J'ai également lu les deux premiers tomes de Pythons et je me permets d'apporter un contrepoint à l'avis très enthousiaste de Reznik...
Personnellement, je n'ai pas aimé. Et c'est surtout le scénario qui m'a ennuyé, dans lequel j'ai retrouvé tout ce qui me déplaît dans l'heroic fantasy. C'est un genre que j'aime beaucoup quand l'univers est bien construit mais qui m'ennuie quand il part soit dans la simplicité extrême soit dans ce que j'appelle la fausse complexité, ce qui est le cas ici. Je m'explique. On retrouve dans l'album tous les éléments traditionnels du genre (l'orphelin qui cherche un maître pour rendre le monde meilleur, la féodalité et l'inquisition, les dragons apparentés à la justice divine, quelques créatures maléfiques...) sans réelle originalité ou particularité dans le fond. Quant à la forme, je parle des dialogues, elle n'est pour moi que poudre aux yeux : un ton mystérieux, je dirais même faussement mystificateur, qui m'a ennuyé (et qui compte pas mal de coquilles et fautes d'orthographe, ce qui est tout de même dommage). La complexité est pour moi gage de qualité dans un récit mais, ici, elle ne sert à rien et elle n'est qu'apparente. J'irais même jusqu'à dire qu'elle cache un scénario finalement très vide qui ne m'a pas du tout intéressé. Le surplus de phrases plus ou moins mystiques et de secrets à ne surtout pas dévoiler m'a complétement détourné de l'intrigue dont je n'ai pas vraiment envie de connaître la fin.
Un mot sur le dessin : le côté épuré est original, mais il l'est parfois un peu trop (décors minimalistes, parfois des traits de visage qui manquent, surtout au début du T1...). J'avais de loin préféré le style de L'encyclopédie du Mal. Les couleurs sont quant à elles plutôt réussies, avec un joli contraste entre des planches très sombres et parfois une couleur éclatante qui vient vous sauter aux yeux, pas mal du tout.
Je trouve ta critique pertinente, d'autant plus que je me suis posé les mêmes questions. L'épure narrative et le caractère abscons des dialogues ne masque-t-il pas un vide, ou du moins une histoire très banale ?
Je dirais que c'est une question de ressenti.
La qualité première de la série est d'ordre atmosphérique. Personnellement j'accroche au graphisme, j'ai de suite été transporté et concerné par le soirt des personnages, donc je conçois que mon point de vue manque de recul et qu'un examen objectif des 2 albums révèlerait de grosses ficelles.
Mais c'est là le combat de nombreuses bd (ou films). L'histoire est souvent peu ou prou la même. Seul le traitement -la façon de raconter cette histoire- diffère généralement et en l'espèce j'y ai adhéré tandis qu'il t'a rebuté. J'ai effectivement un faible pour l'épure narrative (au cinéma comme en BD), pour les gens qui font parler les images et s'en remettent à des dialogues évocateurs plutôt qu'explicites, francs et directs surtout pour ce genre de récits légendaires et initiatiques.
Pythons n'est pas irréprochable, Delmas abuse peut-être de ce ton mystérieux qui t'a géné, mais je lui trouve beaucoup plus de qualités que de défauts.