ce qui est produit ou se vend, c'est vers les éditeurs (ou les auteurs) que l'on doit se tourner.

Mais encore une fois, le point que je cherche à avancer ne fait pas de jugement de qualité. Je n'oppose pas grosses ventes abrutissantes et projets confidentiels avant-gardistes, je pose la question d'une certaine justification a posteriori des grosses ventes comme soutient de la diversité de l'offre. L'idée que, "les grosses ventes permettent aux éditeurs de financer des projets plus risqués", qui, à mon sens, est de la jolie histoire racontée (ou imaginée) par les journalistes.
Tiens, c'est marrant, ça me rappelle un peu l'histoire du manga comme péril jaune, avec tous les grands éditeurs prêts à dire que oui, c'est terrible, ça met en danger la création française d'un côté, et de l'autre à surfer comme tout le monde sur la vague. Je ne sais pas trop d'où naissent ces jolies histoires, mais comme tout le monde y trouve son compte (les journalistes avec un truc simple à raconter, les éditeurs avec un truc qui les valorise), elles perdurent.
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Messagede thyuig » 02/02/2008 20:33

L'idée que, "les grosses ventes permettent aux éditeurs de financer des projets plus risqués", qui, à mon sens, est de la jolie histoire racontée (ou imaginée) par les journalistes


l'état du marché du disque en atteste d'ailleurs largement.
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Messagede Croaa » 03/02/2008 12:41


Oui. Sauf que cet argument n'est vrai qu'à l'échelle de Larcenet, qui n'est de plus pas éditeur chez Dargaud ou Fluide. Donc dans la discution plus large qui sous-entend que les grosses ventes des éditeurs servent à financer les projets moins rentables des mêmes éditeurs, c'est hors-sujet.



Non, cet argument est vrai pour plusieurs auteurs. Si Trondheim ne gagngait pas suffisemment d'argent avec Donjon par exemple, par sûr qu'il pourrait se permettre de passer du temps sur son jouet "Shampoing", pas sûr d'ailleurs que Delcourt ait le financement pour le laisser jouer. Sans un certain succès du Photographe, Guibert ne pourrait peut être pas de passer du temps sur bouquin plus intimistes sur Paris et autres, etc.
Oui, cet argument ne tient pas pour Van Hamme, Vance, Giraud (quoique pour éditer Inside Moebius que ne se vend pas très bien, il faut bien pouvoir vivre grâce à Blueberry), etc..

Non Larcenet n'est pas éditeur mais cela n'empêche pas que Dargaud lui permet de bien vendre le Combat ou le retour à la Terre et que donc pour manger il n'a pas forcément besoin de treavailler exclusivement avec uniquement ce type d'éditeur.
C'est connexe au sujet que tu évoques, c'est tout.


Mouais, et tu veux en venir où? Parce que oui, la faute est partagée, mais dans l'histoire, c'est encore les éditeurs qui en font un boulot et qui en vivent, hein. Il n'y a pas, que je sache, de lecteurs professionnels. Ce qui fait donc que si on en vient à questionner la qualité de ce qui est produit ou se vend, c'est vers les éditeurs (ou les auteurs) que l'on doit se tourner.



Si les lecteurs faisaient un peu plus la part belle à la qualité et arrêtaient d'acheter uniquement ce qu'on leur propose sur la devanture des étalages, les éditeurs seraient bien obligés d'évoluer dans leur politique éditoriale. pas besoin d'être professionnels pour influer sur un marché. C'est de l'utopie et je m'en fous un peu car moi je trouve mon compte dans l'ensemble de la production actuelle.

Je le répête, je ne dis pas que les éditeurs n'utilisent pas cette justification pour se donner bonne conscience mais je dis que c'est une réalité. Si il n'y a pas un Titeuf, à coté il n'y aura pas plusieurs autres titres moins vendeurs. C'est une réalité économique. maintenant que les éditeurs souhaitent que chaque titre soit un gros succès et non juste un beau bouquin.

