glz92 a écrit:On pointe aussi du doigt les magazines de BD qui ont disparu et qui ne peuvent plus proposer de nouveaux auteurs. Vous rigolez ! il existe quoi en kiosque : les éternels spirou, fluide glacial mais il y a aussi psikopat, DBD, casemate, et autres magazine pour le jeune public : tchô (il vient de resortir), Pif (qui sort en magazine épais) mickey magazine, j'aime lire et bien d'autres... certes il y en a pas des dizaines mais dans les années 50-60-70 vous en aviez plus ? ben non.
Pour expliquer cette illusion du manque de grand auteur de BD aujourd'hui, il faut aussi pointer du doigt la variété des médias qu'il n'y avait pas avant.
Maintenant, un bon dessinateur s'orientera plus vers les films d'animation ou les jeux vidéo. Et oui c'est comme ça ! il faut vivre avec son temps. Et donc qui sait peut-être que le grand dessinateur de BD tant espéré ce trouve dans ces milieux là et non sur du papier.
Je relève juste ces 2 points :
- les supports de pré-publication :
Il y a BEAUCOUP moins de supports qu'avant, c'est indéniable.
Vous citez DBD et Casemate, mais ce ne sont pas des journaux de pré-publication, mais des magazines traitant de BD et publiant des BD dont la sortie en album est déjà programmée (c'est plus de la publicité que des laboratoires pour dénicher des talents).
Je ne l'ai pas avec moi en Alsace, le livre est resté en Bretagne, sinon je l'aurais utilisé pour citer l'incroyable liste de tous les journaux qui paraissaient et offrait un espace de publication aux jeunes auteurs, dans les années 50 et 60.
Ce livre traite de l'histoire du journal de Tintin, en 2 volumes, et pour chaque année, il cite les journaux concurrents.
Non, franchement, c'est faux de dire qu'il n'y avait pas des dizaines de journaux dans les années 50 à 70.
-la concurrence des jeux vidéos et des films d'animation :
c'est vrai, les films d'animation et les jeux vidéos attirent aujourd'hui bon nombre de dessinateurs et de scénaristes, parce que les salaires sont sans commune mesure, si j'ai bien compris, avec ceux de la BD.
Mais est-ce qu'un bon dessinateur de jeux vidéos, ou de de dessins animés, est forcément un bon dessinateur de BD ?
Ce ne sont pas les mêmes médias, ils ne font pas appels aux mêmes techniques. Un peu comme les auteurs de romans ou de films, qui ne produisent quasi jamais une BD de qualité.
Certains dessinateurs ou scénaristes de jeux vidéos proposent des BD ; combien resteront dans les annales du 9è art ?
Pas juste parce qu'elles auront eu un petit succès pendant quelques années, mais du niveau d'un Tintin, d'un Astérix, d'un Spirou ou d'un Blake et Mortimer ?
Guarnido, le dessinateur de "Blacksad", vient de l'animation, je crois ; cyril Pédrosa ("ring circus") aussi. Survivront-ils aux affres du temps, pour devenir les dignes descendants des Hergé, Uderzo, Franquin ou Jacobs ?
Ont-ils créés l'oeuvre qui leur survivra et servira de modèle à d'autres auteurs de BD ?
Je pense qu'il y a moins de grands auteurs, parce qu'il y a aussi moins de grandes séries.
Aujourd'hui, les auteurs (quand ils ne sont pas "poussés" par les éditeurs) privilégient les histoires courtes, en 1 à 3 volumes.
Ce genre de production n'imprime pas dans notre cerveau de lecteur comme les séries d'autrefois, avec ses héros récurrents.
Parce qu'une BD se lit en 20 mn, le plus souvent. Une histoire, même sur 100 pages, ne marquera pas comme une série de 30 tomes, publiés au rythme de 2 pages par semaine, pendant 30 ou 40 ans.
Une BD, ce n'est pas un roman, ça se lit beaucoup plus rapidement.
Alors, même le meilleur roman graphique, on l'oublie, parce que la production est pléthorique, et les personnages ne reviendront pas.
D'ou, peut-être aussi, ce sentiment qu'il n'y a plus de grands auteurs, parce que la surproduction et des histoires trop courtes empêchent qu'ils fassent preuve de leur talent.