Une année presque jour pour jour (faut-il y voir une coincidence ou tout est-il écrit se demanderait Marianne) après que bdpendant m'ait chaleureusement conseillé la série
Quelques pas vers la lumière sur mon sujet de présentation (qu'il en soit ici remercié), je me suis enfin décidé à commander les tomes. J'ai commandé les 5 tomes d'un coup, assez sur de moi, et je n'ai pas eu tort; bdpendant non plus d'ailleurs.
Comme (probablement) la plupart des membres de ce forum, j'ai toujours vaguement rêvé de scénariser une BD un jour (parce que je ne sais pas dessiner et que je crois savoir - un peu - écrire). Et bien c'est précisément comme ce que nous offre Marchand dans cette série que j'aurais imaginé la ligne aussi bien graphique (claire) que rhétorique de "ma" BD rêvée.
J'ai vraiment beaucoup aimé. La ligne et les couleurs d'abord. En amateur invétéré de la ligne claire et en classiciste néo-conservateur en ce qui concerne la BD (au contraire de presque tout le reste
), je me suis délecté du style et des petites allusions sympas aux figures mythiques du style. Les couleurs sont incroyablement maîtrisées et transmettent remarquablement les ambiences (avec ces superbes vues "aériennes" de paysges urbains au crépuscule notamment). Seuls les visages et les expressions des personnages m'ont semblé être un brin moins aboutis au début, mais on sent la maîtrise qui s'installe au fur et à mesure des tomes, et on atteint un résultat global somptueux dans le second cycle. Le tout m'a rappelé Adler de Stern (que j'avais également beaucoup aimé), que je suis surpris de ne pas avoir lu ici dans les comparaisons; et peut-être aussi un peu les Harry Dickson de Zanon.
Les dialogues un peu "vintage" (pour éviter le caractère dépréciatif que pourrait conférer "vieillot"
) et surtout le découpage et le déroulement de l'intrigue, très lent, m'ont en fait beaucoup plu. C'est un rythme qui invite à savourer sa lecture comme un bon thé vert, pas comme un soda avalé à toute vitesse. Le scénario m'a également bien captivé. Le trip mystique de Marianne n'est a priori pas mon truc, mais finalement il joue un excellent rôle d'invitation au voyage, et c'est bien le voyage qui me semble être au centre de la démarche, dans la meilleure tradition hergéenne.
Je suis pas trop un polémiste, mais quand je lis, sur ce sujet, que l'auteur tire un bilan mitigé de l'aventure et qu'il y a laissé des plumes, je trouve ça bien malheureux. Comment le monde de la BD - et surtout sa branche éditoriale - peut-il laisser un talent comme ça dans l'ombre? Bien plus que quelques pas, ça mériterait un aller simple express vers la lumière!