La qualité, ce sont aussi les lecteurs qui la font indirectement. Que tout le monde arrêtent d'acheter la baguette pourrie vendue dans certain hyper marché et les hyper marché arrêteront de la produire.
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Messagede christoph » 03/02/2008 14:30

Giraud (quoique pour éditer Inside Moebius que ne se vend pas très bien, il faut bien pouvoir vivre grâce à Blueberry),

Inside Moebius n' a pas été créé dans le but d' être édité.
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Messagede Xavier Guilbert » 03/02/2008 15:32

Non, cet argument est vrai pour plusieurs auteurs. Si Trondheim ne gagnait pas suffisemment d'argent avec Donjon par exemple, par sûr qu'il pourrait se permettre de passer du temps sur son jouet "Shampoing", pas sûr d'ailleurs que Delcourt ait le financement pour le laisser jouer.


Trondheim déclarait l'an dernier qu'il gagnait beaucoup mieux sa vie avec la publicité qu'avec la bande dessinée. Faut-il remercier la pub, alors, de permettre à Shampooing d'exister? Et pas que Shampooing, puisque beaucoup d'autres auteurs, les deux nouveaux Grands Prix d'Angoulême en particulier, vivent en premier lieu de la publicité.

De plus, si Shampooing existe, ce n'est pas juste pour faire plaisir à Trondheim, c'est surtout parce que Delcourt cherche à se construire une image, à avoir une collection "de prestige" qui lui attire des nominations. C'est une manière de se faire de la publicité, du budget "com".

Ce qui me gêne dans ton argumentation, c'est qu'elle pré-suppose que tous les auteurs ont les mêmes aspirations, les mêmes exigences, que ce soit pour assurer leur subsistance ou pour la production. Et qu'elle fait complètement abstraction d'une véritable motivation de la part des auteurs à vouloir sortir des chemins battus. Bref, ce qui ressort en creux, c'est que pour toi, les auteurs cherchent à gagner leur pain, et ensuite, éventuellement, ils vont se donner la possibilité d'aller explorer des trucs moins commerciaux.
Pour mémoire, Trondheim a commencé à être publié chez des petits éditeurs, et n'a pas attendu d'avoir du succès avec Donjon pour expérimenter et faire des trucs bizarres ou fous ou invendables. Donjon ou Lapinot ou les Petits Riens lui assurent peut-être une certaine sécurité, mais c'est vraiment très réducteur que de penser que cette sécurité était l'objectif premier et la principale ambition de l'auteur. Et c'est là que nos avis divergent complètement.

Je le répête, je ne dis pas que les éditeurs n'utilisent pas cette justification pour se donner bonne conscience mais je dis que c'est une réalité. Si il n'y a pas un Titeuf, à coté il n'y aura pas plusieurs autres titres moins vendeurs. C'est une réalité économique.


Non, c'est de la jolie histoire. Quand on sort ce genre de produit, si on est dans une approche économique, on essaie de faire en sorte que chacun rapporte, ou au mieux, maximise son potentiel. Et si ce n'est pas le cas, on coupe. Ou alors, on est dans une optique comme celle que je décrivais plus haut pour Shampooing, avec une approche d'image et un travail qui tient plus de la communication. Et qui peut être considéré comme rentable aussi.
En fait, tu as raison, s'il n'y a pas un Titeuf, à côté il n'y aura pas plusieurs autres titres moins vendeurs. Mais si Titeuf contribue à la diversité, c'est par un processus plus pervers que la simple grandeur d'âme éditoriale de Glénat: si diversité il y a, c'est pour tenter de reproduire la formule des super ventes, c'est pour essayer de trouver une autre locomotive du même genre, pas pour juste apporter de la diversité puisque l'on a la sécurité, maintenant.

La qualité, ce sont aussi les lecteurs qui la font indirectement. Que tout le monde arrête d'acheter la baguette pourrie vendue dans certain hyper marché et les hyper marché arrêteront de la produire.


Mais pourquoi cela devrait-il nous empêcher de critiquer le travail des éditeurs? Les deux ne sont pas incompatibles. Et encore une fois, dans l'histoire, ce sont les éditeurs qui bossent et qui y gagnent de l'argent, pas nous lecteurs. J'ai payé, j'ai lu, j'ai réalisé ma part du deal, j'estime que ça me donne le droit de critiquer et de dire que je ne suis pas content.
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